Mais comment font-ils ? Comment expliquer la palanqué de groupes teutons tous plus vindicatifs les uns que les autres, que nous découvrons chaque année. Digne représentant de cette école allemande ayant renié son bulletin de naissance, SUFFOCATE BASTARD n’a de germain que les origines. C’est du côté d’une scène américaine ultra brutale et monstrueusement technique que cet aimable quintet est allé puiser l’inspiration et plus particulièrement dans les déflagrations signées GORGASM, DISGORGE ou encore DEEDS OF FLESH.

A tel point que « Acts of contemporary violence » contient tout ce qui peut se faire de plus radical en matière de brutal death. Et vas-y que je te désarticule à qui mieux mieux les phrases musicales. Et vas-y que je te désosse les rythmiques. Et vas-y que je brise les tempos tous les trois accords. Là-dessus, on balance des harmoniques à foison et on obtient une galette terriblement déstructurée. On ressort de l’écoute un peu hébété, chancelant, on n’a pas tout compris et on se demande par quels moyens mnémotechniques les zicos ont réussi à mémoriser des plans aussi finement concassés.

Du coup, on s’obstine, on replonge dans le magma abscons des quinze plages de ce premier album. On écoute, on réécoute, on essaye de disséquer tant bien que mal la monstruosité du propos. En vain… SUFFOCATE BASTARD nous a concocté un album tellement extrême qu’il en devient presque abstrait et qu’on n’arrive pas à en retenir quoi que se soit, si ce n’est que c’est vraiment jusqu’au-boutiste au point d’en être presque indigeste.

Nos Teutons auraient-ils perché la barre trop haut ? Que nenni chers petits amis du grouiiik sous acide, SUFFOCATE BASTARD ça joue, ça cogne. Bien sûr on pourra reprocher l’élitisme technique d’un groupe comme celui-ci qui sera sans doute plus apprécié à sa juste valeur par les musiciens amateurs de ce genre de boucherie. On pourra également mettre en avant le fait que la plupart des titres partent un peu dans tous les sens sans qu’on comprenne exactement où le groupe veut en venir. Enfin, on ne manquera pas de souligner les tares d’un chanteur qui s’obstine à nous pousser des grognements d’arrière-gorge sans desserrer les dents. Un exercice périlleux presque parodique qui devient vite irritant au fil des morceaux. C’est bien dommage car cette faille tire un peu « Acts of contemporary Violence » vers le bas mais je ne doute pas qu’un disque comme celui-ci ne manquera pas de bomber les braguettes de certains aficionados en mal de sensation forte. Pour les autres ça sera à petite dose et avec un décodeur.


Rédigé par : Tonton | 13/20 | Nb de lectures : 10328