«If music is dying, musicians are killing it». Cette sentence sans appel est signée Mike Patton et peut s’appliquer à un million de groupes. En l’occurrence aujourd’hui à THESE HEARTS, nouvelle nouvelle sensation emocrabcore-mescouilles en provenance de la maison des horreurs musicales qu’est devenue Victory Records. Merde, je me revois encore dix ans en arrière arborant fièrement mon t-shirt Victory orné du Bulldogue agressif. Aujourd’hui rien qu’à voir leur logo j’ai envie de rendre mon p’tit déj. Bref, on ne va pas tirer sur l’ambulance mais la situation du label fait figure de plaidoyer pour l’euthanasie tant il est évident que le chien souffre. C’est Raybeez qui doit se retourner dans sa tombe…

Bon, ceci étant dit, passons à la musique. Enfin si je puis dire… parce qu'avec THESE HEARTS ça va être vite réglé. Vous vous souvenez des Hanson ? Mais si les p’tits consanguins qui chantaient « Mmmbopp » quand on était au collège ? Non pas Kriss Kross, les Hanson étaient trois et avaient des tronches de bons petits WASP ? Voilàààà c’est eux. Ben THESE HEARTS c’est ça. Les Hansons de 2011 qui seraient par hasard tombés sur un album de Emmure et auraient trouvé ça cool. Du coup ils se sont dit que ce serait sympa de monter un groupe, de faire un album et de le fourguer à Victory qui se chargera de le vendre à de petits Américains rondouillards. Vous savez le pire ? C’est que ça marche. Je veux dire, des gens achètent vraiment ça. Et écoutent ça. Si c’est pas un signe que la fin des temps est proche alors je ne sais pas ce que c’est. THESE HEARTS tape dans un mèche-crab-émocore gentillet, le genre de musique qu’écouterait Zack Morris dans une éventuelle nouvelle version de « Sauvés Par Le Gong ». Une musique taillée pour le marché des jeunes ados ricains. Un truc sans intérêt donc. Basé sur le classique schéma riffs pop rock/voix claire enchaîné à des cris d’oursons et de la grosse distros metalcore pour montrer que malgré les slims et l’acné naissante, on en a dans le calcif. Inutile de dire que ça ne fait pas illusion deux secondes.

Pourquoi ? Parce que si les petites ritournelles rock sont sympatoches, le voix est, elle, horriblement horripilante. Plus proche du chat ébouillanté que du chanteur rock. Faut l’entendre partir dans les aigus sur « Quitting While You’re Behind », on est pas loin de la fraise du dentiste. La voix « hardcore » n’est pas plus vaillante. Aucun coffre, aucune profondeur, plus proche du gamin qui pique un caprice que du tough guy de Boston. Un bonne paire de claques suffira à le calmer. L’album s’ouvre sur « Apology Rejected », premier single et premier clip vidéo. C’est le meilleur titre de l’album. Enfin le moins mauvais. Sans ses breakdowns en bois, ça aurait pu faire une pop song sympa pour l’été. Le refrain est un peu accrocheur et la gratte est pas trop mal. Le tout emballé dans une un prod impeccable, là-dessus rien à dire. Quand je pense que ces péquenauds sont produits par Alan Douches… On notera une tentative de chœur de chatons tout juste nés sur « Romans 15 » ou une ballade mièvre à souhait « Thinking In Terms Of Two » abordant la vicissitude de la vie à deux comme la situation ontologiquement inextricable induite par le choix du film ou du menu McDo. « Que tu puisses préférer Robert Pattinson à Josh Hartnett passe encore mais que tu prennes un Filet-O Fish plutôt qu’un Big Mac, ça je ne peux l’accepter. Mais je t’aime alors je m’en accommoderai ». Douce jeunesse.

Musicalement c’est tellement médiocre que je préfère encore ne pas parler des riffs bidons et recuits sortis d’un générateur automatique de riffs metalcore. Je ne parlerai pas non plus des breakdowns mous inaptes à faire bouger un mioche hypercatif sous ecstasy, ni des patterns de batterie certainement appris dans un exemplaire au rabais de « La batterie en 30 leçons » signé Mike Kaabe. J’éviterai d’aborder le sujet de la basse vu qu’elle semble inexistante alors que pourtant on signale la présence d’un bassiste dans le livret. Livret qui vaut son pesant de cacahuètes lui aussi. Un beau dessin de fin du monde, une belle trame orangée et des photos promos magnifiques. Les photos sont sûrement le truc le plus involontairement drôle que j’ai pu voir sur un disque cette année. Les loustics ont relégué le batteur qui semble avoir bouffé tous les autres, tout au fond histoire qu’on ne le voit pas trop. Puis sympa, ils ont tous la même coupe de cheveux mais pour qu’on distingue bien le chanteur, il a sculpté sa mèche du côté opposé à tous les autres. Touchante attention. Je terminerai juste par un extrait de la thanklist de fin d’album : “First and foremost God, My Heavenly Father for His abundance of Love and Mercy. God for answering my prayers and loving me even tough I’m unworthly of His grace”. Alors ouais, vous me direz que cette chro ne parle pas beaucoup de musique. Je vous répondrai que « Ça tombe bien eux non plus… »


Rédigé par : Seb On Fire | 05/20 | Nb de lectures : 12162