En ces temps difficiles pour le marché du disque, quoi de plus logique que de vouloir faire du neuf avec du vieux et de puiser dans des ressources qui ont déjà fait leurs preuves. Ainsi les ré-éditions, plus ou moins pertinentes, se succèdent un peu partout dans le paysage des sorties métalliques ; mais le dépoussiérage le plus judicieux du moment nous vient de chez Listenable avec l’exhumation du premier album de THEORY IN PRACTICE.

Sorti dans la confidentialité en 1997 chez Pulverised records, un sympathique label de Singapour, « Third Eye Function », bien qu’il soit épuisé depuis des lustres, n’avait encore jamais fait l’objet d’une réédition. Et revoilà donc les débuts discographiques de THEORY IN PRACTICE remis sur le devant de la scène. Des débuts donc le groupe n’aura pas à rougir vu que cette galette portait déjà les stigmates d’une formation pleine d’intérêts.

Enregistré fin 1996 au Sunlight studio par le légendaire Tomas Skogsberg (ENTOMBED, DISMEMBER, AT THE GATES, DARK THRONE et j’en passe), « Third Eye Function » met en scène un THEORY IN PRACTICE sensiblement différent de celui que nous connaissons désormais. En ces temps, le chant n’est pas encore l’affaire du batteur, Henrik Ohlsson, puisque le poste est occupé par les growls d’un certain Johan Ekman, également guitariste au sein du groupe.

Doté de caractéristiques techniques et progressives, « Third Eye Function » est probablement l’album le plus death du groupe. Pourtant, en 1996 THEORY IN PRACTICE pratique déjà une musique particulièrement lyrique principalement axée sur un très gros travail des guitares. Entre riffs catchy, incartades acoustiques volubiles, phrases multiples et parfois complexes, les six cordes tiennent ici la vedette et restent omniprésentes sur la totalité du disque sans pour autant le rendre indigeste ou lui conférer des airs de « private joke ». Car la vraie réussite de « Third Eye Function » est de rester toujours accessible même si son écoute nécessite peut-être une attention accrue. Les synthés sont déjà de la partie mais leur utilisation est un peu plus timide. THEORY IN PRACTICE s’en sert principalement pour planter des ambiances aux airs de “B.O.” assez réussies ou très occasionnellement pour souligner des phrases de six cordes et établir des sortes de « dialogues » entre instruments tels que nous les connaissons dans les enregistrements les plus récents du groupe.

Histoire de justifier davantage la ré-édition de « Third Eye Function », Listenable a cru bon d’ajouter des bonus à ce disque sous la forme d’une démo datant de 1995, produite par les soins de Peter Tägtgren dans son Abyss. Cette démo ne présente aucun inédit mais permet de constater l’évolution qui a été celle de THEORY IN PRACTICE en l’espace d’une paire d’années. Hélas le son ultra saturé de ces titres tranche assez fâcheusement avec le reste du disque et les bandes qui ont servi présentent d’évidentes traces de détériorations qui altèrent sérieusement la qualité de quelques passages. Autant dire que ces bonus n’étaient pas nécessaires pour rendre cette « re-sortie » intéressante.

THEORY IN PRACTICE est un groupe qui se fait rare et chacun de ses disques est un petit événement en soit.
« Third Eye Function » est un disque recommandable pour tout amateur de death progressif qui ne l’aurait pas déjà.


Rédigé par : Tonton | Réédition/ | Nb de lectures : 14102