THE AXIS OF PERDITION - Tenements (Of The Anointed Flesh) (Code666/Season of Mist) - 24/06/2011 @ 08h13
Quand un groupe n’a rien de mieux à faire, ou cherche à donner un nouveau sens à sa carrière, il dit souvent : « on va revenir aux sources ». Bon dans la majorité des cas, cela cache une excuse pour livrer un skeud sans inspiration ou une pseudo-réorientation du style qui fera à coup sûr hurler les fans « de la première heure ». Pour leur 4ème album, les Anglais de THE AXIS OF PERDITION ont donc déclaré faire un « retour aux sources ». Après l’expérimentation ambiente très discutable de Urfe, on se disait bien que le groupe ferait mieux de se retourner vers son Black indus teinté de dark-ambient pratiqué sur l’EP Physical Illucinations In The Sewer Of Xuchilbara et surtout sur l’album Deleted Scenes From The Transition Hospital où le groupe avait été catalogué comme faisant du « Cinematic Metal ». Mais lorsqu’on apprend que ce « retour aux sources » délivrera un album en fait composé en 2005, on peut penser que cela cache un come-back vers le style complètement halluciné du furieux The Ichneumon Method, sorte de ANAAL NATHRAKH en moins frappadingue mais en plus industriel et horrifique, et alors là je dis oui ! Mais finalement, plouf.
Tenements n’est donc pas vraiment un album « retour aux sources » (quoique je ne connais pas la démo Corridors mais il me semble qu’elle comporte des morceaux réutilisés sur The Ichneumon Method), mais plutôt un disque s’inscrivant dans la continuité de son évolution musicale partant vers un Black décharné, tout en évacuant du paysage les différentes particularités qui ont fait tout le charme (si je puis dire) du groupe. Exit donc : les vocaux hallucinés (dommage), les ambiances cinématiques bien sombres (dommage aussi, mais du coup la parenthèse Urfe semble bien refermée), et les parties Black bien chaotiques et violentes. THE AXIS OF PERDITION prend donc à fond le chemin menant vers un Post-Black dissonant très « français », c’est-à-dire dans l’esprit des DEATHSPELL OMEGA, BLUT AUS NORD et REVERENCE. Néanmoins, pas d’excès de riffs qui pètent de partout comme dans les derniers DSO, pas de déluge de guitares couineuses comme chez BAN non plus. Tenements reste dans la lignée des parties dissonantes de Deleted Scenes, des morceaux metal de Urfe et du projet parallèle (avorté ?) de Brooke Johnson et Michael Blenkarn, PHALEG. THE AXIS OF PERDITION rentre donc dans le rang en pratiquant un style plutôt balisé (même si très aventureux à la base), mais heureusement le groupe a gagné en efficacité ce qu’il a perdu en originalité.
Et après l’intro "The Sleeper" (qui comporte d’ailleurs un bout des « dialogues » de Urfe, pour bien marquer la transition), c’est l’apocalypse : tempo très rapide, guitares dissonantes bien incisives, BAR qui envoie (sans mitrailler pour autant), chant de dingue bien amené (ici très proche des vocaux de Kvohst, les accès plus « théâtraux » y compris). Les 4 premiers morceaux hors intro (de "Unveiled" à "The Flesh Spiral") sont à prendre comme un bloc, et le fait qu’il n’y ait pas de coupure entre les pistes renforce ce sentiment. Et quel bloc ! Le groupe va droit au but et c’est l’efficacité qui est ici de mise, même si on ressent une impression de linéarité. L’ambiance étouffante et dissonante est particulièrement prenante, et les compos sont excellentes, du parfaitement ficelé "Unveiled" aux breaks mélodiques géniaux de "Sigils and Portents". La suite du disque applique la même recette même si le groupe semble en faire un peu trop avec ses joujoux dissonants, "The Changer" se traînant un peu en longueur (l’ensemble de l’album dépasse les 60 minutes avec des morceaux en faisant de 5 à 10) et "Disintegration" n’apporte rien de plus (hormis la fin trafiquée assez bizarroïde), même si la qualité du Post-Black pratiqué par le groupe est toujours au rendez-vous. La pièce la plus intéressante de Tenements se nomme "Ordained", son atmosphère plus éthérée et lumineuse (faisant plus penser au Memoria Vetusta II de BLUT AUS NORD alors que le reste du disque pioche plutôt dans le style « décharné » de la disco de Vindsval), ses trémolos cristallins, ses mélodies apocalyptiques et son chant clair parfaitement maîtrisé prennent aux tripes pendant 7 minutes et terminent Tenements en apothéose (ainsi que l’outro "Awakening"), comme une montée au ciel après s’être extirpé du magma bouillant du reste de l’album.
