Peu de groupes peuvent se targuer d’avoir inventé un style. Avec Divided By (2011), les canadiens de STRUCTURES avaient en quelque sorte créé le « Deathcore à roulettes », mélange improbable de Djent/Deathcore crunchy et de passages mélodiques sucrés dignes de SUM 41. Un album globalement mal branlé et passablement insupportable qui avait pourtant réservé quelques bons trucs, comme les puissants "At Las[t]" et "Encounter…", du Deathcore first class au milieu de morceaux plus classiques et d’horreurs sans nom. Il était clair que cette invention de genre était une abomination de la nature et que l’expérience ne devait pas être renouvelée. A l’écoute du single "Extinction" on pensait que STRUC/TURES (pour les intimes) allait poursuivre dans cette très mauvaise voie, mais leur second album Life Through A Window est finalement une satisfaction, et j’en suis le premier surpris.

STRUCTURES a donc changé en bien, ce qui est déjà dû aux évolutions du line-up. Les canadiens évoluent désormais en trio, le chanteur Nick Xourafas ayant mis les voiles. Brendon Padjasek, guitariste de son état, reprend le micro, et le registre vocal va s’en retrouver considérablement modifié : exit les growls (dommage) et le chant clair de blondinet (qui se retrouve juste sur "Extinction" et en backings sur le morceau-titre), place à un unique chant crié. Ce n’est pourtant pas là que STRUCTURES va marquer des points car ce chant en mode « ado en période de mue à qui on a planqué les manettes de XBox et changé la clé WEP du Wifi » n’est guère plus supportable que les vocalises hurlées de Divided By. Bon on finit par s’y faire sur la durée mais c’est encore un point rébarbatif à mettre au discrédit du désormais trio canadien. Le plus intéressant dans Life Through A Window c’est que STRUCTURES a laissé ses machins à roulettes au placard pour se recentrer sur un Djent/Metalcore (bien moins Deathcore que leurs débuts) plus rentre-dedans donc plus efficace, dans la lignée des meilleurs morceaux de Divided By comme "Encounter…". Il subsiste encore des passages plus mélodiques mais dans l’ensemble, STRUCTURES nous livre un Djent bien plus lourd et percutant qu’il n’y paraît. C’est là que se situe la surprise de Life Through A Window.

STRUCTURES pratique un Djent/Metalcore contrasté, entre gros riffs/breakdowns basiques et passages nettement plus foufous particulièrement entraînants, un peu comme du VOLUMES en plus barré surtout quand les mélodies sont à l’honneur. Avec bien sûr un son bien fat, qui cependant est toujours un chouïa trop saturé même si l’on n’atteint pas les exagérations de Divided By qui étaient du genre à causer des fissures dans les membranes des baffles. Life Through A Window démarre fort avec une sacrée triplette d’entrée : "Buried" est groovy à souhait avec des breakdowns qui cognent dur, "Nothing to Lose" en fout partout de manière jouissive (l’on sent planer l’ombre de PERIPHERY), "The Worst of Both Worlds" est un bon gros hit in-your-face et montre STRUCTURES à son meilleur niveau. "My Conscience" et "Broken Telephone" poursuivent le plaisir avec des gros breakdowns de derrière-les-fagots et les premières apparitions de mélodies. Mélodies que nous retrouverons en force pour la seconde partie de l’album logiquement un peu moins rentre-dedans, même si au milieu on retrouve l’autre tube de Life Through A Window : l’énormissime "Requiem". "Extinction", seul vestige du Deathcore à roulettes de Divided By, est à oublier au plus vite. Du reste, "Alien" est classique mais non moins efficace, et la triplette de fin "Earth Gazing" - "Follower" - "Life Through A Window" est coolos mais on préfèrera quand le groupe envoie le bois, c’est-à-dire la première triplette et les quelques morceaux croustillants à trouver dans cet opus de 40 minutes.

Ni trop basique, ni trop technique, STRUCTURES fait très grossièrement le grand pont entre EMMURE et PERIPHERY. Les canadiens ont appris de leurs énormes fautes de goût de Divided By et nous livrent avec Life Through A Window un très bon album de Djent/Metalcore. Il reste quelques taches à nettoyer, un morceau nullissime comme "Extinction" dénote avec la furie du reste et le chant reste à améliorer, avec quelques bons growls Deathcore cet album aurait pu être excellent en tous points. STRUCTURES n’est pas le groupe de Djent le plus original, mais avec Life Through A Window il se retrouve quelque part dans le haut du panier, et sa présence chez Sumerian reste gage d’un minimum de qualité (on est pas chez Victory ici). Percutant et accrocheur, Life Through A Window est donc (tout du moins pour ma part) une des surprises Djent de l’année, en attendant le prochain album de MONUMENTS qui devrait passer à un autre niveau grâce à Chris Barretto (et si on pouvait aussi avoir le droit à un nouvel EVER FORTHRIGHT…). Oubliez les skates et les casquettes et passez à la 7 ou 8-cordes, voilà un peu le message passé au travers de la fenêtre de STRUC/TURES.




Rédigé par : ZeSnake | 15/20 | Nb de lectures : 13332