SYLVAN – Posthumous Silence (Musea) - 15/09/2006 @ 09h54
Originaire de Hambourg, SYLVAN nous livre son cinquième album dans un anonymat relatif. Cependant, il y a un buzz terrible autour de ce groupe dans le mini mini mini microcosme prog et si vous cherchez bien, de nombreux sites en parlent avec respect voire admiration. Deux sentiments que je partage sans restriction.
En mai dernier, lors de la kronike de Christ’O de Vanden Plas, il a été évoqué le nom de cet autre combo germanique tout aussi talentueux évoluant dans l’ombre de son compatriote. C’est une erreur qui devait être réparée, dont acte. (C’est Nuno777 qui va être content !)
Pour les avoir vu en concert en 2000 lors d’un festival, c’est à dire à leurs débuts, j’ai immédiatement senti – je n’étais pas le seul – l’énorme potentiel du quintet. Ils jouaient la quasi intégralité de leur nouvel album d’alors, Encounters et ils ont produit un tel effet sur le public présent qu’ils ont carrément éclipsé tous les autres participants du festival. C’est simple (ou triste), je ne me souviens pas d’eux.
D’abord les présentations : Sylvan se compose de 5 membres, tous les mêmes depuis les débuts. Les frères jumeaux Söhl, Kay à la guitare, Volker aux claviers, Sebastien Harnak à la basse, Matthias Harder à la batterie et Marco Glühman au chant.
Préalablement comparé à Marillion avec leur premier album (Deliverance), SYLVAN s’est vite démarqué de la formation britannique en durcissant sa musique pour glisser vers un alliage rock/métal progressif très fin et intelligent, privilégiant les arrangements soignés et les ambiances variées (Encounters). Après seulement 2 albums, il amorce un virage qui sera déjà déterminant dans sa carrière.
Les deux suivants n’ont fait que confirmer la classe et les aptitudes d’un groupe en perpétuelle évolution, s’efforçant à chaque sortie de proposer quelque chose de différent. Ce qu’il est parvenu à faire avec une assurance qui force le respect.
Or, donc, voici le dernier chapitre de cette évolution. Posthumous Silence est un concept album. Je sais que cette étiquette est souvent galvaudée, attribuée à tort et à travers. De plus, il est difficile de réussir l’équation entre le thème développé et la musique sensée l’illustrer. Nombre de formations n’y sont pas parvenues ou qu’à moitié. Ici, cette assertion n’est pas gratuite et le résultat est à la hauteur de l’ambition première. Mais, il ne peut s’apprécier que grâce à l’écoute d’une seule traite tant l’intensité émotive qui s’en dégage est prégnante. L’histoire : un père découvre le journal intime de sa jeune fille qui vient de se suicider. En le parcourant, il comprend mieux la souffrance qui l’a amenée à ce geste fatal. Il prend également conscience des erreurs commises et des actes manqués. Comme marqué au fer rouge, il s’en souviendra toute sa vie.
On le voit, le thème est sombre et triste, l’ambiance musicale est donc dans le ton. L’ouverture, Eternity Ends - des chœurs féminins sur fond de synthés expressifs - installe le rythme et la tonalité dramatique qui va présider tout au long des 15 titres. Avec Bequest Of Tears qui suit, le piano de Volker Söhl et la voix magique de Glühman déroulent une mélopée élégiaque qui vous prend à la gorge et qui ne vous lâche plus. Un climat que l’on retrouvera plus loin sur Pane Of Truth, dans un registre ballade rock ou le plus progressif The Colors Changed pour un canevas et un dénouement tout aussi remarquables. Les amateurs de métal prog ne sont pas oubliés et de quelle manière ! Dans ce répertoire, 2 pièces majeures tiennent le haut du pavé. Tout d’abord In Chains; construction brillante des différents thèmes avec une ligne de basse envoûtante qui les accompagne astucieusement. Symphonisme, élévation, puissance maîtrisée, on retrouve le SYLVAN qui explose les frontières du néo prog (qu’il magnifiera cependant à plusieurs reprises). Pourtant, c’est avec Forgotten Virtue que le quintet renoue avec la rage d’Encounters qui lui a valu tant d’hommages. Mais il la sublime par un chant plaintif, déchirant, tripal, d’une violence que seule la douleur d’un père meurtri par l’événement que l’on sait peut générer. Pour accompagner cette voix poignante, Kay Söhl prépare, retient puis finalement assène ses riffs comme des coups de hache. Les claviers de Volker Söhl font le reste pour nous offrir du métal progressif de caractère et digne de la plus haute caste. Les autres titres reviennent au répertoire néo prog mais célébrer à sa manière, c’est à dire contemporain, empreint d’éléments propres à une identité bien personnelle, faite de sensibilité et d’énergie habilement associés. Rien à voir avec « l’école britannique ».
En résumé, Posthumous Silence, c’est tout ça : une judicieuse stratification de structures sonores intenses composées d’une suite de plages mélancoliques de piano, arpèges ou accords plaqués avec force, des nappes irradiant la déréliction comme une vague impétueuse auxquelles succèdent des fulgurances métal puissantes, hargneuses de tout premier plan.. Par ailleurs, quelques développements lumineux bien dans l’esprit rock prog ou diverses parcelles d’obédience psychédélique s’enchaînent pour atténuer cette agressivité. Les mélodies travaillées marqueront votre esprit longtemps après leur écoute. Le tout forme un récit parfaitement harmonieux et qui déroule sa trame avec fluidité sans s’empêtrer dans le pompiérisme gratuit. La voix de Marco Glühman vient se poser avec justesse sur toutes ses variations. Je le répète, un chanteur unique, original à découvrir et à comparer avec la concurrence. Tout simplement un pur régal pour l’auditeur.
Personne n’en fait trop. La guitare distille des solos limpides sans fanfare. On pense au feeling d’un Rothery ou d’un Gilmour. Les claviers de Volker Söhl évitent la grandiloquence et l’affectation. Ses interventions savamment équilibrées sont les fondations solides de ce monument de progressif moderne et véritablement incontournable.
Si j’osais, je dirais que de nombreux éléments présents dans ce disque me rappellent un autre concept-album paru il y a 7 ans. Je veux parler de Metropolis Part 2 : Scenes From A Memory. Je n’irai pas plus loin pour vous laisser les identifier vous-mêmes.
Ai-je tout dit ? Oui, non ? Suffisamment j’espère pour vous donner envie. Il ne vous reste plus qu’à l’écouter et tout commentaire vous paraîtra inutile. Dans ce cas précis, la beauté se suffit à elle-même…


