Sunburned Circle est le nom de la collaboration entre deux groupes undergrounds à la discographie pléthorique : les Américains de Sunburned Hand Of The Man, collectif à géométrie variable issu de la scène expérimentale de Boston, et les Finlandais de Circle, groupe neo-experimentalo-(ou grenadine plutôt ?)-kraut-hard-rock dont certains membres officient aussi dans Pharaoh Overlord, groupe stoner-psyché « le plus chiant du monde » comme ils aiment à se définir.

Lorsqu’en septembre 2006, alors en tournée européenne, les Américains déboulent dans la pittoresque petite ville de Tampere, ils s’acoquinent avec les 4 locaux de Circle et décident de se lancer dans une session de musique improvisée dont ils enregistrent l’intégralité. « The Blaze Game », c’est le nom de l’album, reprend un tout petit peu plus de 40 minutes de cette session et présente un total de 7 titres dont les noms, tous en finnois (NDLA : la langue du finlandais, l’habitant de la Finlande) tournent autour d’une thématique naturaliste plutôt inhabituelle et rafraîchissante. Dans l’ordre le « super-groupe » nous propose : « Castor », « Sorcier de l’herbe », « La conquête de la montagne », « Epouvantail », « Un élan, un million de chasseurs » (incroyable titre), « Forteresse volante » et pour finir, mon préféré si je devais choisir un nom de totem « Brochet Tueur ».

Mais quid de la musique proposée à proprement parler ? C’est de la musique improvisée, comme signalé précédemment, mais c’est surtout réalisé par un collectif réunissant pas moins de 11 musiciens… Musiciens usant et abusant de basses, batteries, percussions diverses et variées, synthétiseurs, guitares, effets d’ambiance et électroniques, cor (de chasse), saxophone, et voix dans une orgie sonore puisant essentiellement dans les musiques free (jazz, folk, rock, noise et j’en passe) et psychédéliques (créées sous substances, pour être écoutées dans les mêmes conditions).

Les 3 premiers morceaux s’enchaînent, avec une rupture plus marquée entre « Castor » et « Le sorcier de la montagne ». Plutôt jazzy, le premier « part » au bout de 5 minutes sous l’impulsion d’un motif de guitare, puis suit un « Sorcier de l’herbe » (pas celle qu’on fume, contrairement à ce qu’on pourrait penser), nettement chaotique avec en particulier quelques voix de sorcières dignes du style nordique de référence, qui finit par se stabiliser un peu en laissant intervenir un chœur de voix plus claires puis le saxophone. Le morceau se prolonge sur « La conquête de la montagne » sans réellement muter de manière flagrante. « Epouvantail » se construit sur une base rythmique basse batterie très Circle-ienne, sur laquelle se greffent d’autres instruments de manière diffuse ou plus appuyée. Si la fonction principale du personnage est de faire fuir les oiseaux, le morceau s’avère plutôt envoutant et hypnotique. « Yksi hirvi, miljoona matsästäjää » enchaîne, et se montre assez excellent à tous points de vue (Un élan, un million de chasseurs !!! ça, c’est du lourd !!!). Le point d’orgue du disque est un titre épique plus que sympathique, et en tout cas nettement plus abordable dans sa dynamique que le reste de l’album. Les deux derniers morceaux s'enchaînent eux aussi à la manière des trois premiers pour boucler cet enregistrement atypique qui vaut plus pour son originalité que pour ses qualités musicales à proprement parler : même si de bons moments sont à noter, on pourra lui reprocher son manque d'épure et de vraie ligne conductrice. L'intérêt essentiel de ce disque résidant finalement dans le caractère exceptionnel de l'association de ces figures de l'underground. Les amateurs du Tarentel post-Neurot Recordings, ou du duo sax-batterie Flaherty-Corsano (ce même Chris Corsano avec qui Michael Flower, membre de SHOTM a monté un projet) devraient y trouver leur bonheur.

A noter, un extrait d’un 8° titre en cadeau bonus : 45 secondes plus rock que les 40 minutes passées, en forme de teaser (mais pourquoi ?) sans grand intérêt.


Rédigé par : NicoSata | 11/20 | Nb de lectures : 9652