Bien que je n’ai rien contre l’idée de chroniquer un groupe de la scène polonaise, j’aimerais simplement éviter de tomber dans les clichés de comparer toutes les formations polaques à Vader, Behemoth ou Decapitated. Surtout que dans ce cas précis, les protagonistes n’empruntent pas l’ADN musical atypique de leur nation. Testor n’est pas récent, il date de ’89, mais il ne sort que son quatrième opus. « Animal Killstinct » voit le jour en juin de cette année via le label Killer Metal Records et permet au combo de commencer à s’expatrier de sa terre natale. Même si les mecs de Warsaw usent pour cela d’une technique infaillible : faire du thrash/speed typiquement américain.

Aux abords du premier morceau « Heroes to the Gallows », Testor électrifie l’ambiance grâce à des riffs heavy cinglants. Difficile de sortir une rythmique efficace dans ce style, très prisé depuis les débuts des années 80, et malgré sa simplicité et sa répétitivité, la formation slave ne s’en sort pas trop mal. On n’oublie pas l’influence qu’ont eue Exodus ou Metallica, en n’oubliant pas de faire un clin d’œil à Pantera par la même occasion et c’est parti pour une salve artistique énergique et puissante pendant les 41 minutes qui suivront. Le morceau éponyme fait belle figure également, on prône l’efficacité avant tout et ça marche. Avec une batterie éclatante et rythmée, les Polonais dévoilent quelque chose de simple, mais d’entêtant.

Je pourrais reprocher une chose, qui est aussi une des qualités de Testor : son chanteur. Rafal Wachnicki, alias « Kefir », a une voix particulière. Elle me fait parfois penser aux chanteurs de metalcore d’antan, comme le fut Matt Heafy avant de muer, et parfois, elle ne me fait pas penser grand-chose. A la fois mélodique et hargneuse, certaines de ses parties ont tendances à être agaçantes puisque trop édulcorées et travaillées. Certains d’entre vous aimeront, pas moi. La production ne déçoit pas, loin de là. Les bassistes seront d’ailleurs ravis d’entendre une basse audible dans un album de metal. « Rise of Cobra » ou « This Brock » dégueulent de petits plans subtils, parfois péteux, mais qui procurent tellement d’effet.

Si le groupe introduit beaucoup de références assez oldies, sa musique, en revanche, sonne moderne. Les compositions vont dans ce sens, surtout aux niveaux des guitares qui sonnent très grasse, tranchantes et surtout travaillées. Le duo « Dzang »/ « Robson » agrémente son panel en y balançant quelques harmoniques finement placées, des soli à la Slayer, surtout sur le terrible « Stagnation Sludge ». La batterie n’est pas en reste car très en place et tonitruante, « Mekson » se démène mécaniquement sur ses fûts. Son jeu n’est pas très varié, le batteur fait son job et n’en fait pas trop. Il faut avouer que les batteurs d’aujourd’hui ont tendances à en mettre plein la vue, parfois de façon injustifiée.
Ce quatrième volet discographique de la machine polonaise est une petite réussite. Il plaira surtout aux vieux fans de thrash qui se retrouveront dans ces 8 morceaux (plus une intro et un outro). A la fois moderne et old school, le public adepte de Machine Head et Pantera saura faire son affaire avec « Animal Killstinct ». Un disque bien foutu, sans trop de manières et prétentions.


Rédigé par : Choko | 13.5/20 | Nb de lectures : 11499