J’ai longtemps hésité avant de me lancer dans la rédaction de cette chronique, me doutant d’avance des commentaires acerbes qu’elle ne manquerait pas de susciter si elle était trop enthousiaste. En effet, SUN DESCENDS pratique le thrash à l’ancienne, comme il se faisait dans la première moitié des années 80 outre-atlantique par de jeunes boutonneux chevelus se faisant appeler SLAYER… J’ai donc bien pris soin d’écouter le CD encore et encore afin de déceler cette éventuelle lassitude qui vous indique presque immanquablement qu’un album ne fera pas de vieux décibels dans votre platine. Il en ressort qu’ « Incinerating The Meek » n’a rien perdu de sa fougue un mois après son arrivée chez moi.

Certes, il sonne comme un croisement de « Show No Mercy » et de « Hell Awaits » (SLAYER), vintage des compos à la prod, certes Mem V. Stein (chant) est un clone d’Araya (SLAYER encore), et on pourrait donc reprocher à SUN DESCENDS le sempiternel manque d’originalité. Cependant, si le groupe n’a été formé qu’en 2000, Stein est actif depuis plus de vingt ans avec ses différents projets, sa première démo avec EXUMER (dont SD reprend un titre, « Fallen Saint ») datant de 1985. Après une expérience rap metal à la RAGE AGAINST THE MACHINE de 93 à 98, il a replongé dans le thrash et monté SUN DESCENDS, balayant du même coup vingt ans d’innovations métalliques, un pari plutôt risqué quand on connaît l’intransigeance du public métal actuel. Ce petit rappel historique n’a bien sûr pas pour but de minimiser le manque de personnalité du groupe, mais il déculpabilisera peut-être les plus indécis, qui se diront que finalement, « Incinerating The Meek » est comme un album qui aurait été enregistré en 1984 et dont les bandes n’auraient été retrouvées que récemment…

Au chapitre compos, comme vous l’aurez compris, on a droit à du old-school à l’américaine, cousines germaines des premières speederies de SLAYER avec une pointe de Randy Rampage (ANNIHILATOR) dans les lignes de chant. Rien de neuf donc, mais c’est tout l’intérêt de la chose ; cet album a la patine d’un vieux meuble, l’odeur que prennent les bouquins après quelques années, il est une porte ouverte vers une époque qui a vu la naissance de quelques-unes des plus grandes légendes du métal, et il faut le prendre comme ça. Il ne touchera certainement que les indécrottables thrasheurs, les autres rejetant ses riffs éculés, son chant agressif mais pas assez bourrin (ou hardcore, puisque c’est la mode), et son manque de violence par rapport aux groupes actuels, malgré des tempos toujours très rapides. Mais qu’importe, SUN DESCENDS fait du vieux avec du vieux et se contrefout visiblement de ce que pourront en penser les grincheux. Au moins le groupe ne trompe pas sur la marchandise et n’essaie pas d’appâter le client avec des samples, un chant clair ou tout autre artifice moderne…


Rédigé par : Dungorpat | 14/20 | Nb de lectures : 12466