La scène hardcore est souvent soumise à la raillerie, se tape parfois une sale réputation et il faut bien avouer que, par moments, elle tend le bâton pour se faire frapper. Elle charrie aussi tout un tas de clichés, certains sont vrais, d’autres pas. Pourtant la scène hardcore mérite qu’on se batte pour elle et qu’on la défende. Car chez nous, on est toujours là pour la famille, les potes et ceux qu’on aime. Maintenant qui aime bien, châtie bien et si on suit cet adage ancestrale, les gars de STRIKE BACK doivent l’aimer plus que n’importe qui cette scène, vu le regard critique, lucide et sans concession qu’ils y portent par l’entremise de « Still Holding On ». La scène a changé, c’est vrai. Ils l’ont remarqué et le font savoir. Haut, fort et bien.

Parce que pour se permettre de critiquer une chose qu’on connaît, faut être capable d’assumer derrière. Et tant éthiquement que musicalement STRIKE BACK tient la route. Fort d’un hardcore fortement teinté de NYHC mais avec cette petite touche française, ils ont de quoi soutenir la comparaison avec n’importe quel groupe du style. L’album regorge de brûlots plus incisifs les uns que les autres. « Still Holding On » est court, 10 titres, mais ne comporte pas de déchets, pas de gras, que du muscle. Bien enrobé d’un groove vicelard. T’as envie de te bastonner dans le pit et de danser le zouk en même temps. Les poings serrés et le sourire aux lèvres. Les bons titres se succèdent à la vitesse grand V sans que jamais une trace d’ennui ne pointe le bout de son nez. « Soldiers At War », « I Still Believe », « Time Are Changing »,… autant de tubes en puissance. Les riffs, en apparence simple, typés 100% hardcore pur jus sont bien soutenus par une basse galopante qui rappelle Sick Of It All. C’est le cas sur l’intro de « Fuck Your Scene ». Derrière ça tu balances des chœurs de hooligans en colère placés juste là où il faut et l’effet est garanti.

C’est toujours bien de voir un groupe jouer « juste » du hardcore sans additifs metalliques. Surtout quand on porte un regard sans concessions sur sa propre scène. Les textes du groupe pointent du doigt les dysfonctionnements d’une scène en pleine évolution et pas toujours pour le mieux comme en témoignent les textes, très justes ceci dit, de « Times Are Changing » ou « Newbie In This Game » par exemple. Constat sans appel d’une scène hardcore qui a du mal à se renouveler et à retrouver ses valeurs d’antan. Mais ce ne sont pas là les seuls thèmes abordés par le groupe. On retrouve aussi les traditionnels messages hardcore et une petite touche de straight edgisme parce qu’il est toujours de bon de rappeler que la drogue c’est pour les loosers. Musicalement, STRIKE BACK envoie le pâté de soja dans le genre « hardcore de vieux briscards ». On peut les classer, même s’ils ne sont pas tout à fait de la même génération, aux côtés de groupes comme les Seekers Of The Truth, Right 4 Life. On pense aussi à Onesta pour la grosse influence new-yorkaise. Mais outre ces influences évidentes, les banlieusards parviennent à se forger leur propre son et leur propre identité, grâce à une production nickel et un chant qui l’est tout autant. Clair et hargneux. Avec cet album STRIKE BACK est prêt à en découdre et à montrer aux petits jeunes qu’ils sont toujours « in da game ». L’album comme le groupe mérite le respect.


Rédigé par : Seb On Fire | 15/20 | Nb de lectures : 13175