Une bonne torgnole est toujours celle que l’on n’a pas vu arriver. Et là, je viens de m’en prendre une bien belle qui m’a laissé les joues en lambeaux. Je ne l’ai vraiment pas vu venir car si "Ages of Decay" était un premier essai sympathique, il ne laissait en rien présager ce brûlot incandescent dont je goûte encore l’âcre parfum sur mes lèvres noircies.

« Dieu est un fils de pute… Un jour je le tuerai… »

Cet unique sample, tiré du film MR 73, vous plonge inexorablement dans la psychose hallucinatoire d’un personnage qui navigue entre obsession latente et déferlement de haine.
Dès le départ, l’explosion s’annonce terrifiante. Une courte introduction s’amorce en rampant sur une monté de roulements. Déjà, la menace plane et cette dernière va exploser dès le premier titre. Il s’agit d’une véritable avalanche d’hystérie qui va se déverser dans vos oreilles par le biais d’un blast sauvage rehaussé par des riffs carnassiers gorgés d’une urgence démente et d’une basse qui vous bondit à la gorge telle une hyène enragée. Ce démarrage en trombe va s’apaiser sur un mid groovy, un solo déliquescent et un final instrumental effrayant.

On sentira parfois l’odeur nauséabonde d’un cadavre en putréfaction perdu aux confins d’un désert brûlant ou le vertige étourdissant provoqué par une spirale de riffs malsains voire la tristesse poignante d’accords décharnés et de trémolos mourant.

Imaginez la rencontre improbable entre DSO et un Brutal Death groovy comme ce n’est pas permis auxquels vous ajoutez quelques lignes de Southern déviant (le long et lancinant "Of Sulphur And Fire"). Le talent des Niçois est de réussir à adosser l’épaisseur d’un Death quasiment dansant voire sautillant à des accélérations Black hystériques, dissonantes ou mélodiques. Tout s’emboîte naturellement ce qui leur permet de ne pas se contenter de tabasser dans le vent mais de créer de véritables ruptures engendrant de véritables ambiances car malgré cet aspect Death headbangant, une véritable urgence malsaine s’impose à l’écoute de ce disque. On ressent une véritable maîtrise dans les compositions.

Cet aspect achevé et mature se voit aussi dans ce mélange qui instaure une véritable identité même si on voit affleurer les influences qui vont du Black/Death made in Pologne à Morbid Angel tout en passant par un Black quasiment orthodoxe. Mais on est loin du simple plagiat car il y a aussi cette légère touche Southern qui pointe son nez et puis la modernité distillée par ce Brutal Death incroyablement groovy à la croisée d’Immolation et de Dying Fetus (c’est osé mais j’assume !). Le fait est que l’auditeur se voit dans le même temps secoué par une gigue cervicale frénétique, retourné par des trémolos poignants et terrifié par ces explosions folles constituées de riffs psychotiques.

Ces ténèbres n’auraient pas le même effet sans la production adéquate qui se montre puissante et brute de décoffrage. Il faut dire qu’une partie de l’enregistrement fut confié à BST dont on connaît le goût pour les sonorités crues. De plus, l’habillage fut réalisé au studio Sainte-Marthe par Francis Caste, le roi du sur-mesure pour les combos appréciant la sueur, le sang et les larmes. Sinon, on retrouvera BST et INRV de VI en tant qu’invités sur l’excellent titre "An Eternal Descent".

Mais l’inquiétude m’étreint devant cette collection de « tubes » bourrés d’intensité qui vont vous vriller l’estomac et vous nouer la gorge. En effet, c’est si finement achevé que je me demande comment il sera possible de faire mieux les prochaines fois tant l’équilibre entre les différents éléments semblent parfaits.

Ajoutez à cela un digipack à l’artwork somptueux, cette galette s’impose comme un indispensable de cette année. Ne passez pas à côté, vous le regretterez…
Ultime!




Rédigé par : Dark Rabbit | 17,5/20 | Nb de lectures : 17855