Il est déjà bien loin le temps où THEE MALDOROR KOLLECTIVE était un groupe de black metal expérimental mêlant adroitement musique extrême et éléments industriels et électros à la manière d'un THE KOVENANT ou de ...AND OCEANS dernière période. "A clockwork Highway" sorti en 2004 avait déjà marqué un tournant dans la carrière du groupe, effaçant quasi totalement toutes les dernières traces de black metal que pouvait encore avoir la musique du groupe. Avec "Pilot: Man With the Meat Machine", notre sextet transalpin ne s'est pas du tout assagi; bien au contraire, il nous propose son album le plus expérimental, un album déroutant, à des années-lumières du black metal et même bien loin d'une musique pouvant s'apparenter au metal.

Décrire la musique de THEE MALDOROR KOLLECTIVE (TMK pour les intimes) sur ce nouvel opus n'est vraiment pas une mince affaire. Derrière ce qui est sans doute un concept-album, (mais le livret et la promo sheet n'apportant aucune info à ce sujet, je n'en sais pas plus que vous) se cache un patchwork musical, une énorme moulinette dans laquelle les TMK nous balancent pêle-mêle des éléments jazz, tel le saxo de "Exile (in serenity)" et de "Pilot part 1" ou encore la section rythmique sur un passage de "Microphone & Flies"; des éléments blues comme dans "Welcome to the golden dove society", le quatrième morceau. Blues & Jazz sont les éléments principaux qui reviennent tout au long de l'album et lui donne sa couleur, son atmosphère. Car, bien plus que le résultat musical, c'est l'ambiance créé par tous ces éléments qui est importante sur cet album. On trouve bien entendu beaucoup d'autre éléments qui viennent enrichir cette ambiance: une partie rock'n'roll purement sixties, une reprise très respectueuse de "Stand by me", tube des années 60 de BEN E KING, ou encore un chant étrange à mi-chemin entre crooner et batcave sur "The night Mr. Clenchman died", un titre très long et hypnotique avec des superpositions de rythmiques et des passages de chant quasi-incantatoires, sans doute le titre le plus rock de toute la carrière du groupe.

Les morceaux n'ont pas, pour la plupart une structure conventionnelle (comprendre couplet et refrain) mais sont plutôt des collages, des assemblages de parties liées entre elles par des parties industrielles (le dernier vestige restant du passé de TMK), des bruitages (téléphone...) ou encore des voix telle cette partie parlée en Espagnol sur "Welcome to the golden dove society". Si la musique n'est pas facile à décrire, l'atmosphère de cet l'album l'est plus aisément. On se retrouve aux États-Unis dans les années 60, dans un vieux film d'espionnage où un privé, avec ses indispensables imper et chapeau va chercher des infos la nuit dans un club de jazz au sous-sol d'une ruelle crasseuse. Là une chanteuse fanée, accompagnée d'un piano ("Pilot part 1") tente de divertir les rares clients présents. Puis on change d'endroit, on reste toujours aux Etats Unis mais c'est vers le "Lost Highway" de Lynch et sa musique d'Angel Badalamenti qu'on se tourne ("Microphone & Flies"). Pour finir la soirée en beauté on se rendra au Titty twister Bar d' "Une nuit en enfer" de Robert Rodriguez et Quentin Tarantino ("Zombie children do synthetic dreams")

Il ne manque en fait que les images pour que la musique de TMK ne prenne totalement vie. C'est déjà le cas avec le clip de "A gasoline hero" présent en fichier mov sur le CD et qui permet de rentrer un peu plus dans l'univers de THEE MALDOROR KOLLECTIVE. Ce titre est cependant le plus court et celui qui se rapproche sans doute le plus de ce que faisait le groupe par le passé. Il serait très intéressant de voir l'intégralité de l'album mise en image mais cela nécessiterait des moyens dont ne dispose pas le combo italien.

Au final, pas de metal sur cet album, mais une expérimentation à mi-chemin entre musique et cinéma qui n'intéressera sans doute que les plus téméraires d'entre vous.


Rédigé par : Sheb | 15/20 | Nb de lectures : 12368