http://www.sylvan.de - 301 visite(s)

Plusieurs mp3s - 355 téléchargements


Rédigé par : Karadok | chef d'oeuvre/ | Nb de lectures : 13933




Auteur
Commentaire
nuno777
Membre enregistré
Posté le: 15/09/2006 à 10h13 - (33170)
Effectivement Karadok, je suis pleinement satisfait que soit rendu hommage à cette formation si talentueuse. Je remarque que la popularité du groupe se fait grandissante car l'excellent Bertrand Pourcheron a classé ce disque comme son disque du moi(s)dans un récent Rock Hard. Les groupes de talents trouvent toujours une certaine reconnaissante (sauf King's X...).
J'adhère totalement avec cette chronique même si la comparation timide mais osée avec Metropolis Part2 me semble un peu tirée par la tignasse. On mettra cela sur le compte de l'enthousiasme, que je comprends aisément au vue de l'oeuvre chroniquée.



nuno777
Membre enregistré
Posté le: 15/09/2006 à 10h20 - (33171)
Je remarque avec plaisir le retour des chroniques du très vénéré Karadok, ça faisait un bail que je n'avais pas grand chose à me mettre sous la dent ces temps-ci en chronique Prog. Il est vrai que l'actualité prog est assez pauvre en ce moment ( seuls GPS et A.C.T égayent cette fin d'été).

karadok
Membre enregistré
Posté le: 15/09/2006 à 10h43 - (33176)
salut et merci Nuno.
1) le rapprochement avec Metropolis est plus dans la globalité du concept. Bien sûr, la musique de DT n'a rien à voir avec celle de Sylvan mais je trouve que l'idée générale est dans le même ton. Mais, c'est un avis bien personnel.

2) En effet, la rentrée est plutôt tristounette. Et ce n'est pas Frost qui va me faire changer d'avis. Par contre, j'attends impatiemment le nouveau White Willow. Pas toi?


nuno777
Membre enregistré
Posté le: 15/09/2006 à 11h23 - (33179)
Karadok, si tu compares la densité du concept des deux albums alors je ne peux être que d'accord. Le concept de DT était selon mon point de vue plus "cinématographique" ( avec ces bruitages et ces vidéos illustrant certains passages clef que l'on peut voir dans le live à new york).
Concernant Frost je suis aussi déçu, je m'attendais à autre chose, plus proche de Kino sans doute...

En revanche, je ne connais pas trop White Willow. Je sais que j'ai leur dernier album qui traîne sur un de mes mp3 mais je n'ai jamais eu la curiosité de l'écouter. De plus ce groupe est doté d'un chant féminin, sauf erreur de ma part. C'est ce qui a sans doute inhiber toute curiosité. Mais tu as éveiller un certain intêret en m'en parlant.

J'attends plutôt la parution du dernier ACT et du prochain Spock's beard.

karadokajudokasumo777
Invité
Posté le: 15/09/2006 à 16h41 - (33203)
euhh... dsl d'interrompre votre dialogue, mais c'était juste pour dire que c'est très sympa a écouter tout ca ! idéal pour s'endormir les oreilles avant la sieste... ^^

Mat
Membre enregistré
Posté le: 15/09/2006 à 19h55 - (33225)
Je vais écouter ça, ça m'a l'air très intéressant...

Doudou
Membre enregistré
Posté le: 16/09/2006 à 08h24 - (33234)
J'ai trouvé une alternative à Marbles de Marillon on dirait bien.



Galan Dracos
Membre enregistré
Posté le: 16/09/2006 à 11h08 - (33237)
Je vais essayer ce truc, la chronique est alléchante !

nuno777
Invité
Posté le: 16/09/2006 à 12h56 - (33241)
c'est un peu plus heavy que Marillion quand même...

Specky
Invité
Posté le: 16/09/2006 à 15h18 - (33246)
Un des albums de l'année pour moi. Tout simplement. Mais PK n'est-il pas dans la selection ??

ouaiiiiiiiiiiis
Invité
Posté le: 16/09/2006 à 17h24 - (33250)
ouaiiiiiiiis
vive le prog, c'est bein ces chros. Le GPS est aussi génial et le A.C.T va être magnifique comme d'hab !
vive le prog et mort aux flower kings ! ! !

fifi59
IP:195.93.102.40
Invité
Posté le: 23/12/2006 à 18h09 - (36936)
Un album d'une classe phénoménale, avec de superbes mélodies et une interprétation haut de gamme ! Quand je pense que je viens seulement de découvrir ce groupe ! Honte sur moi !! Merci encore à Karadok pour les deux chroniques de ce groupe !

wiwi
Membre enregistré
Posté le: 16/01/2007 à 09h57 - (37544)
Ça faisait longtemps que j'avais pas entendu quelque chose d'aussi beau et d'aussi bien foutu.

Quel putain d'album.

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