SULPHUR - Thorns in Existence (Indie/Season of Mist) - 16/07/2010 @ 09h27
Bergen… Si écrire ce mot pouvait susciter l’émoi il y a quelques années, il faut bien avouer que cette charmante citée norvégienne a perdu de son aura. Sulphur nous arrive donc de Bergen avec leur deuxième essai après un premier opus de black/death brutal assez prometteur chez Osmose. La plupart des oiseaux de malheur ont traîné leurs guêtres dans tout un tas de combos et notamment Vulture Industries qui s’avéraient assez intéressant dans un genre avant-gardiste.

Je ne sais pas si l'énoncé qui précède y est pour quelque chose mais il semble que nos Norvégiens aient eu la volonté de secouer leur black/death briseur d’esgourdes. La victime décidant de pénétrer ce massif épineux va rapidement s’apercevoir que le groupe a décidé de créer une véritable ambiance et de bousculer sa matière musicale.

Ca commence dès l’intro par le sample d’une vieille rengaine issue d’un film d’horreur désuet. Cette mise en bouche se voit ponctuée par un râle et finit par se voiler de gros riffs secondés par une rythmique marteau-piqueur. Le premier véritable titre se pare lui aussi de riffs rythmiques, complexes et hachés. Serait-ce du math black/death ? Avec ces attaques tranchantes comme une lame d’acier quasiment indus, le rendu est glacial et mécanique malgré un break avec clavier assez progressif, un solo plutôt classique et quelque miettes de groove rock’n’roll.

Impossible de ne pas penser à Abigor, Sulphur expose la même propension à asséner des accords à la fois tordus et techniques. Excepté que les Norvégiens puisent leurs riffs dans un répertoire death et thrash relativement classique. Avec cet empilement de passages fondés sur les rythmiques, on est plus très loin d’un thrash/death moderne à la mode scandinave.
A l’inverse d’Abigor et ce en dépit d’une certaine progressivité, le structures s’articulent classiquement et moins comme un schizophrène en pleine crise de paranoïa aiguë.

Cela n’empêche pas nos Norvégiens de dérouter l’auditeur lors de ruptures aventureuses. Ainsi, le visage acéré des guitares penche parfois vers le death technique qui emprunte aussi bien au prog et au jazz. Par ailleurs, certains titres se révèlent quand même iconoclastes. « Luna Noctiluca » alterne arpèges tristes, refrains accrocheurs, un mélange de blasts et de cordes et surtout un break avec ces chœurs envoyant une ligne mélodique prog psychédélique venu tout droit des seventies ! Dans un autre genre, « The Purifying Flame » nous balade entre blasts et riffs ultra saccadés possédant un véritable groove qui du coup sonnent très metal/indus et si je vous dis qu’on a la surprise de voir débouler un break en voix claire nimbé d’une atmosphère de déchéance qui a fait naître une analogie étonnante dans mon esprit malade. Oui, à chaque écoute, ce morceau m’a rappelé « The Beautiful People » de Manson… je sais, je sais…
Sinon, histoire de rassurer le panda de passage, vous aurez quand même le droit à quelques passages typiquement black et empreint d’une dose de classicisme.

La prod retranscrit parfaitement la démarche musicale combinant l’aspect technique et la froideur. La batterie pilonne comme une machine à coudre et les guitares comme un morceau de titane. Le rendu est quasiment industriel !

Au final, je n’ai jamais vraiment réussi à pénétrer l’usine. Alors qu’Abigor, tel des kamikazes, vont jusqu’au bout de leur chaos afin de nous annihiler au sein d’un univers unique, Sulphur s’arrête en chemin. Après des premières écoutes enthousiastes, je ne pouvais que constater le manque d’inspiration de tous ces riffs a priori épatants. A chaque nouvelle exploration d’un opus d’Abigor, je redécouvre complètement l’univers. Le non-choix entre l’efficacité et la folie absolue retient prisonnier les épines existentielles dans un clinquant artificiel avec l’impression tenace que nos Vikings se sont forcés à frayer avec cette orientation plus audacieuse, en découle un manque de sincérité, de cœur !
Certes, ça tabasse dans le genre brutal technique mais je n’y vois qu’une démonstration un peu creuse. L’album fait son effet, à ce titre le dernier morceau dégage une atmosphère réellement prenante, mais malheureusement ce dernier risque fort de rester rangé dans son boîtier un fois le tour du propriétaire achevé.

Une belle réalisation, hélas livrée sans âme.

http://www.sulphur.no/ - 217 visite(s)

True Father of Lies - 138 téléchargements


Rédigé par : Dark Rabbit | 12,5/20 | Nb de lectures : 12376




Auteur
Commentaire
Alain
Membre enregistré
Posté le: 16/07/2010 à 10h14 - (85399)
Je l'ai trouvé excellent, bien mieux que le premier

Zebrowsky
Membre enregistré
Posté le: 16/07/2010 à 16h47 - (85422)
de dérouter (dsl, ça pique)

DARK RABBIT
Membre enregistré
Posté le: 16/07/2010 à 16h54 - (85424)
Merki Zebrowsky

J'avais raté ça !! merdoum

Sinon, je persiste :
C'est bien fichu mais pas extatique.

Jacques Capelovici
IP:93.0.221.126
Invité
Posté le: 16/07/2010 à 21h56 - (85436)
extatique se rapporte plutot à un état, une vision ou une personne qui serait en extase, pas vraiment à un album aussi bien fichu soit-il...
en définitive, "ça ne provoque pas l'extase" mais c'est plus difficilement "extatique"

Paul
IP:66.45.240.66
Invité
Posté le: 17/07/2010 à 15h18 - (85449)
Le Petit Monsieur emploie des mots dont il ne connait même pas le sens et il vient critiquer un album dantesque. Ridicule.

DARK RABBIT
Membre enregistré
Posté le: 19/07/2010 à 12h16 - (85476)
@ Jacques Capelovici
Je ne me suis pas trompé.
Cet album n'est pas habité.


Jacques Capelovici
IP:93.0.221.126
Invité
Posté le: 19/07/2010 à 21h41 - (85483)
@ dark lapin: je faisais exclusivement référence à l'emploi du mot "extatique", nullement à la qualité de l'album

Monceau
Membre enregistré
Posté le: 19/07/2010 à 22h41 - (85484)
Moi aussi j'utilise souvent le dictionnaire de l'internaute mais il suffit de regarder un dictionnaire plus complet pour trouver cela :
"extatique - Qui cause un vif transport comparé à l'extase"

Bande de tanche, vous maitrisez le français - Lapin le domine ;)

xXx
IP:67.55.100.196
Invité
Posté le: 20/07/2010 à 08h11 - (85488)
Non désolé Monceau mais le lapin tout comme toi n'avez rien compris. L'explication de Jacques je la confirme et je suis plus que bien placé pour.

DARK RABBIT
Membre enregistré
Posté le: 20/07/2010 à 09h17 - (85491)
Pour finir avec ce débat "intéressant" je cite :

Qui cause un vif transport comparé à l'extase.

Favori d'Apollon, dont la voix extatique Anime les ressorts d'une âme frénétique, DESMARETS, Visionnaires, I, 4.

Je ne dirai point combien mon coeur alors Sentit, par son amour, d'extatiques transports, TH. CORN. Berger extrav. I, 2.

Le Littré.

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