2009 aura été riche en rebondissements musicaux divers et variés. Entre les albums que l’on attendait avec impatience et qui se sont avérés être des pétards mouillés (1349, qu’êtes-vous devenus ?) et les bonnes surprises auxquelles on ne s’attendait pas (Kiss, Megadeth, welcome back !), cette année nous aura prodigué bien des sensations. Mais la palme de la baffe que l’on n’avait pas vu venir revient sans conteste aux quatre Suisses de Sybreed, dont le troisième album studio n’aurait pu trouver titre plus approprié.

Bien sûr, le combo a toujours bénéficié d’un capital sympathie non négligeable grâce à ses deux premiers opus fort intéressants, en particulier « Antares » (2007) qui dessinait les contours d’une personnalité en pleine maturation. Mais même avec une boule de cristal de dernière génération, il était impossible de deviner qu’il ne faudrait que deux années à Sybreed pour passer de la catégorie « espoirs » à la première ligne du tableau d’honneur. « Slave Design » et « Antares » faisaient de belles promesses, « The Pulse Of Awakening » les tient (et bien plus encore).

Dès “Nomenklatura”, la progression accomplie par le groupe en l’espace de deux années saute aux oreilles. C’est comme avant, mais ça n’a plus rien à voir. Les ingrédients sont les mêmes, mais les bougres ont trouvé la formule magique, le dosage parfait. Rien ne coince, la machine est parfaitement au point et tourne comme une horloge (suisse). Il remonte à quand, le dernier album entendu dont les 8 premiers titres pourraient tous être des singles potentiels ? Tout apparaît tellement évident qu’on frise le délire absolu. Non pas que la musique de Sybreed soit facile (loin de là !), mais elle apparaît tellement naturelle que la première écoute de l’album se fait le sourire aux lèvres. Ces rythmiques hypnotiques, ce groove contagieux, et ce putain de chant protéiforme (sur lequel nous reviendrons) : tout concourt à l’excellence.

Evidemment, le mix de Rhys Fulber (Paradise Lost, Front Line Assembly…) n’est pas pour rien dans l’efficacité de « PoA », mais il faudrait être de bien mauvaise foi pour attribuer à la seule mise en son la prodigieuse efficacité de la rondelle. En un album, Sybreed se paye le luxe de poser les nouvelles bases d’une alternative au cyber metal tel que nos grand-mères le connaissaient déjà. Exit le pompeux, le martial de fête foraine, dehors les bidouillages electro à deux balles, aux chiottes le dance metal où seul compte le beat aliénant : l’univers des Suisses est un élégant mélange de pop, de new wave, de metal extrême et de mélodies imparables mis au service d’une jouissive heure de MUSIQUE. Elle-même transcendée par la voix incroyable de Ben, qui fluctue avec un naturel désarmant entre un chant arraché crédible et une voix claire sublime qui rappelle régulièrement ce que Dan Swanö a su faire de mieux dans le genre(le premier Nightingale, pour ne pas le nommer). De lignes aériennes en refrains géniaux (mention spéciale à « Electronegative »), le bonhomme illumine « PoA » de son travail magnifique jusqu’au « From Zero To Nothing » final qui laisse l’auditeur ébahi appuyer à nouveau sans même y réfléchir sur la touche « Play ». Pour la petite histoire, on mentionnera la présence d’une cover de « Love Like Blood », le monument de Killing Joke qui colle parfaitement à la patte Sybreed. Mais ce titre – aussi mythique soit-il – ne fait même pas ici figure de chef-d’œuvre, tant il est bien entouré !

Oubliez un instant les étiquettes, quand bien même vous êtes allergiques habituellement à tous les styles rattachés au groupe et mentionnés ci-dessus (c’est en partie mon cas, pour être honnête). A ce niveau de qualité, on se fout intégralement que Sybreed pratique l’electro truc, le chose metal, ou le cyber-n’importe quoi. La pleine réussite de « PoA » le dispense aisément de classification. La seule catégorie dans laquelle cet album doit immanquablement figurer est celle des disques essentiels qui innovent et apportent un vrai plus.
Et accessoirement, vous l’aurez compris, dans celle des meilleurs albums de l’année 2009.




Rédigé par : Rahahaaz | 18.5/20 | Nb de lectures : 15399