Il y a moins de six mois je vous communiquais mon enthousiasme à l'égard de "Forever is the world", dernier album d'un groupe culte dont la nouvelle mouture semblait enfin avoir trouvé ses repères artistiques et expressifs. Miracle de la roue du temps, tout était à refaire dans un univers gothic-rock en train de se débarrasser de ses scories.
Puis comme le dit en son temps le philosophe Hégésias de Cyrène : « Patatras! » : Trois mois après la sortie officielle de l'album, le groupe annonce sa séparation. Un split présenté comme le fruit d'une décision mûrement réfléchie, la conséquence d'une incapacité à assumer une vie familiale et professionnelle avec l'engagement nécessaire à la survie d'un groupe de cette envergure. Tout bien considéré c'est assez noble, ça pourrait donner matière à réflexion à pas mal de formations en coma artificiel depuis trop longtemps.

Las! Je n'ai rien trouvé de mieux que de rater leur ultime passage à Marseille en mars et me retrouve à assister impuissant au compte à rebours qui nous sépare de leurs adieux à la scène le 2 octobre en Norvège (si je m'écoutais...) Enfin soit, c'est comme ça, on en parle plus.

Ou presque plus vu que ToT vient de sortir un « Tour Edition » du dernier album accompagné du EP « Addenda ». Hum, hum. Et je rajouterais pouf, pouf. Si j'étais d'un naturel cynique je dirais qu'il ne manque que les banderoles : Tout doit disparaître avant fermeture définitive du magasin. Entendons-nous, je trouve « Forever is the world » sublime, si bien que je lui rajouterais volontiers un ou deux points si une fonction edit était disponible sur les chros. L'album passe haut la main le cap des dizaines d'écoutes sans altérer la profondeur de son propos, une douce noirceur qu'on imagine liée à la décision prise par le groupe en cours de production.
Il n'en reste pas moins que le contenu du EP est un peu pauvre. Jugez plutôt : sept titres de « Forever is the world » remixés avec plus ou moins de bonheur, un titre bonus de l'édition vinyle du même album, un titre de l'édition limitée de « Storm » et un dernier morceau du single éponyme. Rien de mauvais globalement, mais rien qui vienne justifier la compilation de ces pistes sur un EP/testament qui manque au final du panache auquel on aurait été en droit de s'attendre.
Ici les remixes s'apparentent effectivement à des rééquilibrages du mix en faveur de versions plus éthérées et/ou renforcées par des sonorités électro là où on croyait le groupe débarrassé de cette coupable tentation. Les titres ne perdent pas beaucoup de leur efficacité, le ressenti de chacun dépendra surtout de son rapport aux sonorités qui sont déployées, plus ou moins rock, plus ou moins heavenly, etc. Perso je n'aurais pas bougé un potard, ni modifié une note sur ces morceaux qui avaient déjà tant à dire et vraisemblablement encore beaucoup à révéler. Comme son nom l'indique « Addenda » ne sont que quelques notes qui viennent compléter une œuvre pleine et cohérente.

Theatre of Tragedy baisse le rideau sur dix-sept années d'une carrière prestigieuse et estimable, émaillée de multiples rebondissements, autant de coups de théâtre avant la purgation finale des passions. La tragédie touche à son terme, le chœur peut quitter la scène. Ne serait-ce que pour cela ne soyons pas trop amers.


Rédigé par : #Guillaume# | 06,5/10 | Nb de lectures : 12767