Attention, ne pas se laisser refroidir ni par ce nom à coucher à dehors, ni la durée plutôt rachitique de cette compilation (32 minutes) car on tient là la dernière pièce manquante du puzzle ASPHYX. Même si aujourd’hui il semble impossible de mentionner ce nom sans penser invariablement à Martin Van Drunen, les plus vieux se souviendront que durant les deux premières années d’existence du mammouth batave, c’était un dénommé Theo Loomans qui tenait le micro, son plus beau fait d’armes restant sa prestation hallucinée sur ‘Embrace The Death’, leur vrai-faux premier album resté dans un tiroir pendant six ans. Ce qui ne l’a empêche de brièvement rejoindre le groupe en 1996, où il ne restait alors plus que le batteur Bob Bagchus, juste le temps d’enregistrer le mal-aimé ‘God Cries’ avant de suicider en 1998 suite à une longue dépression.

Complètement ignoré à l’époque, SWAZAFIX (apparemment un nom chipé à un vieux titres de CARNIVORE) est donc en gros le groupe qui l’a occupé entre ‘Embrace The Death’ et ‘God Cries’. Groupe dont on ne connaît hélas que très peu de choses, ce qui ne pas aidé aujourd’hui par le fait que visiblement, le batteur qui était à l’origine de ce projet bloque le peu d’archives qu’il existe sur eux, vu qu’il s’est depuis converti au christianisme et refuse que son nom soit ainsi associé à la ‘musique du diable’ (véridique !). En tout et pour tout, ils n’ont laissé derrière eux que deux démos, enregistrées en 1991 et 1992 au même endroit, Franky’s Recording Kitchen, lieu de villégiature de nombreux groupes de death bataves de l’époque que j’ai eu la chance de visiter et qui, pour l’anecdote, est juste une grande maison au milieu de nulle part adossé à un champ avec des vaches mâchent tranquillement de l’herbe.

Or malgré le fait que son livret en est donc réduit à son essentiel (pas de paroles, pas de bio, trois photos qui se battent en duel et quelques témoignages signés Bob Bachgus ou Eric Daniels), remis dans leur contexte d’origine ces sept morceaux (plus une intro) sont juste mortels. Au point que l’on se demande comment à l’époque aucune maison de disque n’a voulu les signer…

Bien sûr, dans ces (rares) passages plus lents, ce trio (duo sur la première démo) fait un peu penser à ASPHYX. Sauf que l’on patauge ici dans du pur death-metal bien ‘ivôl’. Dénué d’influences doom mais avec par moments une patte thrash cradingue qui fait un peu penser à POSSESSED mais aussi à leurs compatriotes d’ETERNAL SOLSTICE, le tout frappe quand même par sa noirceur et son professionnalisme, bien loin de l’amateurisme qui accompagnait souvent les démos à cette époque là. Et puis surtout, il y a la voix de Loomans qui, en plus de se révéler être un soliste inspiré (« Burdened Sufferance »), avait quelque chose en lui de profondément torturé et intense.

Au milieu toute la série de rééditions lancées par VIC RECORDS, en passe de se spécialiser dans l’exhumation de pépites oubliées de l’underground batave des années 90 (BURIAL, PHLEBOTOMIZED, JUDGEMENT DAY etc.), ‘Anthem of Apostasy’ fait figure de trophée incandescent. Fan d’ASPHYX et de death du début des années 90, tu seras condamné en un caniche avec la coupe de cheveux de Christine Boutin si tu n’achètes pas de suite compris !


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 16/20 | Nb de lectures : 11664