« Je veux réveiller le punk qui est en moi.
Réveiller le stupide, stupide, punk, punk!
Je veux réveiller le punk qui est en moi!
Faire péter le keupon, paye ton punk!
Fait péter le punk.
Le son claque dans tes dents. Serré comme les rangs d’un triplex. J’m’en fous J’saute comme Donkey Kong. Je ne vivrai jamais comme quiconque car j’ai réveillé le punk. »

On a tous connu ça au moins une fois dans notre vie. L’envie de tout niquer, d’envoyer chier tout et tout le monde, de réveiller le punk, de passer pour un sale connard et de n’en avoir rien à foutre. De coller une bonne droite son patron, de bousculer la mère de famille qui bloque tout le monde dans le métro, de faire un doigt au vendeur et de partir sans payer son grec, de montrer sa bite, Patrice Loko style, de mettre une main au cul et de rouler une grosse pelle à sa bonasse de voisine et enfin de gueuler un bon gros « PUTAIN MAIS TA GUEULE ! » bien gras au pauvre petit Roumain qui vous quémande une petite pièce ou un ticket restaurant. On l’a tous fait des milliers de fois dans sa tête mais rares sont ceux qui ont franchi le pas. Pour tous ceux-là, qui se retiennent, engoncés dans le costume trop étroit du savoir vivre et des convenances, je propose l’écoute intensive de ce « Destockage Massif », album exutoire s’il en est. TA GUEULE c’est le retour du punk à chien, du gamin insolent et impoli, c’est un animal lâché dans la société, un cri primal et libérateur, c’est l’équivalent musical du « Merde » de Leox Carax.

C’est du punk ‘n’roll bas du front mais salvateur. Expéditif, 14 titres pour 20 minutes. Le genre à dire du mal de tout et de tout le monde, le genre à se biturer la gueule et à pêter la tronche au premier venu juste parce qu’il a une tête qui lui revient pas. Un sale type mais avec un bon fond, un gars tout droit sorti des années 80, mi-anar, mi-marlou de banlieue, premier pour la baston, dernier pour la réflexion. Musicalement, TA GUEULE c’est du punk qui riff à 200 à l’heure (« Mangez Moi Les Burnes », « Barbamerde », « Subutex »…) du rock ‘n’roll qui groove sa mère (« Femme Féconde », « Le Torcheur »), un peu de thrashouille teuton pour la baston, de Motörhead et des Berus pour l’attitude et de Jello Biafra dans la voix d’El Conservator. La vocation première de TA GUEULE est de proposer un album défouloir, vulgaire et malpoli mais non empreint d’un certain réalisme sociale comme en témoignent certains textes moins bêtes qu’ils n’en ont l’air. Si on y croise majoritairement de la grivoiserie, de la scatologie et de provoc à fond les ballons, on ne peut passer sous silence le contenu socialo-désabusé d’une partie des paroles du groupe. Raison de plus pour aller se bourrer la gueule, dégueuler dans le décolleté de la petite serveuse et claquer la gueule du bobo d’à côté sur le zinc. La libération du punk, on y revient encore et toujours.

Outre le rock’n’roll et le punk on peut aussi voir dans TA GUEULE, une belle dose de grind pour l’esprit DIY, la contestation foutraque, un goût pour le mauvais goût assumé, le livret regorge de photos disons…fleuries. Comme par exemple ce bel instantané d’un yuppie taillant le crayon d’un clochard aviné et dégueulasse. Une photo qui résume parfaitement l’état d’esprit du groupe. TA GUEULE est actuellement sans label, c’est dommage, un peu de politiquement carrément incorrect n’a jamais fait de mal. Surtout quand c'est aussi bien torché et fédérateur que "Déstockage Massif". Un groupe à l'image de la pochette de l'album: In your face!

Punk’s Not Dead !


Rédigé par : Seb On Fire | 14/20 | Nb de lectures : 14439