Je ne vous cache pas que je n'ai pas vraiment sauté de joie quand mon dévoué facteur m'a déposé ce nouveau disque des teutons de Subway to Sally dans ma boîte aux lettres. J'ai même été tenté de tendre d'abord la main vers le bulletin paroissial qui se trouvait juste au dessus, c'est tout dire. Le précédent "Engelskrieger" m'avait plutôt ennuyé et j'ai, depuis sa kronik, dû subir ce groupe à trois reprises en concert, au hasard de festivals divers. A croire qu'ils font sciemment la démarche de me suivre pour me faire chier. Vilains allemands.
Ce n'est en tout cas pas avec cet album que STS va changer de style. De moins en moins médieval avec le temps, ils font tout de même l'effort de garder des instruments traditionnels qu'ils ajoutent avec une relative parcimonie à un métal mélodique que d'aucuns jugeront conventionnel et typiquement allemand. Les vocaux, clairs, mélodieux et un peu trop chargés en trémolos sont la particularité, bonne ou mauvaise suivant les oreilles, qui permettra de reconnaître le groupe entre mille. Si "Engelskrieger" n'avait pas vraiment réussi l'amalgame entre métal et instruments annexes, un peu comme une mayonnaise qui ne prend pas, la recette semble plus aboutie cette fois-ci. Les arrangements ont été soignés et on trouve quelques refrains vraiment accrocheurs sur "Nord nord ost". Je comprends donc mieux la liesse phénoménale entrevue de loin au M'Era Luna 2005 et l'accueil dythirambique réservé par le public germanique ce jour là.
Le premier single "Sieben" avait donné le temps en insufflant pas mal de dynamisme pop dans la musique à l'instar des efforts passés comme "Falscher Heiland" ou "Henkersbraut". Ce titre n'est pourtant pas le meilleur, loin de là. J'ai eu un vrai faible pour l'excellent "SchneeKönigin" et son riff agréablement pesant et l'entraînant "Feuerland" qui va faire bondir les foules. Si les deux ballades de circonstance "Feurkind" ou "Seemanslied" se laissent écouter sans déplaisir, on pourra en dire autant des autres morceaux qui représentent un bon cru de STS, à l'exception peut-être d'un "S.O.S." anecdotique ou d'un "Eisblumen"qui pourrait être le titre lent de trop de cette réalisation. D'ailleurs je trouve l'album plutôt court pour le style et les dix titres, en otant une intro et un instrumental sans intérêt, ne durent au total que 42 petites minutes.
Ce disque montre donc que, malgré quelques défauts, STS a peut-être pour la première fois dépassé ses compatriotes de In Extremo en terme de qualité et de renommée, le déclin terrifiant de ces derniers y étant également pour beaucoup. "Nord nord ost" a été particulièrement soigné dans sa conception, les arrangements ont fait l'objet d'une attention particulière et il est clair que le squattage dans le haut des charts allemands est assuré avec cette petite galette bien sympa. S'il est évident que "Nord nord ost" ne mérite pas les éloges bien exagérées des médias d'outre-rhin, je reconnais que des progrès ont été réalisés et que pas mal de morceaux pourront même plaire aux nombreux germano-réticents qui nous lisent. Cet album m'a fait changer d'avis sur STS, c'est déjà un exploit en soi.


Rédigé par : Loufi | 14/20 | Nb de lectures : 12817