Je pensais passer l'année 2012 sans mettre une seule sélection. Heureusement, MANIMAL est arrivé pour nous coller son "Multiplicity" dans la gueule et TAO MENIZOO son "Journey Through a devastated Mind"... Que de surprises en cette fin d'année !

Eh oui, c'est déjà le troisième album pour les p'tits gars de TAO MENIZOO.
Maturité, confirmation, cristallisation des espoirs, accession à un stade supérieur bla bla bla... le fameux tournant.... Number Three quoi.
Armé de leur traditionnelle et farouche détermination, le groupe a une fois de plus pris en charge l'enregistrement, le mixage, la production ainsi que la réalisation graphique de l'artwork.

Toujours au carrefour stylistique de plusieurs écoles aux identités sonores très marquées (je retrouve de la Cold Wave et pas mal de vieux Paradise Lost ici !), TAO MENIZOO renouvelle sur "Journey through a devastated Mind" la formule particulière qui les avait aidés à se différencier des copains avec leurs deux précédentes livraisons... mais en mieux.
Du coup, grosse mandale qui fait mal.

Outre la pochette que je trouve vraiment réussie (et il était temps, vu que les précédentes ne rendaient vraiment pas hommage à la musique) la première chose qui m'a interpellé, c'est le son général, toujours aussi dark et singulier mais vraiment épais et compact.
Avec cet album, TAO MENIZOO et sa prod maison, offrent une alternative intéressante aux productions metal classiques.
Muni d'une forte personnalité (et certainement de la capacité de pouvoir réaliser pleinement leurs objectifs sonores) le groupe part avec des points d'avance dès le début puisque leur son aide fortement à sublimer les riffs et les ambiances. Du coup, quand l'inspiration est en phase avec l'interprétation, les torgnoles qu'envoie TAO MENIZOO font très mal .

Et des gifles, on en mange avec cette galette !
Froid et très clair le son général de "So Blind" (la précédente livraison), gardait une certaine épaisseur qui alliée aux sombres sonorités des compostions apportaient une véritable couleur aux chansons.
"Journey through a devastated Mind", en se basant sur les fondations sonore du groupe, vient apporter un peu de lumière aux lugubres rivages embrumés des terres de TAO MENIZOO.
Un peu plus chaud (notamment au niveau des guitares) le son a beaucoup de relief et d'amplitude... les palm mutting du guitariste qu'on se prend dans les ratounes suffisent à étayer mon propos.

De la basse aux doubles grosses caisses et du chant aux rugissements guitaristiques rien n'échappe à la définition "sans fard" des compostions de TAO MENIZOO.
Quelle joie d'entendre la basse et les grosses caisses se compléter pour jouer la marche de légion de doubles croches pendant que la guitare, ne perdant rien de son agressivité vient jouer les prêtresses de cérémonies avec ce son si gras...
Ah ! On peut aussi jouer des plans classiques sans forcément sonner comme son voisin... rien que pour ça, l'album vaut le détour.

Je me suis pour l'instant beaucoup focalisé sur le son, mais je trouve que c'était important tant il est du miel pour les oreilles (Mouarf !).
Mais attention, musicalement, ça tient grave la route.
Le groupe est aussi inspiré que sur les albums précédents et se permet de nombreuses respirations "ambiantes" lui permettant de varier les atmosphères et les dynamiques.
Volontiers péchus, les musiciens semblent moins focalisés sur l'agressivité musicale et sur la violence des attaques que sur la noirceur des mélodies et l’âpreté des tritons qu'ils utilisent.
Evil et sombre, l'album oscille entre le caractère teigneux de chanson comme "What if..." et " My Shroud, My scars" et la menace sourde, vicieuse et permanente présente dans les sinueuses "Emotional control" ou "The lie Whithin".
Deux mots d'ailleurs sur "The lie Whithin" qui avec sa mélodie sortie des enfers de la perfide Albion prend des allures de chaos orgasmique à t'en décapsuler le joyeux.

Plus groovy encore et en place que sur les albums précédents, le groupe a beaucoup travaillé sur le squelette rythmique des chansons et sous une apparente facilité cache un joli travail de mise en place et de décalages subtils.
Sans enlever au travail du guitariste, je relève surtout le très bon travail de la section rythmique qui montre une excellente coordination et une complicité de tous les instants.
Les riffs restent néanmoins le ciment des chansons et en se balançant au gré des influences du groupe, se dégagent quelques moments de virils accrochages très efficace.
Seul le chant au final reste à sa place, tour à tour hurlé comme dans le Thrash et guttural comme dans le death. Muni d'un joli timbre crasseux, le chanteur grogne comme un vieux Kargal enragé et arrive à envoyer le bouzin avec des moyens d'expression quand même relativement limités.
Je pense qu'on doit appeler ça du talent maintenant que j'y pense.

Avant de me décider pour une sélection, il me faut toujours un peu de temps et beaucoup d'écoutes. Plus j'ai écouté ce "Journey Through a devastated mind" et plus je l'ai adoré.
Entre la violence débridée des chansons agressives comme "What if...", les ambiances déliquescentes de "Emotional Control" et les instants de grâce présents à tous les carrefours de cet album, rien à dire, on tient là un super album. Je dirais même plus, un super album !


Rédigé par : Pamalach | 17/20 | Nb de lectures : 13951