Dimmu 77 : Vous êtes déçus du dernier KMFDM ? Vous désespérez d’attendre un vrai album de Die Krupps ? Vous ne reconnaissez plus Combichrist ? Vous ne… Bon j’arrête cela pourrait durer longtemps. Eh bien les Nantais de Systr ont pensé à vous et nous amènent ce "Gazole" à point nommé pour tout fan de rock electro/indus.

Formé en 2008, le groupe déjà bien expérimenté en tournant avec Punish Yourself, Lycosia, Tamtrum et KMFDM entre autres, se lance dans la composition en 2010 pour une sortie cette année, et la première chose marquante est la surprenante maturité pour un premier album dans un style souvent casse-gueule. Alors certes, on dénote plusieurs influences majeures, mais comment pourrait-il en être autrement vu la musique pratiquée, et surtout cela ne nuit nullement à l’originalité des compositions, au contraire.

Et dès de départ, le titre "Gazole" (le plus metal de la galette), envoie du lourd : puissance supersonique, double grosse caisse, arrangements à la KMFDM (que l’on va retrouver assez souvent), voix saturée, du lourd je vous dit. Kerozen aux claviers et Bagger se partagent les vocaux, et ce dernier module entre chant rock et chant goth pas très éloigné de Whiplasher des bien connus Deathstars, notamment sur les trois bombes bien dansantes que sont "Dbmb" et son refrain vocodé, l'hyper dynamique "The race" au bon beat electro et "Point break" véritable machine à bouger et à pogoter (bah oui ça pogote aussi sur l’electro/indus ^^). Et que dire du tube "Understanding" dont le refrain va vous plonger au cœur du dance-floor, putain de hit en puissance !

Le groupe privilégie toujours les mélodies, et il est facile de mémoriser les titres afin de les fredonner en permanence, les synthés bénéficient d’une belle présence sans trop prendre le dessus des guitares ("Protect your horizons"), ceci grâce à une production vraiment réussie. "All given words" étend l’univers de Systr vers une partie plus atmosphérique avec une référence aux excellents Lycosia alors que le trippant "Remaining silence" agrémenté de la jolie voix de Romy Pantélidis nous emmène dans un mélange de dub et de guitares lourdes, titre qui dénote du reste des compositions tout en restant fort sympathique.

"Sportswear" est du coup peut-être le titre le moins intéressant, au phrasé discutable, bien que conservant une certaine puissance. Mais on pardonnera cela avec "Superheroes", dernière piste qui résume à elle toute seule la qualité de "Gazole", Romy y participant et renforçant du coup l’influence de KMFDM.

Vous l’avez compris, "Gazole" est une petite perle dans le paysage electro/indus, impressionnante de justesse et d’équilibre souvent compliqué à mettre en place, et qui n’a absolument rien à envier à une formation internationale. Chapeau les gars !!!
Et dire que les premiers extraits du prochain album sont déjà prometteurs !

Note D77 : 17/20

ZeSnake : Nous voici donc en présence du premier album des français de SYSTR (pour SYmbiotic STRidulations), combo qui existe en réalité depuis 2005 mais qui n’a vraiment débuté les hostilités qu’en 2008 avec un line-up complet. Curieusement signé sur un label italien pour son premier album, SYSTR pratique donc un Metal-Electro/Indus à la croisée de plusieurs chemins. Les influs « américaines » sont donc bien présentes (KMFDM -qui, je sais, est allemand mais installé aux US depuis un petit moment-, HANZEL UND GRETYL, ROB ZOMBIE, FLESH FIELD…) mais on pourra bien évidemment retrouver des touches Electro-Goth à la DEATHSTARS tout autant que des sonorités évoquant DIE KRUPPS voire des groupes d’EBM. Et le résultat est classique, mais ma foi très réussi.

La faculté qu’à SYSTR, c’est de trouver un équilibre parfait entre Metal et Electro dès son premier album. Alors que d’autres formations démarrent direct dans l’un des deux aspects pour s’affiner par la suite, SYSTR n’hésite pas à balancer d’emblée un mélange très maîtrisé, qui pourra plaire aux amateurs de Metal-Indus tout autant que les fans d’Electro/Indus pure. Le côté Big Beat nous accueille dès "Gazole" tout autant que les gros riffs bien percutants, et le chant fédérateur à la Sascha Konietzko. SYSTR sait ensuite varier son propos tout en gardant une ligne directrice, avec le plus goth "DBMB" (aux sonorités bizarres et vraiment originales, comme du BLOOD STAIN CHILD mais en mieux), le départ de "The Race" façon DAFT PUNK, et globalement l’aspect purement électro qui est très fouillé à l’image du plus Techno/Trance "Point Break" (toujours marié à des riffs efficaces). Le début de "Protect Your Horizons" me fait d’ailleurs pas mal penser à du DIVISION ALPHA période Palingenesy, impression confirmée à plusieurs égards par Gazole notamment dans le chant « goth » que je trouve très proche de celui des nordistes. Mais malheureusement, ledit chant « goth » est pour moi assez moyen, avec souvent un accent trop « français » et c’est un peu dommage, surtout que tous les autres chants sont excellents (notamment les vocaux plus clairs). SYSTR aligne les morceaux immédiats aux très bons refrains, mais il est tout de même difficile d’en dégager un véritable tube, Gazole étant plus un album à déguster dans sa globalité. A ce titre je ne suis pas convaincu par le final avec ces deux morceaux à chant féminin, qui n’arrivent pas à atteindre la classe d’un KMFDM dans ce registre.

Pour ses grands débuts discographiques, SYSTR nous livre un très bon album de Dancefloor-Metal dans sa globalité, avec ce qu’il faut de grosses guitares et d’Electro bien amenée et intégrée à la perfection. Le groupe a encore quelques points à améliorer, doit encore digérer ses influences, mais sera amené à faire des grandes choses car possédant encore une sacrée marge de progression. Album à réserver aux habitués du genre, mais album de qualité ni « trop » ni « pas assez » quelque chose. Du bon Metal-Indus/Electro tout simplement !

Note ZSK : 15/20


Rédigé par : dimmu 77 & ZeSnake | 16/20 | Nb de lectures : 13725