Punaise. Je peux vous certifier que je l'ai attendu, ce nouveau TERRORDROME.

Scotché et séduit par "Vehement Convulsion", le premier album des Grecs, je me suis abreuvé et gavé de ce Brutal Death technique avec une frénésie dont je suis habituellement avare.
Séduit par cette association pourtant classique d'explosions de violence et de riffs mélodieusement techniques. Séduit par la fluidité et l'addiction dégagées par "Vehement Convulsion". Séduit par une musique complexe et accrocheuse.

4 années ont été nécessaires aux Grecs, pour accoucher d'une seconde galette, durée entrecoupée d'un split avec Oath To Vanquish, qui laissait augurer le meilleur pour la suite.
Point de tergiversations, je ne suis pas coutumier des séries TV qui nous colonisent et qui font l'apologie de ces simulacres de suspense populaire bas de gamme.
L'attente en valait la chandelle : "The Day of Sacrilege" est une grosse tuerie.

Principale différence avec "Vehement Convulsion" : le groupe a mûri, et se permet désormais de personnaliser son Death Metal. Excellent choix artistique, car une simple copie aurait sans doute desservi le groupe, les auditeurs (dont moi) étant souvent plus indulgents avec un premier album. Si le style ne change fondamentalement pas, TERRORDROME comporte de réels progrès, subtils, pertinents.
Le Death de TERRORDROMEdemeure on ne peut plus Brutal, première satisfaction.
Les beuglements gras et gutturaux uniformes sont toujours percutants, deuxième satisfaction. Les changements de rythmes accrochent l'oreille et personnalisent les morceaux, troisième satisfaction.

Bon, et alors ?
Alors, c’est le guitariste Sakis qui fait souffler ce vent d'innovation sur le TERRORDROME.
Affutés et techniques, les riffs sont nettement plus diversifiés. Chargés en émotion, ce dont étaient dépourvus "The Day of Sacrilege", ils colorent l'album et façonnent une identité au groupe.
Identité renforcée par quelques incursions de passages acoustiques (et parfois légèrement flamenco), des soupçons d'influences Jazz, une dose de progressif, de fugaces syncopes, des soli nettement plus travaillés, sans oublier une créativité de tous les instants : "The Day of Sacrilege" entre dans la cour des grand, au panthéon du Brutal Death.

Il serait toutefois malvenu de crier au génie. TERRORDROME n'est jamais qu'un excellent groupe de Brutal Death à connotation technique.
Sauf qu'avec son aptitude à dynamiser et à faire évoluer sa musique, tout en préservant ses qualités soulignées précédemment, TERRORDROME a grimpé là où bon nombre stagnent. Et se hisse sans souci sur mon podium des meilleurs albums de Brutal Death l'année.

Violence et ralentissements font la paire, tout comme les accélérations rythmiques et les cavalcades arpégiques. L'apport de riffs pointus, variés et mélodieux impacte la qualité de "The Day of Sacrilege", ils le portent à un niveau d'excellence certain.
Et, surtout, possèdent cette qualité rare, dans le Brutal Death, de rendre les morceaux accrocheurs et rapidement assimilable, en demeurant aventureux.

Comme on est toujours plus critique avec les choses qu'on aime (ou peut-être est-ce l'inverse ?), je suis lucide. J'essaye de l'être, en tout cas. Je note ainsi 2-3 points de détails décevants : l’opus n’est pas exempt de riffs moins accrocheurs, et surtout un peu trop démonstratif par moments ; constat appuyé par 1 ou 2 fautes de goût sur quelques cassures rythmiques trop hachurées, trop syncopées.
Sans oublier les 2-3 plans orientés ‘flamenco’, qui ne me convainquent guère – surtout quand on a la chance d’avoir en France un groupe aussi abouti et talentueux qu’IMPUREZA, la comparaison fait mal.

Du détail. Car pour le reste, je me paraphrase, "L'attente en valait la chandelle". "The Day of Sacrilege" est une grosse tuerie."
On ne peut plus ignorer TERRORDROME, qui a évité les errements télescopés, les cassures trop synoptiques, l'overdose de technicité et la brutalité bas de gamme. Et qui nous propose un second album mature, personnel et totalement excellent.
Merci les gars.


Rédigé par : ..::Ju::.. | 16.5/20 | Nb de lectures : 13904