Qu'ouis-je? Ne serait-ce point un flûtiau sauvage? Mais ces sonorités percussives? Ces nappes de synthé épiques? Je n'ose y croire! Serait-ce?? Oui!! Summoning est de retour! Gloire aux fiers guerriers du Mordor!

Certains groupes ont réussi à se forger une identité sonore (parfois visuelle) immédiatement identifiable, une signature inscrite en filigrane (ou avec du gros sel) dans leur musique. Summoning fait indéniablement partie de ces entités reconnaissables en dix secondes montre en main, tant le duo autrichien reste fidèle à ses principes. Et c'est cette fidélité qui a engendré une horde de fans suivant ses foulées impérieuses. Bon, j'exagère un peu pour la horde mais ça reste dans l'esprit épique, tout ça... Et le temps commençait à s'écouler longuement depuis "Let Mortal Heroes Sing Your Fame". Et hormis le très mini "Lost Tales" en 2003, point d'album depuis 5 ans.

Si vous ne connaissez pas ce groupe (bouh), préparez-vous à plonger dans la BO d'un film d'heroic fantasy, à être immergé dans les méandres sombres et inquiétants du monde de JRR Tolkien, où pullulent les gobelins et autres bêtes à peau verte. Sur sa dernière époque, Summoning base son black ambiant sur un synthé épique à fond les ballons qui répète des mélodies sur un pattern de percussions. Et là-dessus, les voix de corbeau pestiféré de Protector et Silenius croassent leurs textes à tendance Tolkiénites (dont "Mirdautas Vras" en langage du Mordor) ou usent de voix claires bassement murmurées. Les thèmes musicaux sont diaboliques de simplicité et leurs variations et circonvolutions tout au long de la durée des morceaux portent l'auditeur ailleurs, loin là-bas. Ambiance garantie, à condition d'adhérer à ce type de composition un peu "cheap".

Pour ceux qui connaissent Summoning, bah c'est du Summoning dernier âge comme on l'attendait. J'irai même jusqu'à dire une bonne cuvée, pur jus, mais avec aucune nuance avec le précédent album. Je suis encore une fois soulagé que la voix féminine de "Stronghold" ne soit pas de la partie. Les sept titres (plus une intro) s'étalant entre huit et dix minutes, avec une montée à presque 13 minutes pour la conclusion "Land of the Dead" (excellent, au passage). Je reste traumatisé par l'intro de l'album "Bauglir" et son thème au pipeau qui est riveté dans mon cortex depuis plusieurs jours maintenant. "Across the streaming Tide" est un titre excellent et grandiose. Les guitares et les claviers se font plus légers sur "Might and Glory" tout en conservant une atmosphère inquiétante, plus impérieuses sur "Midautas Vras" pour imprimer une magnificence pompeuse et une dimension guerrière (raah les cornes des orques appelant à l'assaut). Une fois le tempo lancé par le premier riff, point d'accélération, point de blast (surtout pas), dans ces longs mid-tempos. Là, n'est pas le propos de Summoning. "Belriand" oppose une flûte mélodieuse à une voix aboyée. "Northward" amène sur le devant de la scène un piano qui se mêle aux ondulations de la guitare dans un morceau plus posé qui monte en puissance sur le final.

Summoning, ça se sifflote à toute heure de la journée. Ca se rêve la nuit, les thèmes glorieux servant de bande-son à un combat onirique filmé au ralenti. Allez, si je chipote un peu, je peux trouver un ou deux défauts. Le croassement en rythme du corbeau de "Might and Glory" est peut-être de trop dans la régularité de ses interventions. Le texte en langage du Mordor de "Mirdautas Vras" tient peut-être plutôt de l'anecdote. Mais le plaisir est bien là de retrouver un Summoning qui n'a pas changé d'un iota. Certaines choses se doivent de rester immuables, comme les statues de granit des portes de l'Argonath. Summoning traverse les âges en préservant son style. Le duo mène toujours bien sa barque, jouant sur le même panel sonore pour apporter à l'auditeur ce qu'il attend, sans vraiment d'évolution mais toujours avec efficacité. Les détracteurs des autrichiens ne trouveront rien de neuf ni de notable dans cette livraison. Les autres, déjà séduits, ne peuvent qu'apprécier un album qui ne prend aucun risque. La note révèle dans quel camp je me place pour partir au combat.


Rédigé par : Prince de Lu | 16,5/20 | Nb de lectures : 25426