Voici peut-être le meilleur album de heavy/speed mélodique sorti ces derniers mois. Ni plus, ni moins. Theocracy est à l’origine le projet solo de Matt Smith, chanteur/guitariste/producteur américain, qui avait réalisé tout seul comme un grand un premier album éponyme en 2003. Dorénavant entouré du batteur Shawn Benson et du gratteux Jon Hinds, notre homme est de retour avec ce "Mirror Of Souls", qu’il a lui-même mixé, tout en prenant le soin de confier le mastering au célèbre Mika Jussila.

Ce disque est un petit bijou qui devrait faire date dans le genre tant ses qualités sont incontestables (et incontestées, à en croire les nombreuses critiques élogieuses dont il a fait l’objet depuis sa sortie). En huit chansons, dont un morceau titre dépassant les 22 minutes, Theocracy offre une magistrale leçon de heavy moderne, technique et accrocheur. L’album démarre sur les chapeaux de roue avec « A Tower Of Ashes ». D’emblée, le constat est clair : un son monstrueux, une musique puissante mais toujours mélodique, d’excellents musiciens (une mention spéciale est à décerner au batteur). Quant au chant de Matt Smith, il est tout simplement irréprochable. « On Eagles’ Wings » est un hit évident, doté d’un refrain imparable, qui ne devrait pas vous lâcher pendant des jours. On pense à Helloween, Sonata Arctica, voire Iron Maiden lors de certaines cavalcades. Mais Theocracy se démarque relativement bien de ses influences, proposant une musique plutôt personnelle pour le style pratiqué. « Laying The Demons To Rest », qui frôle les 10 minutes, révèle le côté progressif du combo, jusqu’alors bien caché, mais qui va pourtant se révéler être une des composantes essentielles de l’album. Ce morceau très heavy, mais doté de chœurs ultra mélodiques sur le refrain, offre même un passage violent inattendu sur lequel les blast beats sont au rendez-vous.

Déjà sur les genoux devant tant de maîtrise, votre serviteur profite de la jolie power-ballad à l’ambiance médiévale « Betlhehem » pour reprendre son souffle. Le plat de résistance arrive ensuite avec trois nouveaux titres énormes, aux structures alambiquées. « The Writing In The Sand » impressionne une nouvelle fois par la richesse des idées que propose Theocracy, comme le prouve ce superbe break acoustique qui laisse place à un solo de guitare inspiré. Il subsiste toutefois un petit bémol quant aux paroles, qui ne seront peut être pas du goût de tous, le groupe étant catalogué White Metal (le nom du groupe peut déjà donner un indice sur les croyances des musiciens). On oublie ce détail bien vite cependant, à l’écoute de « Martyr », petite pépite heavy au refrain ultra calibré, qui se termine en apothéose sur un duel de twin guitars du plus bel effet.

Arrive enfin « Mirror Of Souls », le gros morceau de cet album, soit plus de 22 minutes au compteur. Remarquablement agencée, cette longue pièce musicale constitue l’apothéose d’un disque réussi de bout en bout. Alors que l’on pouvait craindre la présence d’un titre si long, les doutes se dissipent très rapidement face à la puissance magistrale et à la virtuosité qui sont ici déployées. Encore une fois, des chœurs grandioses viennent conférer à l’ensemble un côté épique prononcé. Pour le reste, on se rapproche de Dream Theater sur cette dernière composition, en forme de pari risqué mais gagnant.

Le résultat est sans appel. Theocracy vient de frapper un grand coup avec ce "Mirror Of Souls" impressionnant et relativement personnel, qui le place sans conteste parmi les espoirs les plus sérieux du genre. Quand le heavy metal est joué de cette façon, il n’est pas loin de côtoyer les sommets. Un disque précieux, et pour le moins inattendu.


Rédigé par : up the irons | 16/20 | Nb de lectures : 11134