Quand vous avez été champion du monde un jour, vous conservez ce titre à vie quoi que vous fassiez après, quelle que soit la suite de votre carrière, les erreurs ou les faux pas que vous puissiez commettre, rien n'effacera le fait que vous êtes champion du monde. Peu importe le fait que vous vendiez des piscines en Bretagne, que vous êtes devenu animateur sportif en ZEP, consultant sur Canal+ ou pire encore adjoint d’un sélectionneur mépriso-arrogant, vous resterez toujours champion du monde.

Ce qui est vrai pour le titre de champion du monde est également vrai dans bien d'autres domaines. Par exemple, comme de nombreuses lectrices de VS, vous avez été élue Miss France. Vous le restez toute votre vie, même si vous n'avez plus de seins, plus de fesses, plus de dents, plus de cerveau (… euh ça on ne vous a vous n’en avez jamais eu et ça tombe bien on ne vous a jamais demandé d'en avoir un)... enfin bref, vous serez toujours Miss France. De la même façon si vous avez été élu Mister Nu à la soirée Infirmière de la boîte "Le Circus" de Vandoeuvre-les-Nancy un soir trop arrosé de septembre 1995 suite à un pari débile, vous le resterez toute votre vie et continuerez de vivre avec cette étrange sensation que tout le monde dans la rue continue de vous dévisager en pensant au moment où vous avez laissé tomber votre calbute ce soir d'automne 1995...

Bref, tout cette belle introduction pour dire que les SuperSuckers se sont très justement autoproclamés comme étant "THE Greatest Rock and Roll Band in the World" en 1999, et que quoi qu'il arrive, ils le sont à vie et le restent toujours et encore aujourd'hui presque 10 ans plus tard. Le précédent album studio du groupe, "Motherfuckers Be Trippin’", sorti en 2003 avait permis à nos pécnos ricains de Tucson-Arizona d'atteindre des sommets, dépassant aisément l'Everest du rock et atteignant un mérité 19/20 sur l'échelle de la "rock'n'roll attitude" cher à notre Johnny national (je fais bien entendu référence ici au fameux Johnny Nounthcak, chanteur des excellents alsaciens les Hellsuckers, "Johnny si tu m'écoutes !").

Les 5 ans d'attente furent un calvaire pour tous les fans des Suckers qui se sont consolés par le biais des 2 albums solo country/bluesy du bassiste/chanteur du groupe Eddie Spaghetti, d'une multitude d'albums et dvds live, d'une collection de titres rares ou inédits ("Devil's Food") et d'un EP ("Paid") sorti en 2006.

"Get it Together" est comme tous les albums trop attendu, il finit par décevoir. Certes, ce fantastique album de 12 titres pour moins de 40 minutes de musique nous offre la chance de vibrer à nouveau avec ces "Champions du monde du Rock'n'roll", mais il ne contient au final que 9 chansons inédites les 3 dernières ayant déjà figurées sur le EP "Paid" sorti en 2006 ... et 9 chansons en 5 ans ... bien ce n’est pas très rentable comme deal non ? Rassurez-vous tout de même, on est pas en face de l'arnaque de l'année avec "Get it together", c'est pas comme si Eddie Spaghetti avait viré les membres du groupe et pris 5 ans à pondre "Chinese Democracy"...

Bref la sensation de se faire avoir s'estompe pour laisser place à l'évidence qui pointe le bout de son nez dès la fin de la première écoute : les Supersuckers ont vieillis et le high energy rock'n'roll fait de vitesse, de guitares véloces et de tapage du pied à rythme élevé laisse souvent place à des chansons plus délicates, simples et subtiles, toujours dans l'esprit "rock'n'roll" mais la grosse patate en moins.

Certains parleront de maturité, d'autre de volonté de s'ouvrir à un public plus large, les derniers diront que "Si tu joues moins vite c'est que t'es trop vieux"... je pense sincèrement qu'une fois le sommet atteint avec "Motherfuckers Be Trippin’" et une fois la bonne musique prêchée sur les routes du monde entier, il y a dû avoir une sensation de grand vide et une envie de ne pas se répéter mais de se faire plaisir qui a dû naître dans l'esprit d'Eddie, Ron "Rontrose" et Dan "Thunder".
Vous ajoutez les années qui passent pour mieux comprendre ce nouveau LP qui recèle tout de même quelques moments bruts et directs ainsi que du pur rock'n'roll jouissif et instinctif comme les Supersuckers nous en avaient gratifié par le passé ("I like it all", "I'm a fucking genious" ou "What it takes"). On découvre aussi plus de ballades mid tempos simples et émotives ("She is leaving", "Sunset of a sunday"), l'intégration d'un titre country avec harmonica et ambiance coin du feu ("Breaking honey's Heart") et des chansons plus rock que rock'n'roll qui passent très bien ("Come along for the ride", " "Someting god for you" ou "Paid").

La déception initiale s’estompe au fur et à mesure que les écoutes se répètent, "Get it together" s’apprivoise avec sagesse et s’apprécie tout autant… et puis après avoir attendu 5 ans, il serait dommage de bouder son plaisir même si l’on sent bien que quelque chose se passe dans le carrière ces Suckers.

Pour conclure, je rappellerai que les SuperSuckers entameront leur tournée européenne le 28 janvier prochain à La Locomotive à Paris, il s'agit indéniablement de la meilleure occasion de voir si les Suckers ont vieillis ou non ?


Rédigé par : VsGreg | 15/20 | Nb de lectures : 11326