Saviez-vous que d’étranges formes de vie prolifèrent dans les sous-bassement de nos cités ? Les gens qui ont vu C.H.U.D le savent, les égouts recèlent d’horribles créatures. Mais pour faire entendre sa haine de l’humain en général et du chrétien en particulier, il faut bien sortir de son trou de temps en temps. C’est ainsi que nos blackeux tchèques armés de leurs bottes en caoutchouc reviennent avec leur cinquième crachat hérétique.
Pour ceux qui découvriraient, le groupe propose un concept assez singulier basé sur l’existence dans les égouts et le port de bottes de pêcheur.
Mais revenons à la musique de nos marins sous-terrains.

A vous, je peux bien vous le dire mais cette galette a manqué de peu de se prendre une note aussi basse que le caniveau. Par la faute d’une batterie cataclysmique, l’écoute s’est avérée pénible. Mais quelle idée d’avoir rajouté un effet conférant un son de bidon percé d’un tambour du Bronx égaré. Je subodore qu’ils pensaient que cela ferait plus « evil » mais cela finit par agacer mes pauvres oreilles meurtries. Heureusement, le bruit ne revient pas à chaque titre mais suffisamment pour vous obséder. Mis à part ça, le reste de la prod maison est parfaitement honorable. On entend même la basse !

De toute évidence, vivre dans les égouts rend nerveux car les gueux nous proposent trois quarts d’heure de virulence. Allègrement, nos satanistes sous-terrains alternent blasts thrashys constitués de trémolos mélodiques aussi haineux que parfois mélancoliques et des mid tempos rock’n’roll qui vous faire sautiller dans les flaques des eaux usées.

On navigue entre un black suédois à la Marduk et des passages typiques de la scène de l’Est que l’on peut qualifier de païens. Cela n’est guère étonnant puisque le chef des éboueurs participe aussi un groupe de païens plutôt sympathique nommé Trollech. Pour illustrer le côté Marduk, on citera le cinquième titre avec son début tonitruant punk blasté qui va nous rappeler l’attaque de tanks des Suédois. Pour compenser, le morceau suivant est un modèle Pagan typique des pays de l’Est.

Histoire de mettre un peu d’originalité à cet ensemble déjà varié, les démons bottés insèrent quelques breaks assez déconcertants. Hormis les ralentissements menaçants d’usage, ils n’hésitent pas à nous balancer un passage limite prog jazz rock et un autre où la basse et la batterie viennent soutenir les chuchotements du chanteur.

Malheureusement, ce n’est pas encore pour cette fois que nos Tchèques vont s’extraire de leur statut de série B (comme C.H.U.D en fait !). D’abord, il y a le problème de batterie que j’ai déjà évoqué. Ensuite, le constat est que certaines eaux sont plus usées que d’autres car même si on sent un style particulier dans certains riffs, il est difficile de passer outre un sentiment de déjà vu. De plus, ils ont la vilaine tendance à étirer certains titres un peu inutilement.
Il reste que cette galette possède l’atout majeur de déployer ce feeling particulier aux productions de l’Est. La voix arrachée et l’accent particulier ont le don de propulser l’ensemble dans une dimension haineuse à souhait. De même, le groove païen caractéristique est le meilleur moyen de voyager. Il est probable que certains titres vont vous vriller le crâne comme il se doit.
Certes, le skeud est sympathique et fera passer un bon moment aux amateurs de musique du diable mais guère plus.
Avec un marché complètement saturé, il en faut vraiment plus pour nous arracher de notre torpeur.
Ce n’est pas encore aujourd’hui que je vais aller m’installer dans les égouts tchèques.
Et puis, faute de goût impardonnable, il n’y a pas de reprise d’"A la pêche aux moules" !


Rédigé par : Dark Rabbit | 12,5/20 | Nb de lectures : 10899