Il y a des groupes qui me déséspèrent profondément. "Wasting the dawn" et "Blessed be" avaient été de véritables révélations pour moi à leur sortie. Je pensais naïvement que le goth-rock avait trouvé un nouveau souffle avec la consécration de ces finlandais et le charisme de leur leader Jyrki. Malheureusement, en 2002 est arrivé l'album "Paris Kills" que VsGreg s'était fait un plaisir d'assassiner dans nos colonnes. Si cet album n'était peut-être pas si mauvais que ça et comportait encore quelques titres sympas "Betty blue", "Crashing high"), on sentait clairement que les 69 Eyes avaient envie de se mettre des sousous dans la popoche en adoucissant considérablement leur musique et leur son. C'était déjà un peu le cas sur "Blessed be" mais la qualité énorme des compos de ce dernier plaidait encore en leur faveur.
La pochette de ce nouvel album annonce la couleur : c'est Jyrki le chef et, si l'individu était déjà réputé pour sa grosse tête, on remarque que le melon a considérablement pris du volume. Si seulement son talent de composition avait suivi cette voie ascendante...
Une chose sonne agréablement dès la première écoute : ce disque est manifestement plus rock que le précédent. On reconnaît rapidement les influences du groupe : The Cult, The Mission, les Sisters of Mercy et même un peu de blues-rock. La production est, à l'image de l'orientation musicale du groupe, très aseptisée, bien trop pour le style pratiqué. Juste pour prendre un exemple, un morceau comme "Nothing on you" aurait tout gagné à sonner de manière plus "roots" et, en règle générale, les grattes et la batterie sont largement sous-mixées. Heureusement que le groupe a dans l'ensemble fait l'effort de réduire les atroces parties de clavier qui pourrissaient littéralement l'album précédent. Pourtant, certains morceaux sont gnan-gnan au possible ("Jimmy" et ses cordes larmoyantes, "Beneath the blue" et son refrain certainement composé par un enfant de 8 ans, le stéréotypé "Feel berlin") alors que d'autres sont relativement corrects et font même taper du pied si l'on passe le cap du son polissé MTV ("Devils", "Nothing on you", le plus noir "August moon", "Sister of charity", "Lost boys"). Tout le reste est d'un anonymat assez flagrant et d'aucuns feront remarquer que les vocaux de Jyrki sont devenus une véritable caricature de goth-rocK. Les gothopouffs de 15 ans y trouveront sûrement leur compte...


Rédigé par : Loufi | 10/20 | Nb de lectures : 11037