Vous devez vous en douter, avec un patronyme fleurant aussi bon la choucroute et la bavaroise aux cuisseaux accueuillants, Sturch ne nous provient pas de Papouasie. Les deux seules caractéristiques valables (avec la bière et The Ocean) de nos amis d'outre-Rhin se retrouvent également dans ce "Beauty, anger and agression", puisqu'on y retrouve ce côté doux et rude à la fois propre aux blondes à tresses et à grosses joues, mais aussi ce côté indigeste comme une overdose de sauerkraut.

C'est la première sortie de ces Hambourgeois, qui évoluent dans un rock/metal alternatif pas foncièrement mauvais mais trop... lisez jusqu'à la fin, ou allez écouter un titre sur leur myspace, vous comprendrez mieux. Musicalement, on reste dans un créneau rock/metal assez porté sur les mélodies, le problème étant que ces dernières sont relativement convenues. Les plans à gros riffs sont quand même bien plus marquants, le titre "I Enemy" en est une bonne illustration et est peut-être la meilleure piste de la galette. C'est d'ailleurs la seule chanson qui a totalement échappée aux points noirs du disque. Ceci explique cela...

Le gros point fort de l'album se situe vocalement parlant. La grosse majorité de ce "Beauty, Anger and Agression" est chantée en voix claire. Mais une voix claire pas mal foutue du tout, au timbre très proche de celui de Maynard James Keenan from Tool, qui coule tout seul dans l'oreille. Chant relevé de temps en temps par backing vocals (à moins que ce soit le même chanteur, et dans ce cas je lui tire mon haut-de-forme) hurlés qui sautent à la gorge, pas mauvais.

Et donc la partie plus indigeste est dûe à ce mélange d'influences pas toujours judicieux, voire parfois très maladroit. Genre "Hey regardez les gars on a du chant clair mais on est pas des patineurs artistiques, on peut foutre de la double ou des gros growls d'un plan à l'autre !". Comme sur "Back on my own", chanson plutôt mélodique au demeurant, mais vers la fin, les hurlements hardcores suivis de growls très bas à la Nile n'ont pas choqué le cardiaque que je ne suis pas mais presque. Je pige pas tout, j'ai comme l'impression qu'ils ont pas réussi à se mettre d'accord sur une ligne de conduite musicale et que du coup, quand ils composent, ils se démerdent pour caller des plans qui n'ont rien à voir, juste histoire de faire plaisir à chaque membre. Impression confirmée par leurs influs, où l'on trouve pêle-mêle, en plus des groupes que j'ai déja cité, 30 Seconds To Mars, Obituary, Raging Speedhorn, Amen, et Saint Vitus. Oui, doit y avoir un souci de cohésion. Surtout que juste à côté, on trouve la ballade sentimentalo-gnan gnan "Teamlove" avec son clip moisi fait de photos de fleurs et de paysages. Immondément dégoulinant, Frank Mickaël n'aurait pas fait mieux, leurs compatriotes de Scorpions non plus.

Là où j'ai le plus de mal au final, c'est ce côté, pas édulcoloré, loin de là, mais beaucoup trop clean, clinique. La production est puissante mais annihile tout le feeling du groupe de par sa clarté. Je citerai Fuzati du Klub Des Loosers (bouh, rap, pas bien) qui, dans une interview, parlait de la musique de Vincent Delerm dans ces termes : "C'est comme quand tu pètes et que ça sent rien." J'aimais bien la version André Manoukian à la Nouvelle Star (ça par contre, je l'ai vu au Zapping, 'faut pas déconner): Ca sent trop le savon et pas assez la foufoune..." C'est ici totalement le cas, tout est trop maîtrisé, trop pro pour dégager quelque chose, de l'émotion par exemple, c'est con parce que c'est ce que le chanteur essaye de faire tout du long...


Rédigé par : Crown_me | 11.5/20 | Nb de lectures : 10479