La sensation du moment en matière de heavy/speed mélodique nous vient de République Tchèque. Symphonity, autrefois baptisé Nemesis le temps d’un album, est un bon exemple des bienfaits de l’élargissement de l’Union Européenne pour les groupes provenant de l’ex-bloc soviétique. Il est d’ailleurs bien difficile à la première écoute de deviner la localisation du combo tant sa musique n’a rien à envier aux ténors du genre. Ces grands noms qui sont aujourd’hui quelque peu à la traîne : Rhapsody est emmêlé dans une bataille juridique avec son management, Sonata Arctica a, à n’en pas douter, déçu avec son dernier album, tandis que Stratovarius n’est plus depuis le départ de Timo Tolki (même si les Finlandais ont annoncé leur intention de poursuivre sous ce nom sans leur guitariste à problèmes)… Bref, autant dire que Symphonity, avec ce "Voice From The Silence" très réussi, a indéniablement une carte à jouer et devrait ravir les fans des groupes précités.

Il est nécessaire de préciser que les Tchèques ont su se doter d’un atout majeur en la personne du chanteur allemand Olaf Hayer (Luca Turilli, ex-Dionysus), auteur d’une prestation de grande qualité, quoique très sobre, sur l’ensemble de ce disque. Pour le reste, il est vrai que la musique proposée par le combo n’apporte pas grand-chose de nouveau dans un genre ultra balisé : double pédale à outrance, éléments néo-classiques à la limite du pompeux, soli de guitares et de claviers supersoniques… Pourtant, cet album sonne étonnamment frais et constitue l’une des meilleures sorties du genre depuis des lustres. Bon mix entre morceaux speeds et titres plus ambitieux, "Voice From The Silence" est un disque équilibré. Alors bien sûr les titres enlevés sont majoritaires : « Give Me Your Helping Hand » (et son break limite jazzy), le hit de l’album « Bring Us The Light » (une pompe intégrale des titres les plus accrocheurs de Stratovarius, agréable à écouter néanmoins), et autres « Salvation Dance ». Les amateurs d’acrobaties guitaristiques seront d’ailleurs comblés à l’écoute d’un titre comme « Gates Of Fantasy », écoeurant de virtuosité.

La formation tchèque a néanmoins eu la bonne idée de lever le pied le temps d’une intéressante pièce en trois moments intitulée « The Silence », qui dépasse les 10 minutes. La musique se fait alors plus subtile, toute en atmosphères, comme le montre la très belle introduction au piano du morceau, faisant apparaître en fond sonore le remous des vagues, avant de laisser place à un passage très épique dans lequel la voix d’Olaf Hayer se marie à merveille à des chœurs majestueux. Sans aucun doute l’un des grands moments de cette galette, qui se termine cependant de façon moins intéressante avec deux titres plutôt quelconques.

L’originalité de Symphonity réside dans l’introduction de légers passages proches de la fusion dans des morceaux purement speed (« Gates Of Fantasy », « Give Me Your Helping Hand »). Et force est d’avouer que cela fait son petit effet. Saluons à ce titre la performance époustouflante de maîtrise du bassiste Tomas Celechovsky, qui forme une excellente section rythmique avec le batteur Martin Karoupka. Notons enfin que l’incontournable Sascha Paeth est de la partie (il s’est chargé du mixage de l’album) et que "Voice From The Silence" contient une plage cachée qui voit Olaf Hayer alterner les vocaux dans sa langue maternelle et en anglais.

Sans conteste l’une des révélations de l’année dans le style, Symphonity vient de frapper un grand coup. Cet album laisse en tout cas présager de très grandes choses pour l’avenir. Comme quoi ça peut parfois avoir du bon l’Union Européenne…


Rédigé par : up the irons | 15.5/20 | Nb de lectures : 10913