Taint, power-trio gallois explosif, a déjà beaucoup fait parler de lui avec la sortie de son premier album. C’est en effet en 2005 que « The Ruins Of Nova Roma » sortait sur Rise Above, (label de Lee Dorian, qui après avoir fourbi ses cordes vocales chez Napalm Death, devint chanteur de Cathedral, les légendaires stoner-doomeux britons) et que le groupe recueillait ses premières louanges.

Difficile de catégoriser le style de la formation, nourrie de doom, de stoner, mais aussi de punk-hardcore, tant dans le son que dans l’éthique, comme en témoignent la sortie de son premier MCD sur Household Name Records, ses concerts en compagnie de pointures de la « scène » comme Converge ou Earth Crisis, ou encore les tournées en compagnie de Blutch, Knut ou Clutch. Si la musique du trio a souvent été affublée de la terminologie « sludge », cette dernière s’est vite avérée insuffisante, car par trop restrictive. Disons tout simplement que Taint envoie du lourd tout en étant véloce, sait être direct sans être simpliste, et peut se montrer complexe tout en restant intelligible… c’est dire si la sortie de ce deuxième album était attendue.

Secrets And Lies, c’est le nom de la galette, sort encore sur Rise Above, et se présente avec un artwork très typé cabaret, extrêmement loin de l’esthétique « chaotique » développée avec le premier album : ce changement d’imagerie serait-il annonciateur d’un changement stylistique ? Que nenni mon ami ! La légendaire intensité rock’n’roll du trio n’a pas cédé un pouce de terrain à une quelconque orchestration de train fantôme ou de revue du Moulin Rouge. C'est même pire, car la férocité du trio semble décuplée, encore une fois parfaitement mise en valeur par la production d’Alex Newport (ex-Fudge Tunnel et Nailbomb, devenu producteur de renom depuis). Bien sûr, l’effet de surprise est passé, « The Ruins Of Nova Roma » ayant déjà beaucoup tourné sur les platines, mais cet opus ne décevra pas les amateurs éclairés qui se seront rués sur ce disque dès sa sortie (le 23 octobre), ni les curieux aiguillonnés par le buzz (bien mérité) dont le groupe bénéficie depuis quelques temps. Heureusement, Taint ne se contente pas de nous resservir la même recette (tellement efficace il est vrai) stricto-sensu, comme en témoigne le morceau épique et limite progressif « What The Crow Saw », qui pourrait bien évoquer Jethro Tull avec son tambourin et sa flûte (de pan ? traversière ?).

Pas de révolution donc, mais une réelle évolution, pour un groupe qui nous offre le plaisir de ne pas s’être endormi sur ses lauriers. Basse et batterie sont toujours aussi solides (et c’est un euphémisme) et œuvrent de concert pour offrir une rampe de lancement rythmique et sonique à un chanteur-guitariste toujours impressionnant, tant par sa voix hargneuse que par l’efficacité de son jeu… Taint continue de proposer une musique heavy moderne dévastatrice à la croisée du métal, de la noise, du punk-hardcore et de certaines « posteries » sans sonner réchauffé, et c’est tant mieux.


Rédigé par : NicoSata | 14,5/20 | Nb de lectures : 10981