Ce nouvel album de THERION aura déjà fait couler beaucoup d'encre et occupé un bon nombre d'internautes, et ce avant même sa date de sortie officielle. Les avis recueillis étant pour le moins disparates, et comme d'habitude dans ce cas-là, pas de juste milieu, on aura vu d'un côté les adorateurs du groupe qui comprennent l'évolution dévoilée sur ce nouveau disque, et de l'autre les détracteurs se retrouvant comme deux ronds de flan. Car oui, tout le monde, y compris votre serviteur, s'attendait à une ressucée de ce que les Suédois savent faire de mieux, soit gros riffs, choeurs énormes et orchestrations pompeuses... Tout faux, car oui, évolution il y a, mais pas un gouffre comme ce qu'on aura pu parfois digérer, genre le fossé séparant "Draconian Times" et "One second" de PARADISE LOST. Non, ici la marche en avant est bien plus insidieuse, pour preuve, le style THERION est reconnaissable dès les premières secondes de "Mitternacht löwe", aucun risque de se tromper avec ce titre qui me rappellerait plutôt les meilleurs moments de "Secrets of the runes".
Et c'est là que l'intro carton du morceau titre nous fait sursauter, avec son gros riff, limite thrash et son refrain gothique. Car oui, et il est important de le souligner, THERION s'est concentré ici sur les chansons, une notion qui avait tendance à disparaître du jargon du groupe depuis "deggial". Tout sur cette galette est pesé, re-pesé, et savemment distillé. J'en veux pour preuve le tubesque "The perennial sophia", centré autour d'un refrain superbe chanté par Snowy Shaw, le clown de feu NOTRE DAME, qui nous sert ici une prestation éclatante de brio, se complétant à merveille avec LE chanteur heavy Mats Leven (CANDLEMASS, MALMSTEEN, KRUX), qui livre ici une de ses meilleures prestations discographiques, toutes périodes confondues. A l'image de leurs confrères masculins, les deux vocalistes féminines se complètent également à merveille, sans pour autant nous vriller les tympans. Un gage de qualité dirais-je...
Il saute aux oreilles que THERION a ici travaillé les ambiances, l'efficacité, l'accroche, au détriment des choeurs et des orchestrations, ce "Gothic kabbalah" étant très axé guitares (ouille, ces solis!). Ecoutez donc ce "Tuna 1613", débauche de technique et de mélodies. Car sur cette galette, tout sent la maîtrise, musicale d'une part, par les orchestrations restantes, les arrangements finement ciselés (flûtes, claviers, violons), et instrumentale de l'autre... Car oui, THERION n'a jamais aussi bien joué que sur ce disque. En réunissant un véritable groupe, Christofer Johnsson a tapé dans le mille, tout ici respire la cohésion et le plaisir de jouer, ce qui donne un résultat semblant beaucoup moins rigide que dans le passé, posez une oreille sur le fabuleux "Sons of the staves of time" pour vous en convaincre. Ce titre, doté d'une intro à l'aura mystique, développe un chant rageur se posant en apothéose sur le superbe refrain, et débouchant sur un pont qui file le grand frisson...
Les déçus et/ou nostalgiques, eux, (et il y en aura) se consoleront avec les 13 minutes du titre final "Adulruna redivivia", vestige d'un passé bien proche, mais apparaîssant ici comme un ovni pompeux, tape à l'oeil et écoeurant de technique une fois de plus.
N'allez pas croire, à la lecture de cette chronique, que THERION nous a pondu un disque de easy-listening... Ce "Gothic kaballah" est toujours aussi difficile à apprivoiser que ses congénères, rien que par sa taille (85 minutes tout de même), sa densité, sa richesse (des constantes dans le chef du groupe). Mais ce genre d'album se mérite, et poser une simple oreille distraite sur cette galette et la descendre en flammes ne serait pas rendre justice au boulot du groupe. Même si je peux parfaitement concevoir que certains seront déçus par la connotation très "hard rock" de celui-ci. Mais la prise de risque ne mérite-t-elle pas d'être saluée comme il se doit? Soyez gentils, envoyez-moi vos railleries et autres insultes par message privé...
Vous l'aurez compris, nous nous rallierons donc au camp des séduits, tant par la prise de risque (respect!), que par la qualité des compositions... A noter que le groupe sera à l'affiche des gros festivals estivaux (Hellfest, Graspop, Wacken). Les programmateurs eux, ne s'y sont pas trompés... Ca risque de faire mal sur scène. Le meilleur THERION depuis "Vovin", nous matraque le label... Pas faux...


Rédigé par : Thortyr | 15.5/20 | Nb de lectures : 22727