S’il fallait que je fasse un inventaire de mes défauts, je pense que celui que je mettrais, indiscutablement, dans le peloton de tête serait mon manque de patience. Pourtant j’arrive, grâce à un self-control spectaculaire, à m’enquiller des écoutes à répétitions d’albums moyens, voire même parfois médiocres. Il m’arrive de soupirer, de regarder le nombre de titres restants mais, bon grès mal grès, je tiens toujours le coup.
Si je débute cette chronique ainsi c’est pour bien vous faire comprendre la singularité que constitue cet album des ricains de SUNN O))) car j’ai failli à ma tâche. Oui, j’ai craqué lamentablement avant la fin du troisième et dernier titre. J’ai stoppé mon lecteur pour laisser place à un délicieux silence comme je n’en avais que rarement savouré. Et pour tout vous dire, je n’ai pas l’intention de retenter l’expérience de ce cd prochainement.
Vous vous demandez probablement comment je pourrais être capable de pondre la kro d’un album après l’avoir entendu une seule et unique fois. Il vous faut savoir que la musique de SUNN O))) est tellement minimaliste et hors normes qu’elle peut tout à fait supporter une écoute minimale.
Dans un premier temps j’ai été tenté de vous dire que SUNN O))) jouent du doom. En fait, ce n’est pas tout à fait exact car à côté de « White2 » un album de funeral doom sonnerait comme un disque de bal musette. En fait, le but avoué de SUNN O))) est de jouer (si j’ose dire) une musique de la fréquence la plus basse possible jusqu’à provoquer des effets physiques sur les intestins de l’auditoire. Ce qui reviendrait à dire que SUNN O))) fait de la musique de merde au sens propre du terme.
« White2 » est déjà le cinquième album de ce side-project qui compte en ses rangs Greg Anderson (GOATSNAKE), Steve O’Malley (KHANATE/BURNING WITCH) et Joe Preston (THRONES/ex-MELVINS/ex-EARTH). On retrouve ici trois titres d’une musique venue d’ailleurs, d’une lenteur comateuse, d’une noirceur abyssale. La plus grande partie de cette galette, pour le moins indigeste, est instrumentale à l’exception du dernier morceau « Decay2 (Nihils’ maw) » où l’on entend vaguement une sourde complainte qui se rapproche davantage de borborygmes psalmodiés à la façon d’un moine tibétain, que d’un chant tel que nous le connaissons. Le reste de ce cd, qui dure tout de même plus d’une heure, voit se succéder trois titres dotés de riff unique, de bruitages divers, de rythmiques inexistantes : un vrai recueil d’infrasons. On nage dans les ténèbres d’un mysticisme poussé dans ses derniers retranchements qui fait rapidement tourner l’écoute à la migraine et laisse un goût amer en bouche.
Je veux bien croire que cette musique (si on peut l’appeler ainsi) a un impact physique sur ceux qui l’écoute et je ne dois probablement le salut de mes intestins qu’au volume modéré auquel j’ai passé « White2 ». Impossible de mettre une note à ce disque qui échappe aux normes humaines de la musique. Pourvu qu’ils ne fassent pas un « White3 » et malgré tout, si ce drame arrive, pourvu que je ne le reçoive pas.
Je vous laisse, je vais descendre ce disque à l’endroit qui lui convient le mieux, l’obscurité de ma cave. Je ne voudrais pas qu’il se retrouve sur ma platine par hasard.



Rédigé par : Tonton | mmmmmmmmmmmmmmm/ | Nb de lectures : 11035