TESLA - Twisted Wires & The Acoustic Sessions... (Scarlet/Season of Mist) - 07/11/2011 @ 08h47
Malheureusement, Tesla ne brille désormais que dans une très restrictive et humiliante troisième division, jouant en plein après-midi lors d’un Rocklahoma Festival, sur des croisières metal pour rednecks aux si longs mulets qu’ils leur épargnent du coup des nuques tout écarlates, ou bien dans de chouettes petites salles, certes, mais du genre situées à 20 bornes de Paris, devant une petite centaines de fans dévoués. Alors que jadis, Tesla était dans le moule -plutôt le chaudron- bouillonnant des Skid Row, White Lion et autres cheveulus à tort assimilés west-coast, californian hair-metal péroxydé et bas-du-front. Seule une poignée de ces combos américains est restée «au top» (Guns N’Roses remplit les stades, mais bon, euh, c’est embarrassant, on préfèrera retenir le Crüe), d’innombrables garçons-coiffeurs ont été décimés (tant mieux pour beaucoup, nostalgie pour certains autres), et des dizaines de petites légendes du rock’n’roll hard-sleazy subsistent bon gré mal gré, persistant à jouer là où on veut bien d’eux, à contre-courant des modes (après le tsunami from Seattle, tout est possible !), avec des line-ups parfois approximatifs, des images bien ternies, des ventes de disques ultra-faiblardes (combien vend un Tesla, distribué aujourd’hui par un plus modeste label italien, comparé aux vitrines de disques platines crânement affichés il y a vingt-cinq ans ?), et surtout des prétentions artistiques franchement revues au rabais. Entre les énièmes retours râtés (Ratt), les espoirs encore trop à la traîne (Sebastian Bach, malgré de bons disques), ou quelques crevards qui feraient mieux de jeter l’éponge, on a Tesla qui persiste à sortir des disques intéressants mais pas suffisamment mémorables pour devenir des classiques («Forever More»), ou encore des bons moments de plaisirs coupables le temps des deux volumes «Real To Reel» où le groupe reprenait très sympathiquement bon nombre de standards classic-rock des 70’s, mais sans réelle plus-value artistique. De très bons moments bien foutus mais qui ne laisseront pas une trace indélébile dans l’histoire du rock.
Et franchement, on n’obtient rien de réellement neuf avec ce «Twisted Wires», hormis deux nouvelles compositions qui viennent agrémenter ce néanmoins agréable nouvel essai acoustique. Le groupe de Sacramento avait déjà connu fortune et gloire avec un tel exercice en 1990 : «Five Man Acoustical Jam» connut un succès incroyable alors que le groupe était énorme, avec l’interprétation live et unplugged de leurs hits issus des deux premiers albums studio. Vingt et un an plus tard, les Californiens réitèrent l’exercice dans un format cependant différent : pas de public, les morceaux sont assez spontanément rebossés et arrangés pour de nouvelles interprétations aussi poignantes que dénudées, intenses et bourrées de feeling -d’autant que le quintette ne mise aucunement sur une quelconque facilité, les titres choisis étant beaucoup plus obscurs et moins connus que les tubes habituels. Un premier point très positif : la réhabilitation de chansons plus anecdotiques d’un point de vue commercial, mais qui méritent une réelle (re)découverte approfondie, transfigurant ainsi leur substantifique moëlle en une relecture épurée, mettant en lumière le réel pouvoir de composition de ces mecs-là.
