Ah ça, il avait fait son petit effet le premier album des suisses de SYBREED! En effet, en déboulant avec un cyber metal décapant à une époque où FEAR FACTORY se cassait allégrement la gueule, c'est rien de dire que l'on voyait en eux les fers de lance du style. Eh bien avec « Antares », SYBREED confirme tout le bien que l'on pensait d'eux. Imaginez « Slave Design »; prenez l'ensemble et sublimez-le grâce à l'expérience acquise en 2 ans. Vous avez entre les mains cette nouvelle galette qui frôle la perfection.

SYBREED n'a en rien ramolli sa musique. On retrouve tout ce que l'on aimait, à savoir les riffs de guitares tranchants et vicieux qui n'auraient pas reniés les STRAPPING YOUNG LAD, FEAR FACTORY ou SOILWORK, les parties mélodiques subtiles qui arrivent en véritables bouffées d'air frais, les arrangements électro-indus insérés avec intelligence et maîtrise (à une exception près sur l'intro de « Revive my Wounds » où l'électro laisse la place à la batterie d'une manière plutôt malvenue), la voix de Ben oscillant entre décharge d'agressivité, clareté mélodieuse et effets robotiques, le tout surboosté par une batterie assassine signé Dirk Verbeuren dont les cassures rythmiques cassent le crâne... Mais tout, je dis bien tout, porté à l'échelon supérieur!

Le travail de composition élaboré sur « Antares » est énorme, les compos ne sont à aucun moment répétitives et on en prend plein le beignet pendant 57 minutes. Véritables montagnes russes, les plans s'enchaînent avec une facilité déconcertante, le groupe arrivant à mêler tout ce qui constitue leur background musical, du death mélodique au metal-indus clinique en passant par la new-wave, le rock ou même quelques soupçons d'ambiances goths. Laissez-vous dévaster par le riff sonique typiquement townsendien de « Revive my Wound » ou celui très meshuggien de « Permafrost », laissez-vous porter par l'instru inquiétante digne d'APHEX TWIN de « Ex-Inferis », savourez la détresse et l'émotion suscitée par les refrains de « Neurodrive », « Permafrost » (encore et toujours) ou «Emma-0 » à la sincérité scotchante dont les mélodies auraient pu être pondues par DEPECHE MODE ou THE CURE.

Machine de guerre dévastatrice, la formation suisse n'oublie pas de construire des morceaux plus basés sur les ambiances ou les mélodies que sur la puisance écrasante de ses riffs, à l'image du très réussi « Orbital » (l'influ Devin Townsend se fait ici encore sentir) ou du très pesant et non moins réussi « Ethernity » qui est marqué par des guitares flirtant avec le doom et un Ben tout en finesse et en sensibilité, signe qu'on peut très bien envoyer du bois et savoir jouer sur la corde sensible avec intelligence sans tomber dans le cliché. Tout est si bien mêlé que SYBREED pond un album à l'unité exemplaire, développant un univers musical qui lui colle de plus en plus à la peau, la marque des grands. Je n'ose même pas parler de la production titanesque qui butte carrément.

Listenable Records a bien fait de récupérer SYBREED dans son catalogue car si le groupe dépeint un univers futuriste sombre, désespéré, proche de la fin du monde, son avenir l'est beaucoup moins avec un album de cette trempe. Bravo les gars et encore merci de pondre de tels joyaux!




Rédigé par : Foofur | 17,5/20 | Nb de lectures : 16352