Tenements n’est pas exempt de défauts, la perte d’originalité du projet en faisant partie (j’étais très friand des vocaux sombres et profonds des précédents opus), ainsi que le retour aux sources en partie faux, mais également le son : contribuant certes à l’ambiance suffocante du disque, il est plutôt faiblard et je me demande même s’il n’y a pas eu un souci de mastering tant il faut monter le volume pour tout bien entendre. Mais tout ceci n’est pas très grave, surtout que les habitués des prods Post-Black parfois bien chaotiques n’auront pas vraiment de problèmes d’adaptation. A défaut de creuser encore plus son « Cinematic Metal » (de toute manière, Deleted Scenes était déjà presque l’aboutissement de leur propre style mais Urfe avait un peu gâché les efforts du groupe), THE AXIS OF PERDITION nous livre un excellent album de « BLUT AUS REVERENCE OMEGA »-Black Metal, sans casquette si ce n’est celle du réalisateur de films d’épouvante. Les compos sont efficaces et les dissonances font leur effet même si le disque n’est pas très varié, et les fans du style devront apprécier à coup sûr, et en profiter pour découvrir les précédents opus du combo anglais si ce n’est déjà fait.
Bizarre la kro - on a l'impression qu'elle est majoritairement négative alors que la fin est plus rassurante :/
en tout cas Cinematic Anaal Blut Omega doit me plaire comme style !
Arnahud Membre enregistré
Posté le: 24/06/2011 à 09h33 - (95054)
Pas assez de recul sur cet album mais c'est déjà plus bandant que Urfe. Et en effet "Blut Aus Reverence Omega" pas mieux comme description!
Arnahud Membre enregistré
Posté le: 24/06/2011 à 09h33 - (95055)
Pas assez de recul sur cet album mais c'est déjà plus bandant que Urfe. Et en effet "Blut Aus Reverence Omega" pas mieux comme description!
AnusFraicheur Membre enregistré
Posté le: 24/06/2011 à 10h50 - (95057)
Ah! je ne suis donc pas fou pour le volume relativement faible du disque!! Je regrette la folie et les ambiances des précédents, mais cela reste tout de même un bon disque dans le genre.
Bernard Membre enregistré
Posté le: 24/06/2011 à 12h09 - (95060)
Celui-là je le trouve aussi assez proche du dernier ABORYM, que j'adore, donc...
nok! IP:62.39.11.146 Invité
Posté le: 24/06/2011 à 12h10 - (95062)
Decouvert il y a peu, jsuis parti ecouter à droite à gauche et j'ai trouvé du trés bon et du bien moisi !
Mais ça se trouve c'était de Urfe, donc ya moyen que celui ci le fasse :)
Immemorial Membre enregistré
Posté le: 24/06/2011 à 13h45 - (95066)
C'est clair qu'il fait penser à du aborym...
Je trouve ca vraiment pas mal du tout, un album bien malsain...
gulo IP:62.201.142.21 Invité
Posté le: 24/06/2011 à 15h34 - (95070)
seconde déception
Mighty-Forest Membre enregistré
Posté le: 25/06/2011 à 01h34 - (95087)
Je me sens vraiment seul à aimer Urfe :/
Sans dec, avec les textes sous les yeux, ce double album est un véritable bad trip bien cradingue !
J'ai du l'écouter une bonne trentaine de fois, je ne m'en lasse pas...
Pour ce qui est de Tenements, il faut du temps pour l'apprivoiser, mais c'est un sacré album, très intense et bien "rouillé" comme il faut.
Un The Ichneumon Method en plus mature.
Très bon !
Je regrette juste la quasi absence de passage narrés à la Urfe, qu'on retrouvait déjà sur le premier album du groupe.
Mighty-Forest Membre enregistré
Posté le: 25/06/2011 à 01h35 - (95088)
Ha oui, par contre, c'est moi où l'impression du livret est foirée ??
Le rendu est super sombre, on ne voit rien du tout même sur la pochette de l'album, et les lyrics sont tout simplement illisibles...
ZeSnake Membre enregistré
Posté le: 25/06/2011 à 15h37 - (95100)
oui effectivement le livret est illisible... même la pochette on ne voit pas grand chose!
