Après les chros de printemps de Prince De Lu relatant les dernières aventures des héros de la scène black norvégienne je suis bien tenté, en vil opportuniste que je suis, de reprendre le concept pour l’appliquer aux héros du thrash allemand, SODOM et TANKARD sortant en effet à quelques semaines d’intervalle leur onzième et treizième album, respectivement… :o)

Opportuniste oui, mais avant tout couard de championnat… Je me contenterai donc finalement d’une chronique bien conventionnelle et éviterai par la même occasion quelques rafales mortelles de biscuits chocolatés ou pire… vanillés !

TANKARD a connu quelques galères en vingt ans de carrière, mais tel un vieux pochtron il s’est toujours relevé l’air de rien après s’être vautré, continuant son chemin en suivant le filet de binouze dorée qui le mènera un jour à la Mystérieuse Cité d’Orge. Paradis éthylique et promesse de bitures éternelles, elle n’a jamais semblé aussi proche et ce sont sans doutes les premiers effluves houblonnés émanant de ses intarissables fontaines qui ont redonné à nos thrasheurs une telle pêche ! Honte à moi qui ait un jour douté de la chope qui thrashe !

J’ai fait l’impasse en effet sur « Beast Of Bourbon » (2004) en me basant sur l’impression laissée par les albums récents « B-Day » (2002) et « Kings Of Beer » (2000) qui, bien que rassurants après les décevants « The Tankard » (1995) et « Disco Destroyer » (1998), sentaient néanmoins le pilotage automatique même si les vannes et les textes relatant les éternelles quêtes d’alcool nocturnes étaient toujours bien poilants.

Il s’avère donc à l’écoute de « The Beauty And The Beer » que loin d’être en perte de vitesse, TANKARD est plus en forme que jamais et toujours aussi rigolard et soifard (« We Still Drink The Old Ways », « Frankfurt : We Need More Beer »). Bien entendu, pas question d’attendre de ces gars là une quelconque évolution, la seule concession accordée à leur époque est l’engagement depuis quelques albums d’un producteur capable de leur donner un gros son, en l’occurrence Andy Classen (CALLENISH CIRCLE, HOLY MOSES, DISBELIEF, DEW SCENTED). Et encore, la prod a cette clarté moderne que n’avaient pas celles des années 80, mais le grain des guitares est parfaitement restitué et elle reste malgré tout plutôt crue et agressive. Pour le reste, c’est du thrash 20 ans d’âge garanti à fond les ballons et sans adjonction de voix claires, death, synthés et autres bidouilleries qui sont légions de nos jours ! Andreas « Gerre » Geremia hurle tout ce qu’il peut, constamment à la limite de la rupture, et son pote Andy Gutjahr tronçonne comme s’il voulait faire du petit bois de sa guitare… même constat avec Olaf Zissel qui semble avoir un sérieux contentieux avec sa caisse claire :o)

Vous l’aurez compris, ce nouveau TANKARD ne déstabilisera pas les fans du groupe et n’a pas été conçu pour emballer les filles, mais bien pour headbanguer comme des sauvages et se taper des séances de air guitar d’anthologie sur les solo et les riffs insolents d’efficacité ! « The Beauty And The Beast » est homogène, sans temps mort et presque plus intéressant en fin d’album, on ne peut finalement guère lui reprocher que d’être simplement un bon album (certainement le meilleur de TANKARD depuis longtemps) et pas une tuerie intergalactique… Metal To Metal, Guts To Guts (« Metaltometal »)


Rédigé par : Dungorpat | 14/20 | Nb de lectures : 14626