Sous cette entité au nom étrange se cache en réalité Cornelius von Jackhelin, musicien plus connu pour son implication dans le délirant Solefald. Dans la presse française récente, on peut lire que notre homme veut mettre de côté les expérimentations propres à Solefald pour pratiquer un black agressif, plus axé sur les années qui ont forgé la gloire norvégienne. Le programme est alléchant. Il est d'autant plus alléchant que l'artwork fait référence à une bouteille de bière (il sait me parler, le Cornelius). Passons donc à la dégustation.

Je préfère le préciser tout de suite, les amateurs de black les moins ouverts seront probablement déçus à l'écoute de cette galette. En effet, Sturmgeist est à peu près aussi agressif que le "Nexus Polaris" de Covenant, ce qui n'est pas une référence absolue de brutalité. Je suis même assez surpris que cet argument "violent" soit tellement mis en avant dans les interviews, alors que Sturmgeist a visiblement bien d'autres émotions à offrir. En tout cas, le projet est bien plus direct (et forcément plus accessible) que ne peut l'être Solefald. Par rapport à ce dernier, le nombre de riffs est déjà beaucoup plus limité et tout est bien plus posé. Les compositions proposent un mix entre des rythmiques heavy/thrash assez lourdes et des sonorités plus électroniques. Seuls quelques passages sont rapides mais l'album ne perd pas en intensité pour autant (j'adore le très dynamique "Shock & Awe"). Notre homme n'a pas besoin d'une vitesse d'exécution élevée pour ficeler un titre intéressant.

En fait, la musique de Sturmgeist garde un côté assez électro et avant-gardiste (je ne dis pas "expérimental" ou je vais recevoir des colis piégés de Norvège. De toute façon, ce ne serait pas vrai). Les structures sont globalement variées et n'ennuient pas, grâce aux sonorités de l'instrumentation. Le chant clair, tout aussi impeccable que dans Solefald, prend des accents qui vont de "La Masquerade Infernale" d'Arcturus au chant parlé à la manière de Mortiis. La voix saturée (à la limite du non-agressif) se marie bien au chant clair, scandant tous deux des textes en allemand. Ce "r" roulé caractéristique me fait d'ailleurs immédiatement penser à Rammstein, surtout si on y ajoute la froideur de la production qui rappelle la "martialité" de cet autre groupe teuton. C'est d'ailleurs cette martialité qui ressort le plus des titres et jamais une ambiance malsaine, haineuse caractéristique d'un groupe de black. N'étant pas germanophone, le côté black éventuellement présent dans les textes m'a peut-être échappé mais, niveau musical, Sturmgeist ne finira pas sur une affiche avec Darkthrone ou 1349 (même s'ils tournent avec Carpathian Forest début 2005).

Une fois la réalisation impeccable ajoutée et quelques guests saupoudrés (membres de Borknagar, Die Apokalyptischen Reiter, Diabolic), le résultat est un bon album de métal tendance électro, assez riche en sonorités, que saura apprécier une bonne frange des métalleux. Sans être transcendé, j'écoute avec plaisir "Meister Mephisto", même si mes convictions personnelles ne m'auraient peut-être pas fait acheter la bête (m'enfin, je suis un beumeuh moi). Un album qui n'atteint pas les objectifs annoncés mais un bon album tout de même.


Rédigé par : Prince de Lu | 13/20 | Nb de lectures : 9931