Homme, Grohl, Jones. Trois petits gars dont les patronymes évoquent immédiatement trois grands groupes : Queens Of The Stone Age, Nirvana et Led Zepplin.
Le « fameux super groupe de 2009 », la hype de l’année, le rapace qui va fondre sur nos cages à miel. L’histoire l’a montré à de multiples reprises, rassembler des bons musiciens n’est pas toujours suffisant pour faire un bon groupe… surtout si ces derniers ont des égos développés.
Au vu du pedigree des gaziers, impossible de passer sur les détails et pas question d’être indulgent. Car ce skeud était très attendu et avait suscité beaucoup d’excitation.
Les premières lignes que j’avais écrites sur cette chronique étaient sévères… voire acerbes. Les premières écoutes ne m’avaient pas franchement convaincu et j’étais déterminé à mettre un carton aux vautours.
Au fur et à mesure des écoutes, je revenais sur la kro, enlevant quelques tacles que j’avais un peu trop appuyés. Au bout d’un moment, j’ai dû me rendre à l’évidence, ce premier album était une tuerie. De bonnes chansons, de bonnes vibes et peut-être au final la bombe que l’on attendait.
Bon, ce n’est pas le disque du siècle mais c’est assurément un très bel album… qui comporte son lot d’imperfections.
Le hic de cette belle rencontre musicale vient par moments d’un manque de cohésion des musiciens qui tirent parfois chacun de leur côté… un peu comme dans une jam enfumée de zicos qui se rencontrent pour la première fois. C’est un phénomène qui est compréhensible, car même quand on s’appelle Homme, Grohl et Jones, s’apprivoiser ne s’improvise pas. Après tout c’est leur premier album.
Mis à part ça, pas vraiment de problèmes manifestes sur ce skeud (pas plus que de trace de « hit format radio » d’ailleurs). On trouve par contre de très bons musiciens qui jouent de leurs instruments avec talent et passion, de bonnes idées tout au long du disque, du groove à la pelle, et une poignée de très bonnes chansons.
Le premier titre « No ones loves me and neither do I » réussit le tour de force de frapper fort dès le début tout en balisant le sentier sur lequel les boys vont se promener. Grosse rythmique, riffs groovy et tranchants et grosse patate. Jusqu’au dernier titre « Spinnig in Daffodils », le groupe ne mollit pas, se renouvelle et arrive à plusieurs moments à nous envoyer dans les étoiles comme avec le très émouvant « Bandolier » ou le terrible « New Fangs ».
Puisque c’est un « super groupe » et puisque après tout on est des fans de musique, on cherche les similitudes avec les QOTSA, Nirvana, Led Zep, Foo Fighters, Kyuss (liste non exhaustive). De tous les groupes que je viens de citer, c’est bien de QOTSA qui se rapproche le plus de TCV. Si vous détestez les Queens, ça va être un peu dur avec les Vultures même si les personnalités de Grolh et de Jones amènent indiscutablement un parfum particulier que n’a pas QOTSA… car les deux musiciens sont impeccables et ce tout au long de l’album.
Homme amène une fois de plus de très bon riffs, massifs et mélodiques, hérités des 70’s et agrémentés d’effets bizarres mais jamais ringards.
On en arrive à se demander où ce gars peut aller chercher toutes ses idées.
Une fois de plus encore, il chante de sa voix singulière et montre qu’il a encore fait des progrès, fort d’une assurance de plus en plus affirmée. Niveau lyrics, c’est très bon aussi, la poésie sombre du garçon faisant une fois de plus de belles envolées psychédéliques.
Grolh avait déjà prouvé dans le passé (et notamment avec l’album « Song for the deaf ») qu’il pouvait être inventif et créatif… en un mot beaucoup plus fort que ce qu’il avait pu montrer avec Nirvana ou les Foo Fighters. L’effet de surprise n’est dont pas aussi fort que sur « Song… » mais le barbu surprend par une rigueur et quelques subtilités rythmiques que l’on attendait pas de lui. Je regrette tout de même l’aspect un peu timoré de son jeu sur cet album. On aurait aimé l’entendre se lâcher davantage. La pression de l’équipe qui l’entoure peut-être ?
Car Mister Grohl n’a jamais caché son amour pour Led Zep et nul doute qu’il doit réaliser un rêve de gosse en jouant avec JPJ. Le cogneur a donc mis en œuvre tout ce qu’il pouvait pour créer un joli terrain de jeu à John Paul Jones qui ne s’en est donc pas privé pour s’en donner à cœur joie sur la galette. La section rythmique est donc particulièrement puissante et le légendaire bassiste nous régale à de multiples moments de son touché si caractéristique. En fait, c’est lui la grosse star du skeud. A plus de soixante ans, le garçon a une classe musicale remarquable et une énergie qui ferait du bien à de nombreux bassistes en culottes courtes.
La prod’ est pile poil comme il faut qu’elle soit avec quelques modulations au niveau du volume, permettant au groupe d’alourdir ses tempos les plus massifs. A plusieurs moments d’ailleurs, on pense plus à un mammouth qu’à un vautour.
Il demeure aussi des moments particuliers comme sur « Reptiles » ou « Warsaw or the first breath you take after you give up » qui même s’ils ne sont pas complètement « psycho », dégagent un petit parfum expérimental bien sympathique.
Au final, tant pis si la « hype » s’est emparée des vautours et tant pis si l’album a été encensé par des gens avec qui je n’aimerais pas passer mon dimanche après-midi. Parce que l’album est bon et que les chansons valent le détour. Si vous êtes réfractaire, ne vous laissez pas influencer comme j’ai pu me laisser l’être et allez jeter une oreille sur cette petite bombe.




Rédigé par : pamalach | 16,5/20 | Nb de lectures : 12845