Depuis que j’me suis, par hasard (je pensais que c’était du hardcore car je retrouvais le nom dans la thanklits du ¾ de mes CD de l’époque) dégotté « Engineering The Dead » en 2001, je suis ce qu’on peut appeler un fan d’Aborted. Et de la voix de Sven. Car, si Aborted a pas mal évolué au fil des ans, on leur doit quand même une jolie triplette d’albums puissants et brutaux « as fuck ». J’étais donc pas mal intrigué en apprenant l’existence de ce projet mené de front avec sa douce moitié et quelques potes parmi lesquels Cole Martinez (Aborted), Andrew Lenthe (Antenora) et Mike Heller (Malignancy). Loin d'être des manchots quoi.

Et que fait tout ce petit monde quand il se réunit dans la même pièce ? Il joue de death metal pardi! Oui, mais pas que. Si la base musicale de SYSTEM DIVIDE est carrément death, tendance moderne mais avec une petite lichette de brutal pour faire plaisir aux vieux fans, je ne vous apprends rien, en vous disant qu'on y retrouve aussi une bonne partie de « metal with female voice » comme on dit. Et c’est là que tout se joue… que ça passe ou ça casse. Mais j’y reviendrai plus tard.

Parlons musique d’abord, je l’ai dit, SYSTEM DIVIDE c’est avant tout du death moderne qui avoine sévère. D’ailleurs le début des hostilités est lancé dès les premières secondes par une rythmique de batterie kalachnikov et la voix de Sven toujours aussi puissante et reconnaissable. Les riffs sont du même tonneau et on se prend un bon morcif de metôl dans les oreilles. On se met à headbanguer à en perdre les cheveux, ou la casquette c’est selon, avant de s’arrêter net séché par une envolée de voix féminine qui déboule comme ça, sans prévenir. On passe au morceau suivant et c’est pareil, du death et des growls interrompus par la voix de Miri. Ce sera pareil tout du long mais sans que ça ne colle vraiment. On a parfois l’impression tenace qu’un nouvel album d’Aborted a été enregistré sur les bandes du futur Nightwish. Ou un truc dans le genre. Les deux styles ici présent ont souvent du mal à cohabiter si bien qu’on a la sale impression d’écouter un collage musical plus qu’un vrai groupe. L’idée de mixer les deux styles n’est pas inintéressante mais on sent qu’il faudra encore un peu bosser pour atteindre un résultat vraiment cohérent et homogène.

Sinon, techniquement tout est là. Les musiciens savent composer et jouer de purs morceaux de death moderne, technique et putain de groovy. Les riffs démastiquent de la nuque à tour de bras façon Aborted mais avec une petite touche mélodeath ou « néo » slipknotienne comme sur « The Apex Doctrine » ou « Lethargy » par exemple. La voix de Sven est parfaite, alternant avec facilité growls « old school » et chant agressif metalcore. Miri, elle aussi, a un sacré brin de voix et rivalise tranquillement avec ses consœurs frontwomen de metal band. Le problème ne vient pas du talent des musiciens mais plutôt de leur (in-)capacité à mixer correctement deux genres antinomiques.

Je veux dire par-là que l’album est parfaitement écoutable sans les parties chantées et les nappes de claviers qui sont juste là pour recouvrir la musique pendant les parties vocales de Miri. C’est clairement là qu’on voit et entend les limites d'un groupe pourtant talentueux. Maintenant le mix fonctionne sur certains titres comme sur « An Intoxicating Affair » ou « Hollow », dès que la musique se fait plus lente et plus apaisée, tout de suite la sauce prend beaucoup mieux. Par contre sur certains titres parmi les plus brutaux (« Purity In Imperfection », « Vagaries Of Perception ») ça ne colle plus du tout et l’ajout de vocaux féminin sonne vraiment gadget. Un peu comme ces films récents projetés en 3D alors que ce procédé n’apporte absolument rien au projet. Par contre quand c’est maîtrisé ça donne des choses plus qu’intéressantes, ce qui laisse de bons espoirs quant à l’avenir du groupe. La base est là, les zikos talentueux et les deux styles maîtrisés, reste à trouver la formule magique pour faire coller le tout ensemble. C’est à SYSTEM DIVIDE à approfondir son concept et à se montrer peut-être plus aventureux dans son utilisation des claviers, des samples et des ambiances pour aboutir à un résultat vraiment cohérent quitte à se mettre à dos une partie des fans diehard d’Aborted. Car au niveau de l’artwork, des lyrics et de l’univers global du groupe, l’unité est réussie même si on voit clairement la patte de Sven. Il faut prendre ça en exemple et appliquer la même recette à la musique.

En l’état, l’album est parfaitement supportable, les parties brutales sont suffisamment réussies et variées que pour susciter l’intérêt tout du long mais ça ne suffit malheureusement pas à en faire un bon album. Le reste dépend de votre tolérance aux voix claires et féminines… Pour finir par une pirouette footbalistico-musicale, les joueurs sont irréprochables et talentueux, reste à trouver le coach capable de sublimer tactiquement l'ensemble. Quelqu'un sait si José Mourinho est fan de Metal ?


Rédigé par : Seb On Fire | 12/20 | Nb de lectures : 13531