Plutôt que de nous proposer une croisière voluptueuse sur l’un des fleuves des enfers, c’est à la nage que les Bordelais de SWIM IN STYX ont décidé de nous faire parcourir leur univers. Prévoyez quand même une p’tite laine parce qu’à « Zero Kelvin » (le zéro absolu), on se les pèle méchamment et les attributs les plus virils pourraient plus tenir du bigorneau une fois sortis de la flotte.

Mais recentrons le sujet si vous le voulez bien. Symbol Muzik est une sous division de Brennus Music, très respectable label bien connu pour ses affinités moult fois revendiquées avec le heavy metal. Difficile de trouver des informations sur les activités souterraines de Symbol mais il semblerait que ce département donne dans un métal plus moderne et voire même agressif dans le cas présent, que son vénérable aîné pyrénéen.

Parti d’inspirations, paraît-il power metal, SWIM IN STYX ne fait pas dans la simplicité pour son premier chapitre discographique. En effet, il n’est pas franchement utile de retourner l’album dans tous les sens pour détecter l’influence majeure qui a dicté l’orientation de « Zero Kelvin » car le quatuor français semble avoir fait une fixation sur MESHUGGAH. A tel point qu’il apparaît même comme rigoureusement impossible de ne jamais voir figurer le nom du groupe suédois accolé à celui de SWIM IN STYX dans le moindre article qui découlera de ce disque.

Sur « Zero Kelvin » tout semble avec été pensé dans la même logique, la même mathématique rythmique qui caractérise le meilleur de ceux qu’on surnomme affectueusement MESHUG. Braillements au débit presque parlé volontairement monocorde, gros riffs hypnotiques, ambiance glaciaire propice au titre comme au visuel de l’album et surtout une section rythmique absolument monumentale versée dans l’art de la cassure de tempos, du décalage chirurgical qui donne tant de mal au commun des mortels qui n’a pas eu la chance de naître comme étant le fruit d’amours contradictoires entre une pieuvre et un ordinateur. Le plan sur lequel SWIM IN STYX se distinguerait un peu de son mentor serait sans doute celui des solos souvent récurrents dans la musique des Scandinaves. Dans ces conditions, vous comprendrez que nos Bordelais ont beaucoup de mal à faire oublier leurs influences et qu’hormis quelques passages récréatifs ambiants sur lesquels le groupe renonce, l’espace de quelques secondes, à son matraquage arythmique, « Zero Kelvin » souffre d’une certaine linéarité pouvant en rebuter plus d’un.

Mais malgré son attachement très (trop ?) prononcé à l’encontre de MESHUGGAH, SWIM IN STYX engendre ici un disque intéressant doté, qui plus est, d’une production à la hauteur du projet. On ne manquera pas, bien entendu, de saluer la performance écrasante d’une section rythmique bluffante sertie dans un écrin de riffs bien sentis car ne l’oublions pas, il s’agit là d’un premier album et on peut difficilement taxer SWIM IN STYX de clone sans leur accorder le bénéfice du doute. Après tout, quand on dispose d’une telle maîtrise du sujet, on ne peut que s’élever vers de plus vastes horizons. En creusant vers quelques ingrédients plus personnels, cela devrait évoluer dans le bon sens.
Affaire à suivre donc…


Rédigé par : Tonton | 14/20 | Nb de lectures : 10494