Après un album come-back barométrique visiblement conçu pour jauger la pertinence de leur retour plutôt que de reprendre les rênes de la scène brutal death US, SUFFOCATION revient à la charge deux ans plus tard avec un album sobrement éponyme doté d’un artwork tout aussi dépouillé signé Jon Zig. Deux indices qui laissent à penser, avant même la première écoute, que le groupe de Long Island amorce avec ce cinquième disque un virage décisif de sa carrière.

Et ce sentiment se retrouve conforté au fil des écoutes qui suivent. Si « Souls To Deny » nous avait satisfait sans assouvir notre envie de retrouver SUFFO à son plein potentiel, cette nouvelle offensive change définitivement la donne car, bien conscient de pouvoir faire encore mieux, notre quintet s’est visiblement foulé pour accoucher d’un « véritable » album de SUFFOCATION.

Pas facile de retrouver une certaine fraîcheur lorsqu’on donne dans le brutal death monolithique et c’est d’autant plus difficile lorsque l’on est l’un des instigateurs du genre. Pourtant « Suffocation » incarne définitivement une sorte de second souffle qui ravive les flammes des premiers albums. On saluera l’excellent travail sur les compos qui rend cet opus, à la fois terriblement brutal sans être difficile à appréhender dans toute sa dimension.
Articulée autour des six cordes, la musique de SUFFOCATION délivre à nouveau ses blasts fulgurants, ses breaks puissants et ses trames savamment concoctées. On se retrouve béat devant les riffs assassins et les solis solidement ficelés du duo Hobbs/Marchais tandis que l’inimitable Mullen y va de son grognement monocorde.

Mais ce qui apporte définitivement un plus dans ce nouveau disque, c’est l’excellent travail qui a été réalisé sur la production de la bête. L’enregistrement et le mixage qui ont été réalisés au Full Force Studio de Long Island donnent à « Suffocation » une patate monstrueuse alliant clarté et puissance. En fait c’est tellement bien équilibré qu’on déchiffre pleinement les arcanes de cet album à commencer par les lignes de basse de Derek Boyer de même que les roulements et le travail des cymbales de Mike Smith.

Et si on en croit l’engouement que suscite ce disque avant même sa sortie (le nouveau morceau « Misconceived » mis en avant-première sur la page myspace du groupe a été écouté plus de 7000 fois en moins de 24 heures), il semblerait que le futur s’annonce radieux pour SUFFOCATION. Sauf peut-être en France, vu que le groupe n’a pas trouvé la moindre opportunité de date lors de son dernier passage européen cet été. Cela voudrait-il dire qu’il n’y a pas de public pour ce genre de groupes dans l’hexagone ? Y’a des jours comme ça où je regretterais presque de ne pas être né belge ou allemand.

Une majorité considérait que l’apogée de SUFFOCATION était derrière lui mais avec des disques matures comme celui-ci on se dit que le meilleur est peut-être à venir.


Rédigé par : Tonton | 16,5/20 | Nb de lectures : 16358