Tesla a surfé pendant toute leur première partie de carrière sur la vague glam/hair-metal/sleazy-rock/hard FM popularisé et vulgarisé par MTV aux USA durant un âge d’or s’étalant grosso-modo de 1985 à 1991 : le groupe était alors énorme, mais n’avait strictement RIEN à voir avec bon nombre de ces caniches couverts de make-up polluant les lourdes rotations de clips sur la célèbre chaîne musicale. Non, Tesla est l’un des rares et dignes fils spirituels du Aerosmith de la grande époque (celle de «Rocks» ou de «Toys In The Attic» dans les années 75-77), aux côtés de Cinderella, autre groupe mésestimé à qui l’on peut aussi associer la descendance, surtout autour de leur troisième LP «Heartbreak Station» qui partage bon nombre de points communs avec les facettes musicales des Californiens. Ainsi, prenons la voix de Jeff Keith, toujours aussi chaude et éraillée, si proche de celle d’un Steven Tyler en grande forme physique et émotionnelle (et parallèlement à Tom Kiefer, donc). C’est bien davantage de rock’n’roll dont on cause ici, directement issu du meilleur des Rolling Stones qui savaient autant briller en acoustique qu’en électrique : une vraie bonne putain de chanson de rock’n’roll peut autant bien faire fumer les amplis que faire dresser les poils de vos bras et de votre échine par la magie de son feeling, directement branché sur les tripes, l’âme et le coeur -et Tesla a bien dû user les deux rondelles d’«Exile On Main Street» pour en retenir ainsi toute l’essence. On pense à Led Zeppelin aussi, à Lynyrd Skynyrd, à Humble Pie, et donc aux plus contemporains Black Crowes.
«Twisted Wires» est néanmoins un assemblage de bon goût, construit autour de deux sessions studio distinctes. La première est constituée de cinq titres enregistrés en 2005 (dont une reprise du Climax Blues Band, la très Beatles «I Love You») alors que le guitariste Tommy Skeoch faisait encore partie de la bande. On retrouvera en contre-partie son remplaçant Dave Rude dans le line-up actuel qui a donc mis en boîte les sept autres morceaux entre 2010 et 2011, dont entre autres ces toutes nouvelles compos «2nd Street» et «Better Off Without You» qui viennent parfaitement se fondre dans le répertoire du groupe, ancien ou plus récent -cohérent et excellent. L’accent est résolument porté sur les guitares, que ce soit à travers les ballades ou les morceaux mid-tempos plus rock mais résolument plus bucoliques, ce qui n’enlève rien aux rythmiques enivrantes et sudistes, ni bien évidemment aux splendides mélodies ici magnifiées à travers ces nouveaux arrangements taillés pour un exercice qui leur sied si bien, l’esprit de Tesla -fondamentalement un hommage à l’électricité !- étant donc si merveilleusement ancré dans le classic-rock 70’s, raffiné et bouleversant de feeling.
Si l’on met de côté cette affreuse pochette (rarement vu un artwork aussi râté, diamétralement opposé à un contenu aussi frais que chaleureux et délicat), «Twisted Wires» est aussi bien un must-have pour les fanatiques du groupe qu’une douce introduction à leur univers, doublé du disque idéal pour des fins de soirée à l’ancienne où l’on empoigne guitares et JD pour quelques tours de chant aussi francs de camaraderie que d’émotion -et de douce ivresse. Du plaisir, réellement du plaisir, mais qui hélas ne va rien apporter de plus au groupe, encore moins l’espoir de briller à nouveau au niveau qu’ils méritent tant.
Très bonne chronique. En même temps comment pouvait-il en être autrement avec le grand Jean-Charles Desgroux?! ;)
Quoimabite IP:78.238.200.86 Invité
Posté le: 07/11/2011 à 15h18 - (98132)
C'est clair que VS gagne en qualité avec la plume, l'expérience, et le sens critique de ce monsieur du Rock !
Mickey IP:90.6.0.6 Invité
Posté le: 08/11/2011 à 00h46 - (98135)
Groupe fantastique !! Tout simplement rien à jeter dans leur carrière !!!!
Morbid Tankard Membre enregistré
Posté le: 09/11/2011 à 18h26 - (98169)
Du rock un peu hard bien sympa.
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Et franchement, on n’obtient rien de réellement neuf avec ce «Twisted Wires», hormis deux nouvelles compositions qui viennent agrémenter ce néanmoins agréable nouvel essai acoustique. Le groupe de Sacramento avait déjà connu fortune et gloire avec un tel exercice en 1990 : «Five Man Acoustical Jam» connut un succès incroyable alors que le groupe était énorme, avec l’interprétation live et unplugged de leurs hits issus des deux premiers albums studio. Vingt et un an plus tard, les Californiens réitèrent l’exercice dans un format cependant différent : pas de public, les morceaux sont assez spontanément rebossés et arrangés pour de nouvelles interprétations aussi poignantes que dénudées, intenses et bourrées de feeling -d’autant que le quintette ne mise aucunement sur une quelconque facilité, les titres choisis étant beaucoup plus obscurs et moins connus que les tubes habituels. Un premier point très positif : la réhabilitation de chansons plus anecdotiques d’un point de vue commercial, mais qui méritent une réelle (re)découverte approfondie, transfigurant ainsi leur substantifique moëlle en une relecture épurée, mettant en lumière le réel pouvoir de composition de ces mecs-là.
