Temple of Baal continue son noir ouvrage et revient sur les platines en ce début d'année (l'album est sorti mi-décembre, allez pas me faire un steak pour deux semaines où vous étiez en train de vous empiffrer). Le batteur Herr Rikk a quitté la bande et ToB a gagné au change en récupérant une poignée de mois avant l'enregistrement Antares le batteur de Glorior Belli et des moins drôles Pogrom. Et c'est encore chez Oaken Shield que déboule cette troisième livraison longue durée du groupe francilien.

Ne vous attendez pas à un miracle musical sur ce "Traitors to Mankind". Cet album transpire le trve, évidemment. Plus surprenant, il s'avère rock'n'roll au possible et parsemés de soli comme jamais Temple ne nous a gratifiés. Dans son pré carré stylistique, les compos sont intentionnellement variées, autant dans l'approche que dans la durée. L'auditeur navigue de titres rapides assez proches d'un vieux Ad Hominem ("Traitors to Mankind", "Visions of Carnage") à d'autres tout simplement thrash ("Under the Spell" que j'ai cru être une reprise d'un classique), en passant par le slow idéal pour emballé en boîte noire ("Graveyard of Disgust", bien plus mélancolique et peut-être plus dispensable),voire des titres à consonances plus death ("Bleeding Thoughts" et sa surprenante seconde partie ou le très mid-tempo "Flames of Baal"). Difficile également de ne pas penser à Hell Militia dans le premier riff de "Crawling in Blood and Puke". Bref, cet album fait référence à pas mal d'influences et les régurgite dans un esprit rock, sans s'imposer une quelconque limite.

Le travail sur les voix est également intéressant, variant d'un registre black à certaines échappées death gargouilleuses (je pense à "Bleeding Thoughts" dont le titre aurait pu être dégobillé de cette manière par John Tardy). Le tout est emballé dans une production signée Ludovic Tournier (Himinbjorg, Nehëmah, Crystalium, Hell Militia, Evohé, Blodsrit, n'en jetez plus) qui travaille encore une fois avec Jean-Pierre Bouquet pour le mastering. Du bon son qui watte et qui dit quelque chose à l'oreille! C'est pas très trve cette prod assez propre mais qu'importe. Pour être exhaustif, je signale que le groupe complète l'album avec le titre "Bitter Days" déjà présent en 2004 sur son split avec Sargeist, et une participation de MkM pour le texte de "Death Inquisition" et une partie de l'artwork.

Les adeptes du malin se poseront certainement des questions sur le bien-fondé des passages mélodiques, voire sur l'éparpillement des compositions qui sont bien moins haineuses que ce qu'a pu offrir le groupe auparavant. Temple of Baal a indéniablement changé, éminemment plus carré et désireux de se faire plaisir avant tout, au risque d'y écorner un peu sa colère au passage. Si l'album s'écoute agréablement, il faut reconnaître qu'on ne sait pas trop où ils veulent en venir au final. Cet opus est assez plaisant mais il risque d'être oublié à la prochaine sortie d'un groupe plus ambitieux dans le créneau, par manque d'une identité sonore marquée et de riffs vraiment assassins.


Rédigé par : Prince de Lu | 11,5/20 | Nb de lectures : 14749