- Petite devinette : qu'est-ce qui ressemble au moins autant aux trois premiers albums de Suidakra que le quatrième album de Suidakra ?
- Le cinquième album de Suidakra ?
- Ah, je crois qu'on tient une piste, là.
Effectivement, copier-coller la même recette ad infinitum (ad nauseam en ce qui me concerne) semble le credo de ces Teutons pur-jus, mais comment le leur reprocher lorsque le style de base porte à lui seul une promesse d'immobilisme pour plusieurs siècles ? A-t-on vu Manowar évoluer - sorti de quelques menues nuances épidermiques que les fans s'empressent de tourner en catastrophe planétaire ? Non... De la même façon on ne verra jamais Suidakra évoluer d'un pouce, c'est une certitude. Outre-Rhin où, c'est bien connu, le bon goût est aussi rare que la saucisse est charnue, plus la bière nouvelle à le même goût que l'année d'avant, plus on la siffle avec entrain. Et il en va de même pour la musique, pour autant que s'applique la métaphore. Ne croyez pas pour autant que ce " Emprise to Avalon " est aussi indigeste qu'un wienerschnitzel-mayonnaise et aussi fade que la pisse d'une Oktoberfest bavaroise ! J'essaye seulement d'exprimer que le fait d'avoir sauté le fossé entre Last Episode et Century Media ne semble pas avoir posé à Suidakra un quelconque cas de conscience quant à la teneur de ce qu'il leur fallait livrer à leur nouvel employeur. Mais qui va s'en plaindre après tout ? Suidakra est né aux alentours de 1997 avec la vague en vogue des groupes qui ont pensé qu'accomoder un metal bien accessible à une sauce médiévale/viking aussi lisse et onctueuse qu'un fromage blanc était la clé du coffre à royalties. En ces temps là on a vu ainsi fleurir bon nombre de prétendants plus ou moins jumeaux, en Scandinavie (Einherjer, Thyrfing, Windir, Mithotyn...) mais aussi en Allemagne, donc (Adorned Brood, Cryptic Carnage...). Force est de constater que personne n'aura vraiment cassé la baraque et que les rares à être toujours debout ont une forte tendance à radoter et à lasser - excepté peut-être Windir qui a eu le bon sens de forcer la dose de black metal, de faire appel à des instruments traditionnels authentiques... et de ne pas sortir trop d'albums. Où en sont Suidakra dans tout ça ? Eh bien, fidèles au poste, mon capitaine ! Ils ont même le vent dans le dos après avoir largement gonflé leur contingent de fans sur le territoire germanique grâce au très applaudi " The Arcanum ", ce qui les a conduits à rejoindre les rangs de l'armada Century Media. Pour fêter ça ils nous ressortent le même album, en ayant seulement pris soin d'en mélanger un peu les pièces. Les fidèles du genre auront peu de chances d'être déçus. Ils retrouveront, comme sur les quatre albums précédents, leur heavy-melodeath pas trop égratigné par les idiosyncrasies, et cette conception bien arrêtée et plus-cliché-tu-meurs de comment doit sonner un air moyenâgeux - si vous ne voyez pas ce que je veux dire par là, louez donc la vidéo des " Charlots Mousquetaires " pour la panoplie intégrale. En gros une musique festive bien en place sur ses appuis et ses acquis, calibrée pour les concerts de "Hail!" et les soirées picole autour du feu, mais qui rivalise avec le bombyx apivore et la navette Challenger dans le grand livre de l'éphémère. Au milieu erre la faiblesse de toujours du groupe, des vocaux qui balancent entre le hurlé uniforme et un mauvais chant clair, heureusement soumis aux boins soins d'une production de classe Classen pour bien estampiller le tout de l'étiquette " produit comestible ". Pour la nouveauté, prière de se référer aux quelques chutes de synthé qui se baladent de-ci de-là comme des limaces dans la laitues, spéculent sur une dramaturgie de roman-photo et ne font qu'exhiber le retard que Suidakra devra combler pour rattrapper les groupes rôdés en matière de symphonique - à moins qu'ils aient la bonne idée de laisser tomber l'affaire. J'ose à peine imaginer à quoi ressemble une après-midi au local de répétition : " - Euh, bon on fait quoi les gars ? (bruit de bières qui s'entrechoquent)
- Ben, tu te rappelles la rythmique de " Dragonbreed " sur " The Arcanum " ?
- Ah ouais ! Tatatatataaaa tatata tatatataaaaa, schön ! (déglutition polyphonique)
- Ben, on a qu'à la reprendre, changer deux notes et la place du chant clair et on appelle ça " Pendragon's Fall " ! Et puis tant qu'on y est on remet exactement les mêmes chœurs à deux pfennig sur la chanson d'après qu'on appellera " The Highking " !
- 'Tain, t'es pas con toi... (rot retentissant)
- He ! Qu'est-ce que tu crois, on n'écoute pas Running Wild toute son adolescence sans en prendre de la graine quelque part !
- On va chercher une nouvelle caisse de bière ?
- Chiche... "Le Moyen-Âge n'est plus ce qu'il était...


Rédigé par : Uriel | 13/20 | Nb de lectures : 6673