SUICIDAL TENDENCIES à toujours fait partie de mes combos préférés. Ils étaient parmi les rares groupes internationaux à nous rendre visite très régulièrement à Toulouse et ils nous livraient, en plus de leurs wagons de hits, des prestations fracassantes et particulièrement énergiques.
Je n'ai jamais trop su si c'était leur coté très urbain, leurs mariages stylistiques avant gardiste où la personnalité singulière de Mike Muir, mais Suicidal était, est, et je pense restera, un groupe à part.
Mais depuis l'époque où le groupe déflorait nos vierges oreilles, de l'eau à coulé sous les ponts.
Où en est SUICIDAL aujourd'hui ?
Que reste il du groupe qui à pu écrire "Pledge your allegiance" et "Subliminal" ?
Mike Clark partit, Muir est aujourd'hui le dernier membre "culte" de SUICIDAL encore dans le groupe. Est ce que cela suffit à faire perdurer l'esprit du combo ? Réponse avec "13".

Comme je ne fais pas de chronique de SUICIDAL tous les jours, j'ai ressortis tous les albums que j'avais (et à peu de choses prés, je les ai tous) histoire de me remémorer tous les bons souvenirs musicaux que ma mémoire de poisson rouge aurait pu me faire oublier.
Cette petite expérience m'a rappelé combien le groupe avait pu et su faire le grand écart entre son skate punk des débuts, son gros metal Hardcore, sa phase progressive aventureuse et bien sur son Funk violent et groovy.
Je sais pas pour vous, mais même si j'aime tout ce qu'ils ont fait, j'ai une préférence marquée pour certains albums. Du coup, si vous êtes un amateur de la période Skate punk ou Gros metal, vous risquez de moins aimer cet album, stylistiquement parlant. D'un autre coté, SUICIDAL à toujours été capable de convaincre sur des terrains difficile dés lors qu'il était inspiré...et c'est peut être ce qui cloche un peu sur "13".

Cette nouvelle mouture de S.T semble encore un peu "jeune" dans son approche de la composition qui a peut être encore besoin d'être "affinée" et de murir.
Certains morceaux sont super réussi et sur ces derniers, le groupe à vraiment capturé quelque chose de très sympa.
Ils y démontrent un dynamisme important et assènent par moments des passages lourds et sombres, plutôt inhabituel pour eux. Hélas, l'effet de surprise finit par tourner court et rapidement, le groupe se met en pilotage automatique...
Même s'ils passent pas mal, "This ain't a Celebration" ou "Cyco Style" sont loin, très loin à mon gout des tueries que sont "War inside my head" ou " Possessed to skate".
Du coup, presque une moitié de l'album est en dessous des titres que je trouve les plus fédérateurs.
Pourtant, il n"y a pas que du mauvais sur cet album...car dés lors que le S.T "nouvelle formule" sort des sentiers battus, il propose des chansons vraiment intéressantes.
La groovy et inspiré " God Only Knows Who I Am" s'inscrit dans cette lignée de morceaux créatifs tout comme "Make you stand" où le très efficace "Who's affraid ?" On trouve même à la fin avec "This World" un morceau épique, émouvant et trippant comme à la bonne époque...il faut, hélas, attendre la toute fin.

SUICIDAL TENDENCIES est désormais un groupe qui jongle avec son glorieux passé et ses aspirations nouvelles. Il est certain qu'avec un tel Crew de musiciens, l'envie d'essayer pleins de nouvelles choses doit vraiment être forte.
Bon, vous savez que le poumon rythmique derrière les futs est désormais le monstre de technique Eric Moore, colossal cogneur au style aussi complexe que visuellement spectaculaire. Quand on à son niveau, je pense pas qu'on tremble de peur devant le répertoire de SUICIDAL...mais son jeu particulier colle peut être mieux à mon gout à INFECTIOUS GROOVES ("To my last Breath" par exemple aurait pu être un morceau de INFECTIOUS).
Lorsque j'ai vu Moore en live jouer "You can't Birng Me down" en essayant de respecter la partition originale, je l'ai un peu senti en retenue. Ses délires et breaks de ouf étaient moins présents.
Brooks Wakerman par exemple, s'il pouvait jouer à merveille du INFECTIOUS, avait aussi ce Feeling punk direct et hyper rentre dedans qui lui permettait d’insuffler l'énergie nécessaire aux vieux brulots de S.T. Il avait ce talent de pouvoir "filer droit" tout en ayant une technique de malade. Aussi fort qu'il soit, Eric Moore n'est pas dans cette même dimension et du coup, S.T brille plus dés lors qu'ils jouent des morceaux plus groovy, plus complexe et moins agressif.
Mais ne me faites cependant dire ce que je n'ai pas dit : Eric Moore reste un tueur à la batterie et un musicien créatif.

En plus de cette nouvelle physionomie rythmique, il y a aussi Mike Clark qui n'est plus de la partie. Dés le départ, on s'aperçoit que le riffing de Nico Santora, si il n'est pas dénué d'intérêt (loin s'en faut), est assez éloigné des riffs "coup de massue" de son prédécesseur. Moins riche en palm muting et moins metal dans le son, l’approche de Santora à certainement fait aussi beaucoup dans la singularité de cet album. Les rythmiques sont à la fois plus aérées mais aussi plus sombres et sourdes. Dean Pleasants se lâche carrément pour sa part puisqu'il à droit de très nombreuses plages où il peut jouer ses solos et le bassiste Steve Brunner à le bon gout de mettre son talent au service du groove.
Muir, comme je l'ai dit plus haut, fait ce qu'il à toujours fait avec le brio qui le caractérise, même si on note à des moments quelques montées plus poussives.

Au final, il est bien là ce nouvel album et il fait plaisir...mais sans plus. De mon point de vue de vieux fan, les gadjos ont encore besoin de temps pour construire un style correspondant a ses musiciens actuels. Si sur scène le groupe est toujours une machine de guerre, ce "13" n'est pas l'album que j'attendais. Pas désagréable pour un sou, mais pas génial. Et SUICIDAL pour moi c'est pas juste un groupe agréable. A la prochaine fois les mecs et à très vite sur scène.


Rédigé par : Pamalach | 12/20 | Nb de lectures : 16724