Tesla a surfé pendant toute leur première partie de carrière sur la vague glam/hair-metal/sleazy-rock/hard FM popularisé et vulgarisé par MTV aux USA durant un âge d’or s’étalant grosso-modo de 1985 à 1991 : le groupe était alors énorme, mais n’avait strictement RIEN à voir avec bon nombre de ces caniches couverts de make-up polluant les lourdes rotations de clips sur la célèbre chaîne musicale. Non, Tesla est l’un des rares et dignes fils spirituels du Aerosmith de la grande époque (celle de «Rocks» ou de «Toys In The Attic» dans les années 75-77), aux côtés de Cinderella, autre groupe mésestimé à qui l’on peut aussi associer la descendance, surtout autour de leur troisième LP «Heartbreak Station» qui partage bon nombre de points communs avec les facettes musicales des Californiens. Ainsi, prenons la voix de Jeff Keith, toujours aussi chaude et éraillée, si proche de celle d’un Steven Tyler en grande forme physique et émotionnelle (et parallèlement à Tom Kiefer, donc). C’est bien davantage de rock’n’roll dont on cause ici, directement issu du meilleur des Rolling Stones qui savaient autant briller en acoustique qu’en électrique : une vraie bonne putain de chanson de rock’n’roll peut autant bien faire fumer les amplis que faire dresser les poils de vos bras et de votre échine par la magie de son feeling, directement branché sur les tripes, l’âme et le coeur -et Tesla a bien dû user les deux rondelles d’«Exile On Main Street» pour en retenir ainsi toute l’essence. On pense à Led Zeppelin aussi, à Lynyrd Skynyrd, à Humble Pie, et donc aux plus contemporains Black Crowes.
«Twisted Wires» est néanmoins un assemblage de bon goût, construit autour de deux sessions studio distinctes. La première est constituée de cinq titres enregistrés en 2005 (dont une reprise du Climax Blues Band, la très Beatles «I Love You») alors que le guitariste Tommy Skeoch faisait encore partie de la bande. On retrouvera en contre-partie son remplaçant Dave Rude dans le line-up actuel qui a donc mis en boîte les sept autres morceaux entre 2010 et 2011, dont entre autres ces toutes nouvelles compos «2nd Street» et «Better Off Without You» qui viennent parfaitement se fondre dans le répertoire du groupe, ancien ou plus récent -cohérent et excellent. L’accent est résolument porté sur les guitares, que ce soit à travers les ballades ou les morceaux mid-tempos plus rock mais résolument plus bucoliques, ce qui n’enlève rien aux rythmiques enivrantes et sudistes, ni bien évidemment aux splendides mélodies ici magnifiées à travers ces nouveaux arrangements taillés pour un exercice qui leur sied si bien, l’esprit de Tesla -fondamentalement un hommage à l’électricité !- étant donc si merveilleusement ancré dans le classic-rock 70’s, raffiné et bouleversant de feeling.
Si l’on met de côté cette affreuse pochette (rarement vu un artwork aussi râté, diamétralement opposé à un contenu aussi frais que chaleureux et délicat), «Twisted Wires» est aussi bien un must-have pour les fanatiques du groupe qu’une douce introduction à leur univers, doublé du disque idéal pour des fins de soirée à l’ancienne où l’on empoigne guitares et JD pour quelques tours de chant aussi francs de camaraderie que d’émotion -et de douce ivresse. Du plaisir, réellement du plaisir, mais qui hélas ne va rien apporter de plus au groupe, encore moins l’espoir de briller à nouveau au niveau qu’ils méritent tant.
Rédigé par : Jean-Charles Desgroux | 14/20 | Nb de lectures : 12856