Voilà déjà deux ans que THE AXIS OF PERDITION explosait à la face du monde avec "The ichneumon method", un premier album remarqué (enfin au moins par moi) par son audace et sa créativité. Au fil des années, le duo est devenu quatuor, un bassiste mais également un batteur/percussionniste pour les concerts ont rejoint le groupe. Le groupe était resté relativement silencieux, un split EP avec BLUT AUS NORD avait un moment été annoncé mais je ne pense pas qu'il soit jamais sorti. Seul un MCD en édition limité sorti en 2004 n'avait donc sorti le groupe de son hibernation, donc bien peu de chose. "Physical Illucinations In The Sewer Of Xuchilbara", ce EP, s'était déjà totalement éloigné du black metal, préférant aller explorer des sphères industrielles et bruitistes. La démarche de "Deleted Scenes From The Transition Hospital" poursuit dans cette voie et est très différente de celle de son prédécesseur. Là où "The Ichneumon Method" s'appuyait sur une musique brutale au service de laquelle se mettaient quelques éléments industriels et atmosphériques afin de créer un tout chaotique, "Deleted scenes..." met en avant ces éléments qui en deviennent la base du travail créatif du groupe.
Ne disposant pas des paroles, je ne saurais vous développer le concept qui se cache derrière cet album mais on peut penser que le quatuor, nous emmène une fois de plus à la rencontre d'un futur des plus sombres, vision post-apocalyptique à mille lieues des thèmes abordés traditionnellement dans le black metal. Mille lieues ? C'est à peu prés ce qui sépare maintenant THE AXIS OF PERDITION. Si le précédent opus du groupe, pouvait encore le rapprocher du necro black d'un ANAAL NATHRAKH, ce "Deleted scenes..."voit le groupe s'éloigner définitivement de toute influence pour s'engouffrer dans une voie des plus personnelles. Les Anglais ont compris qu'il n'était pas obligatoire d'être rapide et chaotique pour créer une ambiance malsaine, ils ont donc ralenti les tempos, simplifiées les parties de guitares, préférant jouer sur les sons et les dissonances. "Deleted scenes I", titre qui ouvre l'album, est le parfait exemple de la version 2005 de THE AXIS OF PERDITION, tempos majoritairement lents, chant (que je trouve d'ailleurs tout simplement excellent sur tout l'album) oscillant entre le black et un chant déclamatoire plus proche de ce qui se fait dans le doom, parties de guitares dépouillées, laissant la place aux ambiances industrielles et synthétiques. Les expérimentations du groupe ne se limitent pas à l'indus et au noise, le groupe n'hésite pas à s'aventurer dans le jazz, lors d'un (trop) court passage sur "Pendulum prey (second incarceration)" ou piano et guitare jazzy viennent surprendre l'auditeur.
"This, then, is paradise" est sans doute le titre le plus metal de l'album, celui que l'on pourrait le plus rapprocher du style du groupe à ses débuts, alors que "The elevator beneath the valve" est un pur titre d'ambiant industriel qui nous éloigne vraiment du métal. Ces deux titres cohabitent cependant parfaitement. L'album forme un tout très cohérent, sans doute pas des plus faciles à appréhender et à digérer mais comme nombre de bons albums, "Deleted scenes..." se mérite, il ne se livrera qu'à ceux qui prendront vraiment le temps de l'écouter et qui ne seront pas rebuter par sa froideur.
Pour ma part j'adhère totalement au groupe, à sa musique et à son concept. Rares sont les groupes de nos jours à encore se permettre de faire ce qu'ils veulent sans se soucier de savoir si ça se vendra ou si les gens aimeront. THE AXIS OF PERDITION fait partie de ceux là et rien que pour ça ils ont gagné tout mon respect. "Deleted Scenes From The Transition Hospital" est selon la bio un album de "Cinematic industrial black metal", en cela il s'adresse plus aux amateurs de musiques ambiantes voire de musiques de film, plutôt qu'aux amateurs de black metal même si les plus éclairés de ces derniers sauront sans doute reconnaître le génie de ce groupe.


Rédigé par : Sheb | 17.5/20 | Nb de lectures : 13626