Ne vous y trompez pas, l’album qui fait l’objet de cette chronique n’est pas le nouvel album de la formation australienne mais bien son premier opus chroniqué à sa sortie par Tonton (pour lire la bafouille, cliquez ici), ici dans sa nouvelle version toute de noir vêtue agrémentée de quelques titres audio (le MCD « Mitclan ») et d’un DVD bonus qui se révèlera finalement être bien plus que cela… Nous y reviendrons.

Concernant l’album proprement dit, je me montrerai légèrement moins enthousiaste que Tonton, même si dans les grandes lignes je partage son avis concernant l’aspect avant-gardiste de la musique et la volonté du groupe de s’affranchir des barrières inhérentes aux différents styles abordés (black et death principalement). Disons pour résumer que THE AMANTA est avant tout un groupe de métal extrême utilisant tous les moyens mis à sa disposition pour créer et véhiculer sa musique. La production d’« Occasus », réalisée par Lachlan Mitchell (NAZXUL), met ainsi parfaitement en valeur toutes les nuances de l’album, plongeant dans les infra basses quand on aborde les territoires électro, épaississant le son des guitares rythmiques au point d’en faire pâlir de jalousie DYING FETUS et propulsant les morceaux les plus violents à Mach3 au moyen d’une batterie électronique diabolique.

Cependant, les qualités de cette production en sont aussi les défauts puisqu’une fois de plus on se retrouve avec un disque au son énorme, jouissif d’un point de vue de mélomane mais également passe-partout pour qui recherche avant tout une forte identité dans un album. DIMMU BORGIR par exemple a un chanteur à la voix immédiatement identifiable et des plans sympho caractéristiques qui prennent le pas sur le son stéréotypé et lui permettent de conserver une identité forte, ce qui n’est pas le cas de THE AMENTA. Mis à part ce bémol, il faut avouer que le groupe sait beuter quand il le faut, taper dans le gros lourd à bon escient et qu’il a balancé un sacré bon disque.

Attardons nous maintenant sur les bonus qui sont proposés avec cette nouvelle série : on trouve l’intégralité du MCD de 2002 qui donne l’occasion d’entendre les versions pré « Occasus » de « Mictlan » et « Ennea » . Rien d’exceptionnel ni de dispensable, quatre titres additionnels sympathiques. Reste à faire la balance entre le coût de la « black edition » et celui de l’originale. Mais le principal intérêt de l’objet est son DVD, qui contient outre le clip d’« Erebus », trop bourré de clichés pour ne pas être risible, quatre séquences vidéo qui ne risquent pas, elles, de déclencher l'hilarité! Une espèce de court métrage nihiliste, « Soundtrack To A Hidden Earth », montre pendant plus d’un quart d’heure des images déformées totalement indiscernables sur fond de dissonances symphonico/indus… cauchemardesque et glauque. Les trois autres séquences (extraits visibles sur le site officiel) sont du même accabit, privilégiant les sons distordus et les atmosphères étouffantes dark/indus : « Virus » enchaîne les séquences épileptiques aux tons bleutés sous forte luminosité, « Parasite » reste figé sur une image de télévision neigeuse, toujours dans des tons bleutés, dans laquelle on voit de temps à autres apparaître des images quasi subliminales d’une scène religieuse ou d’un terroriste cagoulé pointant une arme à feu dans notre direction. « Collapse » est certainement le plus dérangeant des clips avec son effet stroboscopique et son défilement de plans quasi fixes en noir et blanc, lumière blanche, sur lesquels on discerne parfois un spectre (cagoulé encore une fois) des plus inquiétants.

Si on n’adhère pas totalement à la partie purement musicale d’« Occasus », il y a fort à parier que tous les amateurs de vidéos aux ambiances glauques et de sonorités indus trouveront leur compte avec cette réédition. On pourrait même aller plus loin en se demandant si l’avenir du groupe ne passerait pas plus par l’alliance de l’image et du son que sur une carrière plus conventionnelle au cours de laquelle les clichés, notamment vestimentaires, qu’ils véhiculent, pourraient leur porter préjudice (n'est pas BEHEMOTH qui veut). Pour reprendre les mots de Tonton, "THE AMENTA se complaît dans des ambiances pesantes, sombres et moites ; de celles qui rendent la déglutition difficile, la respiration pénible..." voilà ce que j'ai ressenti en regardant les vidéos alors que le CD m'avait laissé plutôt froid de ce point de vue. Au final, cette réédition s'avère donc des plus intéressantes en apportant un réel plus par rapport à la première version.




Rédigé par : Dungorpat | Réédition/ | Nb de lectures : 11434