Qui a dit que le Métal tournait en rond ? Comme souvent quand on commence à croire qu’on a tout dit dans style, v’là-t-y pas que quelques formations plus aventureuses ou moins frigides que les autres se mettent à flirter, et comme souvent également, cela se termine en grosse orgie de décibels, de beuglements et de mauvais traitements sur d’innocents instruments. Ce n’est pas la première fois que Hardcore et Métal montent au front ensemble, mais récemment une nouvelle mouvance a vu le jour, centrée sur l’agression avant tout.

SUICIDE SILENCE fait partie de ce mouvement pour qui brutal death, hardcore, deathcore, voire thrash ne sont que des variations sur un même thème : FAIRE MAL, TAPER FORT et CASSER DES DENTS. Qu’on aime ou pas, on est obligé d’admettre qu’en terme d’agressivité, les Californiens se posent là. Le EP éponyme sorti il y a un peu plus de deux ans chez 3rd Degree et récemment réédité avait déjà mis la puce à l’oreille des plus attentifs et « The Cleansing », premier album du quintet, n’est donc pas une réelle surprise mais plus la prolongation du lynchage entamé sur le mini. La prod a ainsi pris du poids, devenant plus métal sous l’influence de Tue Madsen au mixage (ABORTED, DARK TRANQUILLITY) et perdant ce grain pourtant si sympathique qu’elle avait. L’artwork de Dave Mc Kean (FEAR FACTORY, TESTAMENT) concourt également à rapprocher SUICIDE SILENCE de la sphère métal même si en pratique les morceaux sont toujours aussi bordéliques en apparence et passent allègrement d’un mosh hardcore à un blast brutal death.

Il faut en effet être très en forme pour se carrer « The Cleansing » d’une traite : les changements de rythmes et de styles sont incessants, les hurlements bestiaux du chanteur Mitch Lucker finissent par être insupportables (heureusement, ses growls sont, eux, beaucoup plus convaincants), et l’importance donnée aux rythmiques pures au détriment des riffs conduisent à un rendu monolithique. Ce n’est pas seulement quelques pavés que SUICIDE SILENCE vous balancera sur la tronche, mais un mur entier ! On a vite fait d’abandonner tout espoir d’analyse structurelle pour se concentrer sur l’incroyable puissance dégagée par le groupe qui, quoi qu’il fasse (blast, gros lourd, mosh) donne l’impression d’être constamment en surrégime, mû par une espèce de haine primaire totale.

Dans la meute d’enragés formée par les DESPISED ICON, THE RED CHORD, WINDS OF PLAGUE et autres BORN OF OSIRIS, SUICIDE SILENCE et assurément l’un des plus extrêmes et également l’un des plus hermétiques. A tel point qu’on atteint relativement rapidement les limites d’une telle obsession dans l’ultra violence et que « The Cleansing », passé l’effet de surprise initial, devient rapidement monotone à trop chercher à bastonner pour bastonner. La violence est là, mais le plaisir n’y est pas, comme il peut l’être, dans un autre genre où la surenchère est inévitable et presque nécessaire, chez un WAKING THE CADAVER par exemple.


Rédigé par : Dungorpat | 11/20 | Nb de lectures : 12683