Au rayon des approches anti-commerciales, on pensait avoir tout vu mais voilà qu’un drôle de groupe de Glasgow pousse un peu plus loin le bouchon au point de faire passer son identité pour un détail secondaire ; son nom : TAKE A WORM FOR A WALK WEEK.

Avant même de jeter une oreille sur cette première galette des Ecossais, la perplexité est de rigueur car le contenant ne laisse filtrer aucun embryon d’information. Pas de nom, pas de titre, pas de tracklist et cela continue jusqu’à l’intérieur du livret présentant une prolongation d’une cover déjà très originale. Corps enchevêtrés, charnier stylisé d’écorchés ou orgie digne du livre des records, TAKE A WORM FOR A WALK WEEK ménage le suspens pour me pas influer d’une quelconque façon sur la musique qui va suivre.

Et puis, c’est la déferlante. Le déchaînement passionné d’un chaos tenant aussi bien du grind que du noisecore. Les titres sont d’une fulgurance telle que la totalité des treize morceaux présents sur ce disque ne dépasse qu’à peine le quart d’heure. Pourtant, dans ces quelques quinze minutes, TAKE A WORM FOR A WALK WEEK nous balance un véritable concentré d’adrénaline d’une intensité presque indigeste. Les riffs bouillonnent sous une rage contrôlée lorsqu’ils ne partent pas dans de spectaculaires vrilles épileptiques. Le chanteur hurle à s’en coller une hernie comme le ferait un Jacob Bannon. Les accords et les rythmiques se télescopent dans une frénésie inquiétante mais pas aussi déstructurée qu’elle n’en à l’air, bien au contraire.

On songe à AGORAPHOBIC NOSEBLEED, EYEHATEGOD, ainsi qu’à une pointe de CONVERGE. TAWFAWW fait partie de ces groupes pointus ayant pris le parti de cultiver leur différence musicale.

Cependant, on s’aperçoit, ces temps-ci, que ce noisecore grind aux antipodes de la mélodie, voire même de la musicalité, commence à s’essouffler et à perdre progressivement de son impact, de sa substance pour nous embarquer vers une scène élitiste réservée à quelques initiés capables de saisir toutes les nuances et toute la douleur de ce genre de musique.
TAWFAWW fait donc partie de ces groupes arrivés trop tard ou trop tôt avant une régénérescence du genre. Ce premier disque, si impressionnant au prime abord, se révèle finalement assez convenu et on préférera à ces Ecossais, des formations moins hystériques et peut-être moins caricaturales tels CARBOMB pour ne citer qu’eux.

Il va de soi que ce premier disque éponyme ne sera réservé qu’à un public bien averti adepte d’un noisecore bien barré. Les autres passeront leur tour au bout du deuxième morceau. Pourtant, ils sont courts.

Je vous recommande particulièrement le site officiel du groupe, dans le genre étrange, ça vaut le coup d’œil.


Rédigé par : Tonton | 6,5/10 | Nb de lectures : 10138