Les rayons de nos disquaires vont continuer de se parer de belles gerbes (fleuries) avec cette troisième composition florale des Ricains de THE ACACIA STRAIN. Deux ans après « 3750 » les affreux de Springfield, Illinois nous déversent une nouvelle pelleté de plomb délicatement illustrée par une vision très personnelle de nature morte. C’est vrai qu’un porcelet farci de fleurs laisse planer des doutes sur les compétences culinaires de ces concitoyens des Simpsons mais fort heureusement le groupe se démerde beaucoup mieux sur le plan musical.

Jusqu’alors, la grande particularité de THE ACACIA STRAIN était d’avoir dans ses rangs pas moins de trois guitaristes ; une singularité que les médias légitimaient en parlant de véritables murs de riffs et il est vrai que devant le ronflement massif des guitares, nous avions tous eu tendance à nous ranger à leur avis. Pourtant c’est sous la forme d’un quintet que le groupe nous revient pour ce nouvel album. Que les amateurs de maçonnerie métallique se rassurent, le mur n’a pas bougé de place. L’absence du troisième gratteux, qui a visiblement perdu lors d’une partie d’am-stram-gram endiablé, ne se fait absolument pas ressentir sur les onze titres de « The Dead Walk ».

Pour ce nouveau disque, THE ACACIA STRAIN a visiblement décidé de faire progresser son style sans totalement en changer la formule. Le quintet a conservé ses guitares accordées en a# à la KORN d’où des rythmiques chaloupées de mammouths du meilleur effet ; en même temps, s’il leur prenait l’envie de jouer vite avec un accordage pareil, les riffs seraient vite relégués à une bouillie inintelligible. Même si des influences néo et hardcore restent présentes dans la musique de THE ACACIA STRAIN le groupe ne tombe à aucun moment dans la facilité de ses congénères métalcoreux et de leurs jolies guitares mélodiques à la AT THE GATES ou encore des voix claires de leurs refrains plus sirupeuses qu’un soap brésilien, uniquement destinés à ratisser des palanquées d’adolescentes boutonneuses en rut qui s’extasieront d’avantage sur les renflements de braguettes que sur la musique ; mais je m’égare.

Du côté du chant on retrouve les braillements très gutturaux et un poil monocorde d’un Vincent Bennett qui a progressé dans sa façon de placer sa voix. Faut dire que les variations de ce nouvel opus ne lui facilitent pas la tâche vu que THE ACACIA STRAIN ne rechigne pas à ponctuer significativement sa musique de dissonances, de décalages rythmiques voire même de contre-temps. L’espèce de brassage entre des guitares à la KORN, l’algèbre à la MESHUGGAH additionnée d’un bon gros groove coreux façon KILLSWITCH ENGAGE fonctionne plutôt bien. Pourtant, « The Dead Walk » souffre de quelques travers assez gênants.

A vouloir nous en foutre plein la tronche et plein les oreilles avec un son monstrueux (produit par Adam Dutkiewicz de KSE et masterisé par Alan Douches) et des titres bien chiadés, THE ACACIA STRAIN en a tout simplement oublié de composer de « bons » titres. Le désir très louable d’étoffer leur musique par des dissonances et autres cabrioles rythmiques rend certains passages confus pour ne pas dire indigestes. Si les premières approches de « The Dead Walk » sont intéressantes, cette source d’intérêt se tarit progressivement au fil des écoutes successives pour ne laisser qu’un sentiment de « peut mieux faire » persistant.

Avec « The Dead Walk » THE ACACIA STRAIN réussit son pari de nous en mettre plein les oreilles. Mais il va sans dire qu’avec des titres pas seulement efficaces et fouillés, nos larrons de Springfield auraient sorti un disque d’une tout autre trempe.


Rédigé par : Tonton | 13/20 | Nb de lectures : 13118