Après un premier EP et une soixantaine de dates en France, Tal K Mas nous arrive donc avec un premier album intitulé « Le fils des cendres ».
Originaire de Toulouse, le groupe a pris le temps de bien penser les choses en proposant un album très fouillé et produit par leurs soins.
Visiblement influencé par les groupes aimant les métissages musicaux, Tal K Mas expérimente les sons, les ambiances et les humeurs.
D’une tonalité mélancolique, les mélodies sont plutôt mineures, laissant çà et là échapper quelques petites dissonances bienvenues.
L’album est composé de 13 morceaux, tous assez longs et plutôt complexes dans leurs constructions.
Incontestablement, les garçons en veulent, ils sont bosseurs et n’ont pas peur de présenter des chansons pas forcément évidentes au premier abord.
Ca chante plus que ça rappe, ça groove plus que ça blaste et ça cherche à construire plus qu’à détruire.
Ici pas de refrain jumpisant, pas de riff néo et pas de filiation avec les « cadors » français de la fusion.
Il semble y avoir une volonté réelle dans cet album de ne pas plagier les groupes qui ont balisé ce style de musique. Les Tal K Mas veulent s’affirmer.
Les gars parlent de leurs influences de cette manière :

« Deftones meets Saïan Supa
Incubus meets Psykup
Medine meets Feeding
Busta Rhymes meets Gojira »

Le metal fait certes partie de leur univers mais il n’en est pas une composante fondamentale. Il y a certes plusieurs riffs burnés et quelques plans à la double fort sympathiques mais la violence n’est définitivement pas la fondamentale de Tal K Mas : Elle en est une facette.
C’est d’ailleurs peut-être pas plus mal car beaucoup de groupes évoluant dans cet univers ont parfois tendance à vouloir absolument faire du « grabuge » comme si finalement la diversité n’était là que pour cacher le manque d’inspiration quand ils n’arrivent plus à faire du gros riff.
Tal K Mas n’appartient définitivement pas à cette école n’hésitant pas à s’affirmer au travers de la mélodie et du groove.
Le chant est d’ailleurs bien maîtrisé puisqu’il alterne les cris et le chant avec quelques petites intonations à la Reuno (Lofofora) et à la Brandon Boyd (Incubus).
Cependant l’aspect Hip Hop n’est pas si marqué que ça. Les chansons ont souvent un tempo tranquille mais le flow du chanteur ne me renvoie pas au débit rap classique même si on retrouve quelques bribes ragga. La volonté première des Tal semble de vouloir que l’auditeur puisse comprendre tout ce qui se dit.
Les paroles sont denses et explorent au fil des titres des sujets sombres sans les aborder d’une manière simpliste. Certaines chansons font parfois penser à des « contes ».
« Carrie » par exemple est un morceau étrange. Librement inspiré du morceau « Carrie » du groupe Ipecacuana, le groupe semble se retrouver dans cet univers trouble, un brin torturé et un peu nébuleux. Au final néanmoins cela fonctionne.

La prod est comme je le disais plus haut « At home » avec la participation de Baptiste B. (MOPA, SIMONE CHOULE).
Le son général démontre d’un travail très important qui a dû nécessiter de longues heures de prises de tête. Même si ce n’est pas du punk Garage on regrette tout de même un certain manque de spontanéité tant au niveau de la prod que de la musique. Tout est très travaillé et au final le côté « in your face » en pâtit un peu.
C’est certainement voulu, le groupe ayant une approche plus « progressive » que « punkoide » dans ses morceaux.
L’homogénéité est du coup au rendez-vous bien que quelques morceaux se démarquent des autres : « Kalifora », « Notre bonheur » ou encore « Bachyd ». Ce dernier morceau représente assez bien Tal K Mas avec sa structure à tiroirs, des harmonies vocales arabisantes et quelques « métalleries » bien senties. « Numerus Clausus », « Jade », « Issak » sont autant de titres qui ne demandent qu’a être explorés. Le seul titre des chansons devrait déjà vous aiguiller sur le fait que Tal K Mas souhaite s’exprimer avec ses règles à lui et surtout ses mots à lui.

Pour tout ceux que les chemins tortueux n’effrayent pas et pour tout ceux qui ne jurent pas exclusivement par le métal venez faire un tour du côté de Tal K Mas.
L’artwork est très réussi à l’image de la pochette où apparaît cet enfant aux yeux perçants et aux dents serrées. Tal K Mas aborde sa musique avec grand sérieux et a encore certainement bien des cartouches à mettre dans son barillet.


Rédigé par : Pamalach77 | 14/20 | Nb de lectures : 10285