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Tenements n’est donc pas vraiment un album « retour aux sources » (quoique je ne connais pas la démo Corridors mais il me semble qu’elle comporte des morceaux réutilisés sur The Ichneumon Method), mais plutôt un disque s’inscrivant dans la continuité de son évolution musicale partant vers un Black décharné, tout en évacuant du paysage les différentes particularités qui ont fait tout le charme (si je puis dire) du groupe. Exit donc : les vocaux hallucinés (dommage), les ambiances cinématiques bien sombres (dommage aussi, mais du coup la parenthèse Urfe semble bien refermée), et les parties Black bien chaotiques et violentes. THE AXIS OF PERDITION prend donc à fond le chemin menant vers un Post-Black dissonant très « français », c’est-à-dire dans l’esprit des DEATHSPELL OMEGA, BLUT AUS NORD et REVERENCE. Néanmoins, pas d’excès de riffs qui pètent de partout comme dans les derniers DSO, pas de déluge de guitares couineuses comme chez BAN non plus. Tenements reste dans la lignée des parties dissonantes de Deleted Scenes, des morceaux metal de Urfe et du projet parallèle (avorté ?) de Brooke Johnson et Michael Blenkarn, PHALEG. THE AXIS OF PERDITION rentre donc dans le rang en pratiquant un style plutôt balisé (même si très aventureux à la base), mais heureusement le groupe a gagné en efficacité ce qu’il a perdu en originalité.
Et après l’intro "The Sleeper" (qui comporte d’ailleurs un bout des « dialogues » de Urfe, pour bien marquer la transition), c’est l’apocalypse : tempo très rapide, guitares dissonantes bien incisives, BAR qui envoie (sans mitrailler pour autant), chant de dingue bien amené (ici très proche des vocaux de Kvohst, les accès plus « théâtraux » y compris). Les 4 premiers morceaux hors intro (de "Unveiled" à "The Flesh Spiral") sont à prendre comme un bloc, et le fait qu’il n’y ait pas de coupure entre les pistes renforce ce sentiment. Et quel bloc ! Le groupe va droit au but et c’est l’efficacité qui est ici de mise, même si on ressent une impression de linéarité. L’ambiance étouffante et dissonante est particulièrement prenante, et les compos sont excellentes, du parfaitement ficelé "Unveiled" aux breaks mélodiques géniaux de "Sigils and Portents". La suite du disque applique la même recette même si le groupe semble en faire un peu trop avec ses joujoux dissonants, "The Changer" se traînant un peu en longueur (l’ensemble de l’album dépasse les 60 minutes avec des morceaux en faisant de 5 à 10) et "Disintegration" n’apporte rien de plus (hormis la fin trafiquée assez bizarroïde), même si la qualité du Post-Black pratiqué par le groupe est toujours au rendez-vous. La pièce la plus intéressante de Tenements se nomme "Ordained", son atmosphère plus éthérée et lumineuse (faisant plus penser au Memoria Vetusta II de BLUT AUS NORD alors que le reste du disque pioche plutôt dans le style « décharné » de la disco de Vindsval), ses trémolos cristallins, ses mélodies apocalyptiques et son chant clair parfaitement maîtrisé prennent aux tripes pendant 7 minutes et terminent Tenements en apothéose (ainsi que l’outro "Awakening"), comme une montée au ciel après s’être extirpé du magma bouillant du reste de l’album.
Tenements n’est pas exempt de défauts, la perte d’originalité du projet en faisant partie (j’étais très friand des vocaux sombres et profonds des précédents opus), ainsi que le retour aux sources en partie faux, mais également le son : contribuant certes à l’ambiance suffocante du disque, il est plutôt faiblard et je me demande même s’il n’y a pas eu un souci de mastering tant il faut monter le volume pour tout bien entendre. Mais tout ceci n’est pas très grave, surtout que les habitués des prods Post-Black parfois bien chaotiques n’auront pas vraiment de problèmes d’adaptation. A défaut de creuser encore plus son « Cinematic Metal » (de toute manière, Deleted Scenes était déjà presque l’aboutissement de leur propre style mais Urfe avait un peu gâché les efforts du groupe), THE AXIS OF PERDITION nous livre un excellent album de « BLUT AUS REVERENCE OMEGA »-Black Metal, sans casquette si ce n’est celle du réalisateur de films d’épouvante. Les compos sont efficaces et les dissonances font leur effet même si le disque n’est pas très varié, et les fans du style devront apprécier à coup sûr, et en profiter pour découvrir les précédents opus du combo anglais si ce n’est déjà fait.
Rédigé par : ZeSnake | 15.5/20 | Nb de lectures : 13406