Lorsqu’on est chroniqueur, on se doit normalement de conserver une impartialité et une honnêteté intellectuelle toute journalistique. Mais là, pour le coup, j’ai envie de dire « Fuck That !» Je vais l’avouer d’entrée de jeu : Oui, j’aime THE ACACIA STRAIN, groupe que j’avais découvert avec le bourrinos « The Dead Walk » et que, depuis, je suis avec grand intérêt. Mais me demandez pas pourquoi je ne le sais pas vraiment. Peut-être parce que leur musique est surbourrine et br00tal de sa mère, que les mecs ont l’air d’être tout sauf de mauvais bougres, parce que leurs clips et leurs t-shirts sont rigolos et puis surtout parce que leur feud contre les teubés d’Emmure m’a bien fait marrer. Maintenant, même si j’adore toujours me repasser leur précédent méfait « Continent », TAS n’est pas, et ne sera sans doute jamais, le meilleur groupe du monde mais ils se placent facilement dans le haut du panier de crabes qu’est la scène « deathcore » (avec de gros guillemets). Et c’est déjà pas mal. Voilà donc que notre bien aimé Greg m’annonce qu’il va m’envoyer la nouvelle livrée des Ricains. Merde j’étais plus joie qu’un étudiant rennais le jour de l’arrivée du Beaujolais Nouveau. Que reste-t-il donc de cette joie après écoute intensive de la bête ?

Eh bien j’aime toujours autant THE ACACIA STRAIN qui n’est toujours pas le meilleur groupe du monde mais renforce sa position en tête du peloton deathcore et assimilés. Depuis leurs débuts, ils se bonifient d’album en album et rendent leur son plus personnel jusqu’à se créer une identité forte avec « Continent », ce qui n’est pas une mince affaire dans le genre. « Wormwood » suit la lignée de « Continent » et enfonce encore le clou de la lourdeur et du riff neckbreaker. C’est simple, TAS me rappelle ces mecs qui éclatent des parpaings avec leur tête sauf qu’ici, au lieu de parpaings, ils emploient des guitares huit cordes accordées plus bas que terre. « Beast » ouvre les hostilités d’auguste manière avec un son d’une lourdeur toujours plus éreintante, des riffs chugga chuggas ralentis à l’extrême et des breakdowns à te péter tibia, péroné et fémur. En prime, on a l’ami Jamey Jasta qui apporte sa petite contribution au morceau. Bien ouèj !

Ce qui frappe d’entrée c’est le soin apporté à la prod et à la guitare en particulier. Là c’est même plus un mur de grattes, c’est carrément la ligne Maginot. Du travail de pro signé Zeuss. L’album continue sa route à du 2 à l’heure, sans accélérations, ça leur niquerait la moyenne et en faisant bien attention de ne rien laisser derrière lui. C’est lent, brutal, heavy à s’en arracher la tête et toujours aussi négatif. Ce groupe n’aime rien, ni personne et se plaît à le faire savoir au travers des lyrics toujours aussi nihilistes et blindés d’humour noir torchés par Bennet.

Si on reste sur les mêmes traces que « Continent » on remarque une influence Meshuggah élevé au beatdown allemand. Cette influence suédoise se ressent surtout sur le groove détraqué des titres « Impaler » et « Unabomber ». THE ACACIA STRAIN poursuit son entreprise de démolition frontale de parpaings à coups de riffs plus sludgy, voire limite doom que par le passé. Misant tout sur la lourdeur de la frappe, on peut regretter un manque de variations, de technique et la disparition de ces petites grattouilles presque mélodiques qu’on retrouvait avec parcimonie sur les précédents travaux du combo. Ce qu’on paume en variété, on le gagne en homogénéité et en violence. Le groupe a toujours fait mal aux cervicales mais cette fois, il pousse le bouchon encore plus loin et essaie carrément de décapiter l’auditeur à distance. Vincent Bennet, hurleur de son Etat, n’a qu’une seule envie, sortir de tes enceintes façon Sadako Yamamura et venir te growler à la gueule en te répétant à l’envie que non il ne t’aime pas et que oui, il va te latter la tronche. Le tout sans salir son beau t-shirt ni abîmer ses lunettes. Certains trouveront cette violence totalement artificielle et cette musique parfaitement redondante et ennuyeuse. C’est tout à fait leur droit, mais Vincent ne sera pas content…

Parmi les titres marquant on retiendra « Ramirez » avec son intro ravageuse et son passage spoken words, « Jonestown » avec son refrain killer « Wasting your days, waiting to die. I wouldn’t mind if you never woke up again. Goodbye my friend ! » et « Nightman » grâce à la vibe hardcore amenée par Bruce, brailleur de 100 Demons, qui donne de furieuses envies de traverser le pit en faisant la roue. On retiendra aussi le titre final « Tactical Nuke » et son outro sans fin qui finirait par rendre fou n’importe qui.

Une nouvelle livraison de qualité pour un groupe qui ne l’est pas moins. THE ACACIA STRAIN se contente de faire ce qu’il sait faire, tabasser et balancer des riffs pachydermiques shootés à la testostérone en envoyant chier tout le monde autour. C’est bien mais on ne peut s’empêcher de trouver un goût de trop peu là-dedans. On sent qu’il y a moyen de faire mieux et que le groupe n’a pas encore trouver son album référence même si « Wormwood » est celui qui s’en rapproche le plus. Ce nouvel opus ne fera changer d’avis personne sur le groupe. Ceux qui aimaient avant aimeront un peu plus et ceux qui n’aimaient pas le « hardcorde© » pratiqué par les Ricains détesteront un peu plus aussi. Ça bastonne, ça bourrine, ça donne envie de violenter les grand-mères dans le bus. Bien que tout comme le mec qui casse des parpaings enflammés avec sa tête, ça a beau être impressionnant de brutalité on ne peut pas s’empêcher de se demander « Putain mais à quoi bon ? »


Rédigé par : Seb On Fire | 14.5/20 | Nb de lectures : 14996