Quand un groupe comme TEXTURES qui a été plébiscité, congratulé et adulé après la sortie d’un album « Drawing Circles » revient sur le devant de la scène avec une nouvelle offrande, on ne peut que se montrer attentif ou enjoué à l’approche de cette nouvelle échéance discographique.
Lapidation dans les règles à coup de grosses caillasses ou enthousiasme débordant, TEXTURES allait encore faire couler encre et salive avec « Silhouettes ».

Oh comme j’aurais aimé dire du mal de TEXTURES, m’essuyer les pompes sur leur CD, me moucher dans la pochette ou, plus écologiquement, le recycler en frisbee futuriste. Non pas que j’ai quelque chose contre TEXTURES bien au contraire, mais cette chronique aurait été plus facile à écrire et plus drôle à lire. Mis à part souligner un artwork moins réussi que ceux auxquels le groupe nous avait habitués, j’ai bien peur de ne pas avoir de quelconque munitions pour être médisant.

Non, ce n’est pas encore pour cette fois que vous m’entendrez dire du mal de TEXTURES qui nous revient avec un album léché avec la minutie qu’on connaît désormais à ces pointilleux Bataves. Un changement de bassiste et deux ans plus tard, le sixtet hollandais n’a rien perdu de son talent même si « Sihouettes » ne parvient pas vraiment à se hisser à la hauteur de « Drawing Cricles ».

L’évolution que TEXTURES a voulu pour ce troisième opus est moins spectaculaire qu’elle ne l’avait été après « Polars ». Le groupe ayant opté aujourd’hui pour une mouture plus directe et, par conséquent, moins progressive de son art. « Silhouette » bénéficie néanmoins d’un indéniable savoir-faire caractéristique du groupe qui continue d’alterner des parties power metal couillues et des plans plus atmosphériques délicatement soulignées dans des claviers toujours de bon goût aux vertues parfois plus indus sur une paire de passages. Les polyrythmies qui affichaient l’influence presque palpable de MESHUGGAH ont été reléguées au rebut et ne font guère que de timides et anecdotiques apparitions. Pour faire simple, on pourrait souligner que TEXTURES s’est significativement éloigné de MESHUGGHA pour se rapprocher d’un Devin Townsend pour ce côté très aérien, apaisant ou même tout simplement beau qu’apporte ce « Silhouettes ».

Malgré des passages musclés comme sait si bien les envoyer TEXTURES, on sort de ce disque avec un sentiment de plénitude, ma foi, fort agréable. Les voix distillées par Eric Kalsbeek jouent un très grand rôle dans la réussite de ces alternances familières et son chant clair n’a jamais été aussi réussi et délicieusement onctueux. Rassurez-vous quand même, TEXTURES n’est pas encore paramétré pour un passage en boucle sur MTV pour succéder à de quelconques mièvreries qu’on voudrait nous faire croire métalliques et du reste, je doute fort que le groupe n’évolue dans ce sens.
TEXTURES continue simplement son petit bonhomme de chemin avec un album magnifiquement produit par son guitariste, Jochem Jacobs dans une mouture éthérée typiquement « texturienne » même si « Silhouettes » présente une musique plus dépouillée que son prédécesseur.

En prenant moins de risques, TEXTURES nous propose ici un disque peut-être moins palpitant mais néanmoins de haute volée qu’on prendra plaisir à écouter et réécouter mais qui ne prodiguera pas les frissons de délices suscités par « Drawing Circles ». Les Hollandais ne franchissent pas le cap du troisième album, grandis, mais s’affranchissent très honorablement d’un excellent disque qui n’aura jamais à les faire rougir dans les années à venir.




Rédigé par : Tonton | 15/20 | Nb de lectures : 14545